Je sais pas si ça a sa place ici (à déplacer sinon).
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PSG, les jugements de Salomon
Rencontre avec Bruno Salomon, Monsieur PSG de Radio France
Il nous reçoit au calme, dans une salle de réunion qui jouxte son bureau, dans l’open space des locaux de France Bleu 107.1, au milieu de ce grand dédale qu’est la maison de la radio. Si son visage est peu connu du grand public, Bruno Salomon est LE Spécialiste du PSG de Radio France. Et les auditeurs de France Bleu amateurs de ballon rond connaissent bien ses « goooooal !! » légendaires qu’il crie de façon si caractéristique à chaque but du club Parisien. Des commentaires hyper-enthousiastes qui lui valent régulièrement les honneurs des revues de presse télé, (notamment de Telefoot, ou de La Nouvelle Edition, sur Canal +, qui diffusait il y a quelques semaines encore ses cris extatiques après un but de Zlatan Ibrahimovic) qui repassent en boucle les extraits où Bruno se massacre les cordes vocales avec le sourire.
Chaque Lundi et chaque Vendredi, il anime l’émission « Tribune PSG », où, entouré d’un panel éclectique de journalistes de la presse écrite, il passe l’actu du club Parisien à la loupe. Les mercredis, place à tribune 100% Ducrocq, l’émission qu’il co-anime avec Pierre Ducrocq et Gregory Paisley, anciens joueurs parisiens reconvertis avec succès en consultants. Trois fois par semaine donc, Bruno Salomon apporte une alternative aux talks gueulards et souvent démago des radios concurrentes (suivez notre regard). Autour d’un café, cet expert du PSG revient sur son parcours déjà riche.
Difficile d’y croire au vu de sa barbe, son jean et ses grosses baskets qui le rajeunissent de dix ans facile, mais Bruno Salomon est né à Grenoble il ya déjà 37 ans. Elève discret, « avec un gros poil dans la main », de son propre aveu : « Je n’aimais pas l’école, j’étais l’élève effacé du fond de classe, celui qui lisait l’Equipe ou des Stephen King au dernier rang ».
Le déclic Djorkaeff
Sa vocation ? Elle lui vient en écoutant Bruno Cadene, journaliste sportif spécialisé en hockey de Radio France Isère. « On me demande souvent si j’ai grandi en écoutant des mecs comme Saccomano, et bien pas du tout ! Mon modèle à moi, c’était Bruno Cadene. A partir de là, plus qu’une vocation, c’est devenu une idée fixe. Je voulais faire de la radio, et rien d’autre. Alors je faisais des essais en m’enregistrant sur des cassettes audio. Je présentais une météo imaginaire seul dans ma chambre, je commentais les matchs de foot qui passaient à la télé, en coupant le son»
Le foot ? Il y joue de temps en temps « J’étais gardien de but. Très mauvais » lâche-t-il avec un sourire.
Fervent supporter de Grenoble (il l’est encore aujourd’hui) Le jeune Bruno tanne son père pour aller voir des matchs de 4ème division, lui qui n’aime que la Formule 1. Le déclic avec le PSG ? Il se produira lorsqu’un grenoblois futur Champion du Monde, Youri Djorkaeff, signera à Paris. « C’est comme ca que j’ai commencé à m’intéresser au club. Ensuite, George Weah est devenu mon attaquant préféré » commente-t-il.
En 3ème, la sanction tombe : Orienté en BEP, il se destine à un bac pro puis à un BTS de vente. Vient le fameux stage de troisième ; avec l’aide de son père, qui s’occupe de la communication de la SNCF, Bruno dégote un stage à France 3 Alpes.
« J’arrive pour mon premier jour : Grève générale, pendant trois jours. Mon obsession à moi, c’était toujours Radio France Isère. Alors pour sauver mon stage, ils m’ont toléré. En passant les portes de Radio France, j’ai eu une révélation totale, à 14 ans seulement. Alors tu imagines bien que retourner en BEP ensuite, alors que j’avais touché du doigt ce que j’avais toujours voulu faire, forcément, c’était dur. Du coup, après ca, chaque année, j’ai fait le pied de grue à Radio France Isère, en demandant une pige, un stage, n’importe quoi ! »
Et ca marche. Une fois son bac pro en poche, à la radio, Bruno fait une rencontre décisive : Catherine Charvet, à l’epoque rédactrice en chef.
« Elle m’a proposé de me prendre au standard. Je devais récupérer les résultats des matchs. Ils ont fait la connerie d’entrouvrir une porte, du coup je ne suis plus jamais parti ! » dit-il en riant.
Sauvé par un OM-Grenoble
Peu à peu, en observant, il découvre comment se font les montages, les reportages. En parallèle il vend des rollers chez Décathlon, et se consacre à son autre passion, le rock. Il organise des concerts avec un pote. Bruno est aussi DJ dans une boite de Grenoble, le scotch club, un club rock « 3 salles trois ambiances »…
Un vendredi, son destin de journaliste l’appelle. Le journaliste chargé du foot a un empêchement, on a besoin de lui en dernière minute, pour commenter OM-Grenoble.
