Lequipe change de formule :
Citation
L’arrivée de l’Equipe 21 sur la TNT gratuite et le succès du site d’information sportive l’Equipe.fr ont logiquement entraîné dans leur sillage une réflexion sur la politique éditoriale du vaisseau amiral du groupe : le journal l’Equipe, seul support payant de la marque. Bilan de la réflexion : une nouvelle formule que vous découvrirez demain matin pour un quotidien qui, de l’avis même de son directeur de rédaction, Fabrice Jouhaud, « n’avait pas vraiment bougé depuis plus de dix ans« . Et on ne parle pas que du format.
Sans employer le terme de révolution – seul le changement de format en serait une -, c’est à un vrai lifting sur la forme et le contenu auquel il faut vous attendre. Et comme En Pleine Lucarne vous chouchoute, nous avons eu le privilège de nous faire présenter ce nouveau journal l’Equipe, en avant-première, par son directeur de la rédaction personne, Fabrice Jouhaud. A quoi vous attendre ? Quelques révélations sur les premières maquettes et l’état d’esprit qui les a dictées.
« Avant, il y a encore dix ans, explique Fabrice Jouhaud, l’Equipe rythmait l’actualité sportive car il n’y avait pas de concurrence. Nous étions les meilleurs danseurs, car nous étions les seuls danseurs. On parlait d’un journalisme de chaire, c’est-à-dire qui distillait une information de manière verticale. Aujourd’hui ce côté descendant ne fonctionne plus car tout a changé ; Internet ou les chaînes de télé ont bouleversé la notion de temps et la notion de hiérarchie de l’information. A nous de redéfinir ce qu’est l’information. Il faut que l’on se mette à la place des lecteurs, savoir où ils ont l’info, ce qu’ils ont eu et lu avant de nous acheter et leur donner ce qu’ils n’ont pas encore lu. »
« Il faut donc se demander si, après un match, le lecteur veut-il acheter l’Equipe le lendemain pour qu’on lui dise : « le match a fait 0-0, etc.. » alors qu’il l’a vu, qu’il a pu déjà entendre ou lire les analyses sur le Net ou sur les chaînes d’infos, sportives et généralistes ? Non, c’est fini ce réflexe. Nous avons besoin de lui offrir du contenu nouveau. »
Bien sûr, dans l’Equipe le lecteur aura toujours l’analyse du match rédigée par des spécialistes, sans pour autant raconter les matchs de façon linéaire, « ce que nous ne faisons déjà plus. Nous devons proposer des choses différentes et profiter de nos moyens techniques et humains qui nous permettent de le faire. »
Etre différent et plus réactif
Un exemple type de réactivité à laquelle l’Equipe souhaite se plier dès que l’actualité le lui permettra : « Lewandowski marque 4 buts contre le Real, explique Fabrice Jouhaud. En temps normal, nous proposerions un article « Qui es-tu Lewandowski ? » deux jours après le match, le temps de l’avoir analysé. Aujourd’hui, dès le 3e but à la 55e, il faut lancer cet article pour qu’il paraisse dès le lendemain matin. Nos concurrents du Net ou de la presse écrite généraliste, eux, sont encore dans l’analyse de la rencontre et n’ont pas le temps de se poser pour passer des coups de fil, recueillir de l’information et rédiger ce type de papier en temps réel. Nous, si, parce que nous avons un réseau de journalistes et le temps de nous poser une heure et demie pour le faire. Et l’on doit en profiter car nous sommes les seuls à pouvoir le faire. Et sur tous les sports. C’est en cela que l’on peut reprendre la main sur le temps, recréer le rythme de l’info et non plus le subir. »
« Divertir »
Le divertissement sera également l’un des nouveaux aspects du quotidien. « Il faut enlever de la tête des gens que « parce que c’est de la presse écrite, parce que c’est gris, c’est sérieux ». Certes, l’Equipe est un journal sérieux, lu par des spécialistes et des amateurs éclairés, mais aujourd’hui nous voulons montrer que nous ne sommes pas une vieille dame, ce que nous ne sommes pas d’ailleurs, que le côté traditionnel du papier n’est pas un frein à l’innovation. Les lecteurs veulent aussi qu’on les divertisse. Pas que l’on fasse de l’humour, car c’est un genre très aléatoire, difficile dans le sport et puis tout le monde n’a pas le même humour, mais qu’on les sorte de l’analyse pure, qu’ils ont pu lire avant et ailleurs. Ils veulent aussi des histoires, des anecdotes, des chiffres, de infos insolites, de belles photos. »
« L’Equipe : Un écran comme un autre »
« Chez nous, l’Equipe papier est devenu un écran comme un autre, au même titre qu’Internet ou qu’un poste de télé, poursuit Fabrice Jouhaud. Parce qu’après tout, un journal se regarde autant qu’il se lit. Nous avons donc fait évoluer la maquette vers plus de clarté, plus de lisibilité, plus de rythme. »
Le journal se décomposera donc en trois séquences bien distinctes, avec des pictogrammes de couleur qui permettront de repérer ces sections plus rapidement. Le foot sera marqué par une couleur verte, les « autres sport » en bordeaux et une troisième partie « Bonus »/ « Grand Format » de trois pages clôturera le journal.
