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Vu l’avance dont il dispose en Championnat, le PSG va nous épargner tout suspense cette saison. Il ne faudrait pas que ce scénario écrit d’avance se renouvelle trop souvent, prévient Christophe Lepetit du CDES : « L’ultra domination du PSG, si elle dure, peut potentiellement poser un vrai problème en L1. Cela peut mettre en cause la valeur économique du produit avec des répercussions sur la billetterie car les supporters ne viendront plus, lassés de connaître le champion avant même que ne débute la compétition. Idem au niveau des droits télé : pourquoi payer cher des matches joués d’avance ? On peut survivre à un ou deux exercices comme celui qu’on connaît aujourd’hui, mais pas plus. » Si Seydoux se veut « zen » et mise sur la glorieuse incertitude du sport (« cette domination ne sera pas éternelle, sou-venez-vous de l’OL qui a également écrasé le Championnat »), Bernard Caïazzo se donne une décennie : « Sur dix ans, si le PSG ne fait pas des émules, si un deuxième club avec des moyens comparables n'émerge pas, il se trouvera en situation quasi monopolistique, ça va inévitablement nuire à notre croissance internationale. » Au sein même de la direction du club parisien, on craint que le manque d’opposition finisse sur le long terme par « banaliser » les succès nationaux du PSG.
Ce serait un problème à terme pour le club, qui aurait déjà plus de mal à attirer la crème internationale pour aller jouer à Troyes ou à Toulouse sans la carotte européenne. Et par ricochet sur ses congénères de L 1. « Si le PSG gagnait la Ligue des champions, pour la France, ce serait un peu comme si les Bleus gagnaient l'Euro », estime Bernard Caïazzo. Seydoux fait le même rêve : « Cela rejaillirait sur toute la Ligue 1. » Pour l’instant, les Parisiens prêchent un peu seuls dans le désert du foot français. Et heureusement qu’ils sont là, insiste Lepetit : « Quand le PSG va loin en Ligue des champions, c’est le coefficient UEFA de la France qui en profite. Sans ses résultats, seules les deux premières équipes de L 1 accéderaient aujourd’hui à la C1. »
En cas d’échecs répétés en Coupe d’Europe, les Qatariens, dont le pays organisera la Coupe du monde en 2022, pourraient être tentés de revoir leur investissement dans le foot français. Ils laisseraient les bases d’un club sain, structuré sur tous les plans, mais sans les mêmes ressources. Avec un PSG plus « humain » sportivement, donc, mais sans le même pouvoir d’attraction pour le public et les télévisions. Un jeu de dominos, à terme, qui pourrait se révéler dramatique pour la Ligue 1. Comme le résume Michel Seydoux : « À nous d’améliorer le Championnat. Et il y a du boulot… »