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« Domenech n'a pas le niveau »
EXCLU365 - BLEUS / L'AVIS DE ROBERT PIRES.
Aurélien CANOT
lundi 07 septembre 2009 - 15h48
Robert Pires, qui rabâche depuis 2004 que les Bleus sont trop larges pour les épaules de Raymond Domenech, est ravi que Thierry Henry tienne aujourd'hui le même discours. Mais il regrette que cela ne saute toujours pas aux yeux des hauts dirigeants.
Robert Pires, avez-vous vu le match de samedi contre la Roumanie ?
Oui et j'ai vu comme tout le monde une belle équipe de France. Pour une fois, elle a bien joué et a maîtrisé son adversaire. Mais tout cela se concrétise par un mal-être qu'il y a certainement à l'intérieur. Tu ne peux pas dominer autant, avoir autant d'occasions, et ne pas gagner ce match. C'est qu'il y a un souci quelque part. Et je ne pense pas être loin de la vérité. Ce n'est quand même pas normal aujourd'hui que l'équipe de France ne soit pas première du groupe et que l'on ne parle plus que des barrages. Quand on voit la composition de l'équipe de France, ce n'est pas normal d'en être là aujourd'hui. D'autant que la tâche s'annonce de plus en plus compliquée car les barrages, c'est très chaud.
Est-ce ce souci que vous évoquez qu'a voulu pointer du doigt Thierry Henry dans son intervention de vendredi soir ?
De toute façon, pour que Titi intervienne comme ça, c'est qu'il se passe vraiment quelque chose de pas très clair. Car généralement, dans ce genre de situations, Titi n'intervient pas. Je suis content car il me rejoint dans ce que j'avais pu dire il y a cinq ans. Et ça fait plaisir. (Rires) Car ça prouve que dans l'analyse que j'avais pu faire après le match des Iles Féroé, je ne m'étais pas trop trompé. Aujourd'hui, ça me fait rire car j'avais vécu ça il y a cinq ans et c'est pour ça que j'avais ouvert ma gueule. On cherche trois milliards d'excuses mais Domenech est juste incompétent, c'est tout. Maintenant, dans la mesure où les présidents du football français pensent le contraire, on ne peut pas avancer. Tout le monde se voile la face et personne ne dit les choses. Il faut arrêter.
Qu'est-ce qui fait selon vous de Raymond Domenech un entraîneur « incompétent » ?
Disons qu'avec lui, tu n'apprends pas grand-chose. Tu ne sais pas non plus dans quelle direction tu vas, ni dans quelle position tu dois jouer. C'est ce qui se passait quand j'y étais et c'est encore ce qui se passe aujourd'hui. Et ça donne des joueurs qui ne sont pas bien dans leurs baskets, pas sereins. Ils sont tous extraordinaires avec leurs clubs et quand ils arrivent en sélection, ils ne savent plus jouer. Il y a quelque chose qui ne va pas. Sur le papier, cette équipe est la meilleure du monde ! Et c'est ça qui m'énerve le plus. Si on ne va pas à la Coupe du monde, ça sera un énorme gâchis. Ce n'est pas normal que les joueurs aient deux facettes : très bons en club et moyens avec la sélection.
Est-ce que vous aviez vous aussi tendance à vous ennuyer lors des entraînements ?
Bien sûr. Il était nul, tu n'apprenais rien avec lui. C'est simple : il y a cinq ans, quand j'étais dans le taxi pour Clairefontaine, je n'avais pas envie d'y aller. Ça résume tout. Je savais que j'allais m'emmerder en équipe de France… C'est incroyable quand même. Je ne suis pas surpris que Thierry prenne la parole comme il l'a fait vendredi car j'ai vécu avec Domenech. Et à un moment donné, ça explose. Maintenant, au niveau des qualités pures des joueurs, nous sommes largement capables de gagner en Serbie. D'ailleurs, j'y crois pour mercredi. Je ne me fais pas de soucis car je fais confiance aux joueurs. Même s'ils sont mal gouvernés.
« Tu ne peux pas comparer Domenech à Wenger »
Vous qui connaissez Arsène Wenger par cœur, quelle est la différence majeure entre Raymond Domenech et lui ?
Il faut un peu de respect quand même. (Rires) Tu ne peux pas comparer Domenech à Arsène. Avec Domenech, tu n'apprends rien. Avec Arsène, c'était précis, c'était court et tu savais ce qu'il fallait faire. Et surtout, tu n'avais pas cette crispation quand tu entrais sur le terrain. Tu étais à l'aise. Il n'y a pas besoin de bourrer le cerveau aux joueurs comme le fait Domenech. Des joueurs ont besoin de liberté. A mon époque, nous n'en avions pas avec lui. Mais je ne pense pas que ça ait dû trop changer.
Vous allez encore être taxé d'aigri, vous le savez ?
Des gens m'ont critiqué en disant : « Mais pour qui il se prend ? », « Il n'a pas le droit de dire ça du sélectionneur ». Mais il s'avère aujourd'hui que j'avais peut-être raison. Car il n'est pas à la hauteur de l'équipe de France et des joueurs qu'il entraîne. Le problème n'est pas entre Domenech et Pires mais entre Domenech et les autres. Il n'a pas le niveau pour diriger l'équipe de France. Quand je l'ai dit il y a quelques années, on m'a ri au nez. Mais moi, je suis mieux chez moi aujourd'hui en tout cas. Qu'on ne vienne pas encore me dire que je suis jaloux, je suis sincèrement mieux chez moi. Très honnêtement, j'aurais préféré me tromper il y a cinq ans mais je ne pense pas m'être beaucoup trompé…
Si l'on résume son discours, Thierry Henry a tenu presque mot pour moi le même discours que vous aviez tenu en 2004...
Pourtant, on ne s'est pas appelé. A aucun moment ce n'était prémédité. Titi est grand, il sait ce qu'il a à faire et ce qu'il doit faire. Moi, ça ne me regarde plus vu que je n'y suis pas. Mais si Titi a dit ça, c'est parce qu'il sent que ça ne va pas. Et s'il a décidé de parler avant ce grand rendez-vous de mercredi, il y a des raisons.
Lesquelles ?
Il faut que les mecs soient costauds et unis comme jamais. La prestation de samedi est bonne mais il manque un truc : cette sérénité. Personnellement, j'avais dit qu'on ne savait pas comment jouer ni comment nous situer. En gros, on ne nous disait rien.
BIM!!