« Mais attention, la réserve de l’OM », tempère Bruno d’un ton sarcastique. « J’avais un séminaire d’entreprise déprimant chez Décathlon, j’étais sensé passer « responsable rayon ». J’ai planté sans états d’âmes ! On a pris ma vieille bagnole Ax, j’ai appelé mes deux meilleurs potes d’enfance, Mat et Nico. L’un d’eux était ivre mort à l’arrière. Y avait Hamada Jambay, qui venait voir ses potes de la réserve avec ses deux pitbulls sans muselière…Je me suis installé, j’ai fait que des conneries pendant mon direct. Ca finit à 1 partout et mes potes me faisaient des signes avec leurs pouces pour me dire si j étais bon. »
« Ensuite ca s’est enchainé. J’ai commenté du foot et du rugby régulièrement. Je ne faisais que des conneries, je disais à chaque fois « tout à fait », façon « Tout à fait Thierry », ou encore « à vous les studios » ! J’ai eu la chance que Catherine Charvet adore les profils atypiques, pas forcement sortis d’écoles de journalisme. Les parcours comme le mien, ca n’existe plus, faut pas se voiler la face. Elle m’a formé de A à Z, je lui dois tout. A Radio France, il y a quelques années, il y avait même un rédac chef qui avait une formation de menuisier, cet esprit là se perd peu à peu…Après, les choses ont changé, Cavada est arrivé à Radio France, et il a mis en place un système où on n’engageait plus que des journalistes diplômés, à bac + 3 ou +4 ».
«On commente un match pour les gens qui ne peuvent pas se payer canal ou Bien sport»
Bruno est définitivement intégré à Radio France à 24 ans, à Amiens. Après deux ans dans le Périgord, il s’installe à Paris, en 2007. Il est depuis chargé de suivre le Paris Saint Germain. On note chez Bruno Salomon une conception très noble de son travail de journaliste sportif du service public :
« Pour moi, radio France, c est un vrai service, on commente un match pour les gens qui ne peuvent pas se payer canal ou Bein sport. Pour regarder Le championnat ou la champions league, il faut forcement payer. Alors le streaming explose, forcément, et nous on essaye d’apporter un éclairage, un vrai plus. «
« Le PSG, c’est un cirque médiatique. On est parfois 30 ou 40 débarqués sur un déplacement. Franchement, l’ambiance générale n’est pas trop mauvaise. Mais quand j ai commencé là dedans, les choses étaient beaucoup plus tendues. Il faut savoir que le Paris Saint Germain a toujours eu une forme de schizophrénie dans son rapport à la presse. A une époque, ils avaient besoin des médias tout en les détestant, l’ambiance était crispée, personne ne se parlait. Je suis resté plusieurs mois à l’écart, à observer cet étrange ballet à distance, en retrait. Avec un journaliste du courrier des Yvelines avec qui j’avais sympathisé, j’observais cette atmosphère très spéciale avant d’y plonger tête la première. J'ai suivi des clubs de CFA, de nationale, ligue 2, des trucs où il y a encore de l’humain. J’ai atterri dans une grosse machine, c’était un grand écart énorme. Avec les clubs de CFA, il t’arrive d’aller en boite avec les joueurs pour fêter une montée, et de ramener le capitaine complètement beurré chez lui au petit matin, c’est bon enfant, sans enjeux. Alors qu’au PSG, tu vois vite la différence : si tu bosses à Canal, au Parisien ou à L'Equipe, tu es en tête. Ya la première classe, la seconde, et…le low cost »
«Quand on te voit parler avec un joueur, tu prends soudain de l’importance»
Le premier à remarquer l’attitude en retrait de Bruno Salomon dans la faune des journalistes sportifs, c’est Mickael Landreau :
« Il mangeait une banane, je m’en souviens. Il m’a dit « Toi, je t’ai observé, tu n’es pas comme les autres». Lui aussi avait été biberonné à France bleu Loire océan, car il est de Nantes. On a sympathisé, et ce qui est drôle, c est que quand on te voit parler avec un joueur, tu prends soudain de l’importance. »
Au-delà de sa passion pour le ballon rond, on sent chez Bruno une réelle tendresse pour le club Parisien celui d’hier et d’aujourd’hui, à l’heure même où le foot business et les milliards des Qatariens ont donné au PSG une autre dimension.
« Je me suis peu à peu pris d’affection pour le bordel ambiant qui régnait au PSG jusqu’en 2010, avant l’arrivée des Qatariens. Il y avait un coté foutraque, assez roots. Alors oui, on est une radio partisane, et je trouve ça enrichissant. J’ai décidé de partager ca avec les auditeurs. Même si on n’a pas encore beaucoup de temps pour les faire intervenir à l’antenne. Sur RMC, leur concept c’est la polémique, le clash ; nous, on essaye d’apporter un service, de décortiquer, d’être pros, tout sauf gueuler pour faire du buzz. Bon après, les radios te font aussi croire que ca pète au standard tous les soirs, alors que tout le monde a son carnet avec des coordonnées de bons clients chopés sur les réseaux sociaux… »
« Nous, on a un panel très large, ca va de l’ado de 16 ans qui prend ses premiers kiffs à entendre des commentaires partisans, a Majid, mon pharmacien ! (rires) Finalement, si je devais faire un comparatif entre le PSG et moi, c'est que le Paris Saint Germain est comme moi : c’est un peu un ado attardé, qui fait enfin sa mue ».
Source :
http://www.bakchich.info/sport/2013/11/29/...e-salomon-62928