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"Zébulon" contre les "bling-bling", la guerre du foot est déclarée
Noël Le Graët, le président de la Fédération Française de Football (FFF), a déjà en tête le nom du successeur de Laurent Blanc, 46 ans, à la tête de l'équipe de France : Paul Le Guen, 47 ans. Un Breton, comme lui. Avec un profil adapté aux exigences du poste : ancien international, trois fois champion de France avec l'Olympique lyonnais entre 2003 et 2005, actuellement sélectionneur du sultanat d'Oman. C'est, en tout cas, la rumeur qui court dans les couloirs de la FFF. Sa nomination pourrait intervenir après l'Euro 2012 qui se déroulera en Pologne et en Ukraine, du 8 juin au 1er juillet. Est-ce à dire que Laurent Blanc, le sélectionneur le plus populaire depuis Aimé Jacquet, ne dirigera pas les Bleus jusqu'à une éventuelle qualification pour la Coupe du monde 2014, au Brésil ?
Lundi 16 janvier, Noël Le Graët a déclaré sur L'Equipe TV, qu'il serait "sain" d'attendre la fin de l'Euro pour discuter de la prolongation de Laurent Blanc, nouvel épisode d'un petit jeu d'intimidation médiatique réciproque. Auparavant, Laurent Blanc avait pris soin de signifier ses desiderata sous forme d'ultimatum : "Si je dois rester, il faudra que mon contrat soit prolongé avant l'Euro." Le désaveu présidentiel pourrait donc sceller l'avenir de Laurent Blanc tout en plaçant l'équipe de France dans une situation inconfortable avant l'Euro. Mais Noël Le Graët ne semble plus ménager ses efforts, aussi subtils soient-ils, pour pousser le sélectionneur vers la sortie. Les deux hommes se sont vus mercredi 18 janvier. Mais rien n'a filtré.
En réalité, cette divergence de vue sur l'agenda des négociations dissimule une désunion beaucoup plus profonde. Et les performances en demi-teinte de l'équipe de France depuis deux saisons (qualifiée pour l'Euro, elle pointe à une disgracieuse 15e place au classement mondial de la FIFA) n'y sont pas pour grand-chose. C'est bien la question du mode de fonctionnement qui achoppe entre messieurs Le Graët et Blanc.
Depuis son élection à la présidence de la FFF, le 18 juin 2011, Noël Le Graët, 70 ans, dirigeant dans le football français depuis vingt ans, est affublé d'un surnom plutôt cocasse pour un homme à l'apparence aussi austère : "Zébulon", personnage enfantin monté sur ressorts. Selon ses collaborateurs, ce sont bien des grands bonds d'étonnement et de mécontentement qui ont fait soulever M. Le Graët de son siège quand il a découvert la somme des avantages consentis à Laurent Blanc par son prédécesseur à la tête de la FFF, Jean-Pierre Escalettes. Celui-ci, mis en difficulté par le fiasco des Bleus durant la Coupe du monde 2010, pensait sauver sa tête en nommant un sélectionneur charismatique, non sans contreparties. Noël Le Graët était alors vice-président de la FFF. Il a laissé faire, mais entend aujourd'hui reprendre la main, réduire le train de vie de sa fédération et restaurer l'image du football français.
Noël Le Graët s'accommode mal d'avoir subi la désignation, en 2010, d'un staff de 22 personnes, pour le moins onéreux. Avec 100 000 euros brut mensuels, Laurent Blanc gagne ainsi deux fois plus que son prédécesseur, Raymond Domenech. Mais selon Bernard Barbet, président de la Ligue du football amateur, "c'est autant le cas Laurent Blanc qu'il faut traiter que celui du staff qui est surdimensionné, avec des doublons. On compte quasiment plus de membres de l'encadrement que de joueurs. Il y a certainement des gens qui profitent du système".
La présence de deux entraîneurs adjoints, Jean-Louis Gasset et Alain Boghossian, au lieu d'un, agace. Ainsi que la lourde rémunération, 90 000 euros par saison, de l'ancien gardien de but Fabien Barthez pour prodiguer des conseils aux goals, alors que le poste était déjà pourvu. Il y a le retour d'Henri Emile, un proche de Laurent Blanc, comme coordinateur sportif alors que Marino Faccioli, salarié par la FFF à 170 000 euros brut annuels, occupe un poste quasi similaire en tant que directeur administratif de l'équipe de France. Et pour finir, le retour de Philippe Tournon au poste d'attaché de presse des Bleus, alors que le service de presse de la FFF est en parfait état de marche.
"Je regrette que le poste de chef de délégation de l'équipe de France occupé par un élu de la fédération n'existe plus, avance Christian Teinturier, gérant de l'institut de formation de la FFF. Cela permettrait de recadrer certaines choses. On ne peut laisser les professionnels tout gérer." D'où cette impression lancinante que l'équipe de France est, plus que jamais, devenue un "Etat dans l'Etat". Elu sur un programme de rigueur, Noël Le Graët compte bien, en vue des élections de décembre prochain, opérer des coupes franches dans tous les secteurs. Il ne devrait surtout pas négliger la vitrine du football français. Cela se fera, avec ou sans Laurent Blanc...
A plusieurs reprises, depuis juin, Noël Le Graët a montré à son sélectionneur la facette la plus définitive de sa personnalité : son entêtement. Laurent Blanc voulait accorder à l'ensemble de son staff des primes d'intéressement aux résultats de l'équipe de France. Deux fois, le président a dit non. Moins par souci d'économie que par volonté de ne montrer aucun signe de faiblesse. En mai prochain, Laurent Blanc souhaitait emmener ses joueurs en stage de préparation à Tignes (Savoie). Trop bling-bling et trop onéreux pour Noël Le Graët qui détourne la délégation vers Le Touquet (Pas-de-Calais). A l'Euro, Laurent Blanc avait prévu d'installer son camp de base en Pologne, les Bleus logeront en Ukraine.
Mercredi 18 janvier, est survenu un nouveau rebondissement susceptible de fragiliser davantage Laurent Blanc. Un document interne rédigé par Marino Faccioli, destiné à adoucir secrètement les sanctions infligées aux mutins de Knysna (Nicolas Anelka, Patrice Evra, Franck Ribéry et Jérémy Toulalan) pour que Laurent Blanc puisse les sélectionner à sa guise, est opportunément publié dans le quotidien L'Equipe. Une nouvelle polémique qui pourrait rendre un précieux service à Noël Le Graët.
Laurent Telo
http://www.lemonde.fr/sport/article/2012/0...31862_3242.htmlSi les chiffres annoncés sont vrais, y en a qui se font plaisir.
Notamment le "divin chauve" qui la joue toujours "Moi je suis pas entraîneur des gardiens, je donne 2-3 conseils". Bah merde 90 000 boules pour ça, ce serait de l'emploi fictif