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Une vague de répression des supporters sévit aujourd’hui à Nice. Lumière sur les différents aspects d’une problématique qui fait l’actu du monde ultra.
On les voit loués pour leur ferveur, leur faculté à enflammer un stade. Leurs chants, leurs animations suscitent régulièrement l’admiration. Seulement, la tendance n’est pas stable. En témoigne le simple mot « Ultra », en ce moment escorté des termes « IDS », « procédure ». Ou encore « condamnation ferme ».
Ils sont à l’heure actuelle plus de quatre vingtaines de Niçois concernés par le titre « Interdit De Stade ». Et si les sanctions paraissent s’intensifier actuellement, les altercations à Cuneo avec les Génois, début août, n’y sont probablement pas étrangères. Membre de la BSN, Renaud apporte cependant une nuance : « Si les médias l’occultent, il ne faut pas oublier que ce sont les Italiens qui étaient casqués et armés. Si préméditation il y a, elle n’était certainement pas du côté où on veut bien le dire… » Les supporters sont formels : aucun « fight » n’était planifié.
La résonance des tribunes laisse échapper des doutes quant aux proportions des sanctions. A leur justification, aussi. L’une d’entre elles résiderait en de simples consignes : « Celles du ministère de l’Intérieur à l’ensemble des préfectures de France. Une exigence de chiffre, une demande de sanction », regrettent les tifosi. Selon Dimitri, pilier de la Brigade, « être sanctionné quand on est pris sur le fait, c’est normal. Mais quand on voit qu’à Cuneo, une fille qui accompagnait son copain au stade pour la première fois a reçu un avertissement, c’est discutable… »
Pour la réception de Rennes, le 16 août, les Ultras du Ray arboraient ainsi banderoles en soutien à leur ami « injustement incarcéré ». Un Niçois condamné à six mois de prison ferme, accusé d’avoir jeté un projectile sur une voiture stéphanoise qui se rendait à Geoffroy-Guichard, blessant légèrement un passager (une ITT de moins de 5 jours). « Aucun fait concret n’a été vérifié, reprend Renaud. Le concernant, les forces de l’ordre ont simplement fait référence à un passé agité ». Son appartenance à la BSN exacte, jamais le jeune homme n’avait été condamné auparavant. Sollicité par le groupe après le périple stéphanois, Me Donnantuoni estime « qu’objectivement, la sanction est sévère. D’autant plus pour un novice au casier judiciaire vierge ».
Sursis pour l’un, ferme pour l’autre
Le même soir, un supporter stéphanois voulant s’en prendre aux Niçois jetait des pierres aux forces de l’ordre. Arrêté immédiatement, il a également écopé de six mois… avec sursis. Bénéficiant d’une circonstance atténuante : ses problèmes avec l’alcool… « Selon que vous serez niçois ou supporter d’une autre équipe, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir », entend-on émettre certains, reprenant la fable de La Fontaine ("Les Animaux malades de la peste").
Alors que les Ultras stéphanois ont témoigné leur soutien au prisonnier via banderole, autre supporter vient d’être sanctionné d’un an d’interdiction de stade, pour allumage de fumigène lors du Nice-Marseille du 13 mai dernier. « C’est de l’hypocrisie, dénonce Renaud. Alors que la Ligue vend son championnat avec des photos de fumigènes, elle les condamne. A l’image des médias qui font les Unes de leurs journaux avec des clichés d’ambiances pour ensuite les blâmer… » Des faits que ne contredit pas l’avocat, reprenant même un cliché du vainqueur du Vendée Globe, torches entre les mains à l’arrivée. Un montage comparant la joie du navigateur et la tribune enflammée qui fait actuellement le tour du Net.
« Le début d’un long combat »
« Ce que je ne comprend pas, c’est que du jour au lendemain, l’utilisation des fumigènes a été bannie, regrette Renaud. Ce qu’ils veulent, c’est que tu viennes en tribunes, que tu achètes ton pop-corn, que tu t’asseyes et regardes ton match gentiment. Ils veulent des amateurs du produit football ».
Me Donnantuoni : « Cuneo a marqué le début de toute une série d’IDS. Aujourd’hui, on remet en cause le déroulement de Nice-Marseille. Un curieux hasard… » Le derby avait été marqué par une bagarre en populaire mêlant cinq Niçois. Et s’il n’y a eu ni plainte, ni victime, quatre des cinq individus ont écopé de deux mois de prison avec sursis.
Le 29 août dernier, la rencontre opposant Nice à Montpellier était perturbée par l’évacuation de la tribune visiteurs en raison de trois bombes agricoles ayant explosé sur la pelouse. Une mesure que Dimitri juge « scandaleuse. Evacuer toute une tribune alors qu’au maximum, trois supporters ont lancé une bombe, ce n’est pas normal pour le père et son fiston qui ont fait le déplacement ». Un Ultra montpelliérain se trouve actuellement en détention provisoire, dans l’attente de son jugement, le 28 septembre.
Nice s’apprête à recevoir Monaco, le 19, pour un derby à l’arôme probablement particulier. La partie démarrera alors que la tribune populaire sera vide, en signe de contestation. La suite du mouvement est en cours de réflexion. « Nous en sommes au début d’un long combat, affirme Dimitri. On ne lâchera pas l’affaire tant que les sanctions abusives perdureront ».
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