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Tu as raison sur le fait que l'origine de la tragédie grecque est le fait de rendre hommage aux dieux. C'est dans ce cadre que ça se développe. J'ai reconnu dans un de mes post avoir été volontairement caricatural pour te provoquer et faire entrer la notion de divertissement dans ta définition de l'art.
Cela clos je suppose toute discussion entre nous.
J'admet la part de sacré, bien sûr, tu as raison. C'est ma propre définition du rapport à l'art qui a influencé ce que j'ai gardé du rapport des grecs à la tragédie. C'était stupide et réducteur de l'exclure totalement.
Je dis que les deux sont liés, le public vient rendre hommage au dieux mais il vient aussi se divertir. Pour tout te dire j'ai fait art du spectacle à Nanterre et j'ai beaucoup étudié le théâtre. Je suis parti sur une provocation concernant la tragédie grecque pour m'opposer à ton discours et n'en suis pas sorti.
Cool c'est bien de l'admettre. Je préfères quand tu parles de plaisir plutôt que de divertissement. D'ailleurs concernant ce mot, je sais pas combien de fois il est présent dans tes notes, mais peu de théoriciens/philosophes introduisent ce terme pour présenter leur vision de l'art. Tout ce qu'on peut faire, c'est isoler l'art cinématographique du reste, en tant qu'art de masse. Il y a démarche du créateur et démarche du spectateur. Si la démarche du spectateur est de viser la détente, et qu'il l'obtient, ça ne veux pas forcément dire que la dimension artistique n'a pas su être active. Depuis le début je me limite à dire que ce qui n'est
que divertissement ne peux accéder au rang d'art. On va cependant mettre le genre comique de coté.
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J'ai tenté d'obtenir de toi des définition de ce qu'est l'art pour qu'on parle de la même chose et qu'on puisse définir ou tenter de le faire, la frontière entre divertissement et art. Tu m'a dit que c'était la démarche. Oui ok mais tu ne développe pas plus que ça. Warhol, par exemple pose question à ce niveau là. Tu vas rejeter mon argument concernant la plupart des groupes de musique actuelle en me disant que c'est du divertissement et pas de l'art... Je cherche des exemples pour qu'on puisse discuter sur qq chose de concret.
Je vais pas donner une définition globale de ce qu'est l'art, ça prendrait trop de temps. Je préfère dispatcher plusieurs élément clé selon le cadre de la conversation. Si tu veux un exemple de frontière, il a été donné avec le film des frères Lumière "Sortie de l'usine". Pour moi ça, c'est pas de l'art tu vois. Tu sors dans la rue, et tu filmes ce qu'il se passe, sans sublimation, sans montage, tu laisse les événements prendre possession d'un tout, tu es passif avec ta caméra. ça va divertir le public compte tenu de sa nouveauté, mais au fond ça va pas plus loin.
Même quand tu fais un gros travail de montage et tu crée quelque chose, ça ne suffira pas à obtenir de l'art si tu ne conjugues pas plusieurs éléments clés. Sinon, tous les dessins animés du dimanche matin peuvent être élevés au rang d'art. D'ailleurs je vois de fortes liaisons entre ces dessins animés et l’œuvre de Miyazaki. En terme de codes et de canon bien sûr. Le format diffère, le long métrage donne l'illusion d'une noblesse supplémentaire, mais là aussi c'est insuffisant. Si on prend les long métrages de Disney (élément comparatif le plus crédible), on retrouve là aussi les mêmes éléments de la liste. Ratatouille c'est de l'art ? Vous pourrez citer les sources d'inspiration de la vie parisienne et du monde gastronomique français, mais ça n'apportera rien. Toute œuvre ne peut que contenir des éléments culturels. Ce serait limite impossible de faire un film dépourvu de culture, aussi mauvais soit-il. Donc pour Miyazaki, on continue de chercher.
Plus on déroule la liste des notions liées à l'art, plus on s'éloigne de Miyazaki. Sauf concernant Mononoke et quelques autres petites phases, à la limite.
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C'est encore une fois pour ça que je prends l'exemple du film de Lynch, puisque tu me parle de démarche pour différencier les deux genres. Pour toi l'argument de la scène n'est pas valable, pour moi il l'est et indique clairement que dans l'esprit de Lynch au moins la distinction entre les deux n'est pas si claire que ça.
La distinction entre art et artisanat ne se fait que très tard, la plupart des oeuvres de notre ère sont des commandes dont de nombreuses avait pour but le divertissement des spectateurs. Mais tu vas certainement me dire que Molière ce n'est pas de l'art. Mozart non plus d'ailleurs. Pas de notion de démarche du coup, uniquement de la commande et un job a réaliser.
Tu parles d'artisanat, mais à l'époque c'était pas des objets reproduits en série par des machines...
chaque objet avait son caractère unique, et était fait par la main de quelqu'un, et cette main contenait une méthode, un héritage culturel et un cadre précis. Je vois pas le rapport entre artisanat et divertissement ?
