Voici l'interview qui a été réalisé auprès de Philippe LAMBERT en charge de la préparation physique de l'équipe de France depuis six mois après avoir été à LILLE.
Lambert : "Individualiser le travail au maximum"
Philippe, vous avez débuté en tant que joueur avant de vous plonger dans le métier d'entraîneur, n'est-ce-pas ?J'ai été formé à Armentières et Lille avant de connaître une carrière de joueur en D2 en Belgique. Malheureusement, à 19 ans, j'ai dû me contraindre à arrêter après une grave blessure à la cheville. A cette époque, j'étais également en train de passer mes diplômes d'enseignant pour devenir Professeur d'Education Physique (EPS) et ceux d'Entraîneur. Très jeune, à 24 ans, j'ai été propulsé à la tête du club d'Armentières car le technicien en place était malade. Alors coach de la réserve, j'ai pris en main l'équipe en Division d'Honneur. J'ai croisé des entraîneurs de qualité : Arnaud Dos Santos, Patrice Bergues ou encore Jean-Michel Vandamme qui m'ont permis de rapidement progresser. Nous sommes montés jusqu'en 3ème Division, où j'ai officié pendant six saisons.
C'est à ce moment là que vous avez rejoint le LOSC Lille Métropole, un club professionnel.Tout à fait, en 1996, tout d'abord comme entraîneur de la réserve en CFA pendant trois ans. Je m'occupais aussi de toute la préparation physique du centre de formation. A partir de 1999 et l'arrivée de Vahid Halilhodzic, je suis monté en équipe première, pour ne plus la quitter jusqu'en 2007, travaillant également avec Claude Puel. J'étais alors entraîneur-adjoint et préparateur physique. J'ai connu de grands moments, comme la remontée en L1 et quatre campagnes européennes en UEFA Champions League. Ensuite, ces trois dernières années, j'étais responsable du centre de préformation de Liévin.
Comment avez-vous appris cette nomination au poste de préparateur physique de l'Equipe de France.Je ne connaissais pas Laurent Blanc personnellement. Quand il était entraîneur à Bordeaux, je venais de quitter le LOSC. On ne s'est donc jamais croisé. J'avais par contre de très bons rapports avec des membres de son staff, comme Eric Bédouet, son préparateur physique aux Girondins, que je connais depuis pas mal de temps. Quand j'ai été contacté, cela a été avant tout un immense honneur. Le sélectionneur a un projet ambitieux auquel j'ai tout de suite adhéré.
En quoi consiste exactement vôtre tâche auprès des Bleus ?Contrairement au club, vous ne disposez des internationaux que quelques jours par mois. Il y a donc un énorme travail à effectuer en amont pour se tenir informé de l'état de forme de chacun. C'est pour cela que je me rends beaucoup dans les clubs pour discuter avec les entraîneurs, les joueurs, pour tenter ensuite d'individualiser au maximum le travail lors des stages de l'Equipe de France. On ne peut pas entraîner tous les joueurs de la même manière. Il faut prendre en compte leur temps de jeu respectif dans leur championnat, leur performances athlétiques du moment, savoir s'ils reviennent de blessures par exemple. Un des points très importants, c'est cet échange qu'on a avec les clubs. Avec Laurent, Jean-Louis Gasset, Alain Boghossian et Franck Raviot, on se tient informé de ce qu'ils font et on leur explique aussi ce que l'on fait. C'est la clé pour que chacune des parties et surtout le joueur en tire le meilleur profit.
Comment avez-vous vécu ces premiers mois depuis votre prise de fonction en juillet dernier ?Je savais que le rythme et la manière de travailler allaient être très différents de ce que j'ai connu en club, le calendrier n'étant pas le même. C'est très intense également. En très peu de temps, un ou deux jours parfois, il faut arriver à faire récupérer les joueurs ou au contraire parvenir à leur donner une petite charge de travail supplémentaire pour qu'ils soient dans une forme optimale. Personnellement, je m'éclate au coeur d'un staff "bourré" de compétences et d'expérience. Laurent Blanc a su rassembler une très bonne équipe autour de lui.
Avant le prochain match face au Brésil le mercredi 9 février au Stade de France, quel va être votre emploi du temps ?Je vais essayer de me rendre dans plusieurs clubs, en France et à l'étranger, pour aller faire le point avec les joueurs. On va entrer dans une période délicate ou l'accumulation des matches depuis le début de saison va se faire sentir. En hiver, il faut aussi prendre en compte les paramètres météorologiques qui peuvent influencer la préparation des joueurs. Certains vont avoir des entraînements ou des matches annulés. Cela a une incidence sur leur condition physique. Le staff technique va prendre en compte tous ces éléments pour tenter de les préparer au mieux à ces six derniers mois de la saison jusqu'en juin 2011.