« Le bazar c’est terminé ! »
« Nous avons aussi beaucoup retravaillé « les cuisines » (les encarts statistiques et descriptifs des rencontres et des classements, ndlr), qui seront désormais toujours à la même place dans les pages, la présentation des double pages et de nombreux autres détails comme la typographie des articles qui sera la même pour tous, mais aussi l’insertion de logos dont la charte graphique est connue de tous (notamment pour le traitement de la NBA, ndlr) ».
Retravaillée aussi la présentation modernisée, façon télé, des « notes de l’Equipe, et plus d’interactivité avec le développement de flash codes renvoyant sur des vidéos Ligue 1 de l’Equipe.fr ou sur des applications de l’Equipe. De petits détails pour certains, mais qui permettront aux lecteurs de savoir désormais où ils sont dans leur page, avec plus de repères.
Le journal y gagne aussi en rythme de lecture et en cohérence. D’ailleurs, lorsque le journal fera sa « Une » sur une discipline autre que le foot, toute la partie « autres sports » suivra le sujet de « Une ». Pas question de se retrouver avec un gros sujet de Une « rugby » puis, juste derrière, avec l’ouverture « Foot », un autre gros sujet. Ceci pour éviter de livrer d’emblée aux lecteurs le cœur du quotidien dès le début et éviter une baisse d’intérêt au fil de la lecture, mais aussi pour éviter de jongler avec les couleurs des têtières de ces parties. Eviter de passer du « bordeaux » au « vert » puis retrouver du « bordeaux ». « L’Equipe n’est pas un agrégat d’articles qui se suivent sans cohérence. C’est ce que l’on doit montrer. »
La photo également a subi un changement de ligne éditoriale. » Nous la voulons plus spectaculaire, plus informative et pas seulement vue comme une illustration d’un article. La photo doit en elle-même raconter quelque chose. »
Et des « Bonus
La section « Grand Format » rebaptisée « Bonus » (pour le moment, titre à définir) offrira chaque jour trois pages composées de 14 éléments différents :
Un thème différent, en lien avec l’actualité, sera mis en avant chaque jour sur une pleine page : « l’Entretien », le lundi, « Auto » (sport et Conso, culture Auto) le mardi, « Portrait » le mercredi, « Business » le jeudi, « Nostalgie/Histoire » le vendredi…
Et des rubriques qui tourneront telles que « Ce jour-là » (un jour dans l’histoire du sport qui colle avec le jour de diffusion), « Que sont-ils devenus », « la question du jour », la revue de presse, le blog à suivre, un dessin d’actu, une « règle du jeu, un top 10, la télévision (qui ne se baladera plus dans les pages du quotidien, ndlr) avec une mise en avant des programmes de l’Equipe 21, l’agenda TV de la journée et une interview média le samedi, le dimanche une interview culture d’une personnalité qui parle de sport… Une page « Economie » aussi.
Notre avis : un lifting réussi qui donne au quotidien un look « magazine » (avec le contenu qui suit) tout en restant un quotidien d’actualité. Des aménagements de maquette plus lisibles. Un excellent compromis dont on attend les résultats commerciaux* avec impatience.
* aux derniers résultats OJD, en 2012, l’Equipe était le 3e quotidien national avec 274 772 exemplaires vendus chaque jour, soit -3,7% comparé à 2011
Propos recueillis par Vincent Rousselet-Blanc, en exclusivité pour
En Pleine Lucarne