Portrait de Jean Claude Blanc
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L’AUTRE BLANC DU PSG
Il a tout fait, toujours à toute vitesse : du vélo, du rallye automobile, du tennis et maintenant du foot. Gestionnaire du PSG, Jean-Claude Blanc est devenu le roi du sport en France. Certains l’imaginent futur organisateur des JO de 2024. Si Paris gagne, bien sûr…
Mercredi prochain, le PSG reçoit au Parc des Princesle Real Madrid pour une rencontre au sommet de la Ligue des champions. Le Real est le club le plus riche d’Europe, c’est aussi le plus titréde la compétition. Sur le banc de touche, Laurent Blanc mâchouillera nerveusement sa « touillette » à café. Mais l’entraîneur n’est pas le seul Blanc à veiller sur les joueurs au maillot noir. L’autre ? C’est Jean-Claude, directeur général délégué du Paris Saint-Germain depuis 2011. C’est lui qui l’a hissé dans le peloton de tête des clubs européens. Aujourd’hui, ce Savoyard est considéré comme un des rares managers sportifs à l’anglo-saxonne que possède la France. Un parcours étonnant, sur lequel les étoiles semblent s’aligner à la demande.
Car Jean-Claude Blanc sait provoquer la chance. Premier coup de bol au John Wayne Tennis Club de Palm Beach, en 1986. Une partie en double avec un dentiste de Los Angeles ; le pot de l’amitié avec les adversaires. « Que venez-vous faire en Californie ? », demande l’un d’eux. « Recueillir des informations sur l’organisation des JO de Los Angeles », réponddu tac au tac le jeune Français, tout frais émoulu du Ceram (devenu Skema), l’école supérieure de commerce de Nice. « Vous avez de la chance, poursuit l’Américain, je suis l’ex-directeur du marketing des Jeux. » Tout va très vite, comme souvent dans la carrière de Jean-Claude Blanc. Une seule recommandation et s’ouvrent en grand les portes de la LA84 Foundation, qui conserve les archives des premiers JO financés par le privé. Une mine d’or pour le jeune homme, qui n’a depuis un an qu’une ambition : rejoindre le comité d’organisation des Jeux olympiques (Cojo) d’hiver 1992, à Albertville.
A son retour en Savoie, sa déterminationet le gros mémoire qu’il a rédigé sur le business olympique le font engager sans coup férir. Son rêve d’adolescent – associer sa passion pour le sport à sa vie professionnelle – prend forme. Il vacille toutefois quand Juan Antonio Samaranch, le tout-puissant président du Comité international olympique, appelle aux commandes Jean-Claude Killy, artisan de la candidature française aux côtés du politique Michel Barnier. Le triple champion olympique de Grenoble 1968 et son associé Alain Krzentowski veulent repartir de zéro avec IMG, l’agence de Mark McCormarck, pionnier du sport business. Jean-Claude Blanc va-t-il devoir quitter le navire ?
POPEYE À HARVARD
Non, grâce à une bonne fée : Fabienne Fajgenbaum. L’avocate du Cojo a remarqué sa puissance de travail et sa « profondeur d’esprit ». Jean-Claude Killy ne tarde pas à partager son avis. « Il travaillait jour et nuit et répondait toujours présent, se souvient-il. Au bout de deux mois, je lui ai demandé pourquoi il était le moins bien payé. Pour le piquer, je lui ai dit : comment voulez-vous être un grand négociateur si vous n’avez même pas été capable de négocier votre salaire ? »
L’aiguillon fonctionne. Simple responsable du sponsoring parmi d’autres, l’ancien étudiant niçois finit par remplacer Ian Todd, le directeur Europe d’IMG, appelé ailleurs. En pleine constitution du Club Coubertin, qui réunira les plus gros sponsors : la SNCF, Renault, le Crédit Lyonnais ou encore les AGF, Killy impose le jeune Savoyard bosseur, au nez et à la barbe de quelques HEC parisiens. L’ancien champion a des méthodes très pragmatiques. On enchaîne les rendez-vous de présentation, à peine de temps d’avaler un sandwich à midi. C’est d’ailleurs au comptoir d’un café, avenue Franklin Roosevelt, à Paris, que Jean-Claude Blanc accepte une mission supplémentaire : organiser la cérémonie d’ouverture des Jeux avec Philippe Decouflé, un jeune chorégraphe inconnu. La cérémonie fera date. Même Michel Platini, le dernier relayeur de la flamme, tiendra le tempo, malgré son retard et la dizaine de cigarettes grillées avant d’empoigner la torche ! Jean-Claude Blanc montre des talents d’organisateur que seuls ses condisciples du Ceram lui connaissaient. « A la stupéfaction générale, il avait réussi à organiser deux spectacles pour financer le bureau des sports, avec Alex Métayer et Michel Jonasz », se souvient l’un d’eux.