Concernant les œuvres commandées, je sais que les mécènes ou les directeurs avaient pour but de diverti le spectateur, mais encore une fois, l’œuvre en elle-même ne se limite pas au divertissement au final. Elle apporte quelque chose en plus. Quand Mozart compose, sa démarche à lui est sans doute bien éloignée des objectifs de ses supérieurs. Et Mozart a été mal reçu dans plusieurs endroits, donc le lien entre les objectifs des différentes parties n'expliquent ni ne justifient la nature de divertissement. Oui tu peux créer de l'art par accident, en ayant pour but premier de divertir les gens. Mais en ce faisant, si tu crois que ta création se limite au divertissement, tu te goures, et tu omets une part de ce que tu viens de créer.
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comme je te dis je trouve qu'il est difficile de discuter avec toi parce que tu te livre finalement très peu. Sans définition de l'art, sans que tu prennes en compte les remarques que je fais sur les quelques exemples que tu nous donne en disant c'est de l'art.
Je crois que j'ai surtout eu tort de louper le début du débat, à savoir Myazaki. Tu as tenu des propos dans ton argumentaire sur ce brave japonais qui m'ont choqué, notamment concernant ce qui est art et ce qui ne l'est pas. Je me suis offusqué et je m'offusque toujours mais tu n'es pas totalitaire et n'impose pas ta vision à l'ensemble du forum.
J'ai pris bon nombre de tes propos au pied de la lettre. (je vais au cinéma pour être élevé et pas diverti, ça n'est pas de l'art, le divertissement ça pue des fesses...)
Relis mon long message de la page précédente concernant les studios, peut-être que tu trouvera des points d'accord.
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Je pense que l'un de mes films références est comme toi Lost Higway, avoue que c'est marrant. Je suis satisfait de mon rapport à l'art, J'aime être élevé quand je vais au cinéma, mais je ne vais pas au cinéma que pour ça, je suis ravi que ma culture me permette de saisir les intentions du peintre quand je vois un de ces tableaux, et je suis aussi ravi de passer à coté d'une pièce de théâtre No. Parce que l'art peut aussi procurer des émotions sans aucune référence culturelle commune. Je sais que tu rejettes cet argument puisque le mec qui se perd dans une expo et trouve un truc joli est à coté de la plaque. Je suis content d'être ce mec à coté de la plaque parfois, je suis content d'être plus que ça parfois.
Je vais essentiellement au cinéma et au théâtre pour ressentir des choses, ça passe donc beaucoup par le prisme de l'émotion que tu rejettes. J'aime être changé en sortant de la salle, poussé, tiré, chamboulé, élevé, mais aussi rabaissé parfois, vidé..
Je sais bien et tu l'a déjà dit dès ta première intervention, relis tu verra que j'étais ok avec ça.
Concernant le mec qui passe à côté, je ne disais pas exactement ça. Le passage en question:
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Par chance il arrive que certains aient l'impression d'être "divertis" en regardant une œuvre d'art, mais en réalité quand ce cas de figure se produit, ils sont guidés, élevés.
Déjà quand tu es paumé face au Nô, tu es en fait enrichi car tu découvres la culture d'un pays étranger.
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Enfin, le mec qui considère les peintures des grands maîtres comme étant simplement de beaux dessins réalistes, et qui fait un tour au musée pour voir à quoi ça ressemble, sans sensibilité artistique, se sera peut-être diverti du fait de ses limites culturelles.
Donc je dis que le mec croit avoir été diverti, et que ça se limite à ça. Moi j'aurais tendance à lui dire qu'il a été enrichi sans s'en rendre compte. Donc je n'impose pas une vision intellectualiste de l'art, et je n'impose pas la compréhension totale comme démarche qui serait indispensable.
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Ta définition de l'art, ou le peu que tu en donnes me choque. J'ai déjà écrit que pour moi il y a avait de l'art par hasard et de l'art par accident, Je ne pense pas que pour faire de l'art il faille faire preuve de rigueur, et je pense que les artistes rigoureux sont chiants.
C'est loin d'être le cas de David Lynch pour notre plaisir commun.
On ne parle pas la même langue et c'est certainement ma faute, mais c'est trop stérile là. Ne prends pas ça pour un aveu de faiblesse mais je préfère qu'on en reste là, enfin si plutôt prends le comme tu veux. Retournons à Myazaki.
Oui retournons à Miyazaki, et réponds à cette question:
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Je demande donc: avec le code auquel est soumis Miyazaki, où est l'innovation ? Où est la liberté totale de création ? Vous ne pouvez pas nier l’existence de ce code, mais à défaut, justifiez son emploi. Et je ne lui reproche même pas de faire toujours la même chose