Après les Jeux, Killy lui propose de le suivre chez ASO, l’organisateur du Tour de France. Mais le jeune homme, qui devient peu à peu son fils spirituel, rêve d’une grande université de la côte Est. Peut-être, malgré la belle expérience d’Albertville, ne se sent-il pas assez armé. « A Nice, ce n’était pas un étudiant brillant, rappelle un camarade. C’était plutôt le séducteur élégant, prof de tennis et de planche à voile. Le Popeye des Bronzés. » Jean-Claude Blanc mise tout sur la prestigieuse Harvard, une université très sélective. Et réussit son coup de poker. Il avait aligné, il est vrai, trois lettres de recommandation de tout premier ordre : Jean-Claude Killy, Juan-Antonio Samaranch et Mark McCormack. Un comble quand on sait que le dernier a signé un best-seller : Tout ce que vous n’apprendrez jamais à Harvard !
L’ancien « roi de la plage » de Nice se mue alors en élève assidu et décroche son MBA. Le monde des affaires s’ouvre à lui, mais il choisit tout de même de rejoindre ASO et Killy. Car c’est un fidèle. Fidèle à ses parents d’abord. A sa mère, Nicole, qui a fait de lui un bon tennisman et un bon skieur. A son père, Roger, le dentiste qui, inventeur à ses heures d’instruments de travail innovants, n’a jamais découragé les ambitions de ce fils qui ne se voyait pas reprendre le cabinet. Fidèle à Jean-Claude Killy, ensuite. Lorsque ce dernier claque la porte d’ASO, estomaqué par les critiques de Jean-Pierre Courcol, revenu aux commandes du groupe Amaury, la maison mère d’ASO, Jean-Claude Blanc refuse de le remplacer et choisit de partir. Il s’émancipera à la Fédération française de tennis (FFT).
LA SIRÈNE DE MARRAKECH
Le monde du sport business est petit. Quand Patrice Clerc, patron de Roland-Garros, part pour rejoindre ASO, Christian Bîmes, président de la FFT, appelle d’abord Killy pour lui proposer le poste. Mais le champion décline l’offre. Il ne veut plus d’un « full-time job » à Paris. Cette fois, Blanc accepte de prendre la place. En cinq ans à la FFT, il augmente les revenus de plus de 30%. Un succès éclatant qui en fait le « monsieur tennis » français. Cela ne l’empêchera pas de céder aux sirènes du football. Après tout, c’est le cœur de la machine « sport business ». Encore fallait-il rencontrer une sirène. Ce sera, au cours d’un dîner à Marrakech, John Elkann, l’héritier Agnelli. Jean-Claude Blanc lui raconte le village de Roland-Garros, l’art de recevoir et de gérer des « business seats ». Quelque temps plus tard, ils se recroisent au Flore, à Paris. Le jeune homme, qui contrôle l’empire Fiat, lui propose alors la direction de la Juventus de Turin, propriété familiale. Le temps d’aider Christian Bîmes à se faire réélire, Jean-Claude Blanc s’envole pour la capitale du Piémont.
Las, deux semaines après son arrivée, la mission se transforme en sauve-qui-peut. Son prédécesseur, Luciano Moggi, a corrompu des arbitres. La Juve est reléguée en Serie B. Turin est en ébullition. « J’avais 100 jours pour redresser la situation », se souvient le Français, qui vivra un an et demi avec un garde du corps. Cette fois, la guigne semble au rendez-vous. Sauf que Jean-Claude Blanc a plus d’un tour dans son sac. La gestion de crise, il connaît. En 1998, en tant que directeur d’ASO, il a géré le scandale Festina qui ébranla le Tour de France. Son presque homonyme, Jean-Marie Leblanc, le patron du Tour, est mis en garde à vue. Des équipes exclues, des perquisitions, les coureurs qui mettent pied à terre… L’une des plus belles compétitions sportives du monde se transforme d’un coup en chef-d’œuvre en péril. Sous sa houlette, elle en ressortira plus forte encore. En 2000, face à la menace terroriste qui pèse sur le Dakar, il transfère 150 voitures du rallye-raid du Nigerà la Libye par pont aérien. « J’ai appris de l’affaire Festina qu’aucune organisation n’est à l’abri d’une disparition. J’ai appris aussi à rester froid, analytique, et à prendre des décisions même sans avoir 100% d’informations fiables », raconte-t-il aujourd’hui.
LA JUVE TIRÉE DU GOUFFRE
A Turin, il renégocie les contrats et engage Didier Deschamps comme entraîneur. Le club rejoint l’élite en une saison. Jean-Claude Blanc peut alors construire le nouveau stade dont rêve John Elkann. Le job est fait, et bien fait, de nouveau. Mais le petit-fils de Gianni Agnelli veut confier la Juve à son cousin Andrea. Le Savoyard se retire, six ans après son arrivée, sans ciller. « Il est droit et honnête », affirme Christian Bîmes. « Intègre », renchérit Jean-Claude Killy. « Déférent », disent ceux qui le trouvent trop affable…
Ciao l’Italie et retour à Paris, mais via…le Qatar. A nouveau, Jean-Claude Blanc est au bon endroit au bon moment. Leonardo, populaire défenseur du club parisien devenu directeur sportif du PSG passé sous pavillon qatari, lui téléphone. Le Brésilien, qu’il a croisé quand il entraînait le Milan AC, grand rival de la Juve dans le Calcio, lui souffle que le PSG cherche un patron opérationnel. Bingo ! Le nouveau directeur général délégué s’occupe de tout, sauf des joueurs : gestion du stade, relations extérieures, sponsoring, produits dérivés, finances… Sous la présidence de Nasser Al-Khelaïfi, Blanc quintuple le budget du club ! Grâce aux sponsors qataris mais aussi en dotant le Parc des Princes de 4 500 « business seats » qui rapportent gros et permettent au PSG d’échapper au carcan du « fair-play financier » décrété par Michel Platini, le relayeur d’Albertville devenu président de l’UEFA. Avec les Qataris, jaloux de leurs prérogatives d’actionnaires, comme auparavant avec les élus de la FFT et les familles Amaury et Agnelli, « JCB » sait « faire passer les messages avec diplomatie », selon l’expression de Christian Bîmes. Agé de 52 ans, père de deux ados, Jean-Claude Blanc rêve désormais d’autres grandes aventures. Tout le désigne pour diriger les Jeux de 2024, si Paris les obtient. L’aventure le tente. « Mais il ne serait que numéro trois derrière des politiques et des sportifs », analyse Jean-Claude Killy. Et « JCK » d’ajouter : « Je le verrais mieux redresser Air France ! »
http://www.lesechos.fr/week-end/business-s...psg-1165538.phpJC no se va.
Au regard de son portrait, en cas d'obtention de JO il est possible qu'il soit fortement intéressé par son organisation.
Dans le doute, j'espère qu'on aura pas les JO.