Citation (Alain Miamdelin @ 11/11/2019 00:13)

Tu penses que si on devait choisir 10 œuvres en musique, littérature, danse, peinture on citerait des choses qui ont existées dans les 50 premières années après la création de ces arts ?
Pour moi oui, l'art est incrémental. Le génie humain est cumulatif et la technique et les techniques s'enrichissent de chaque ajout et on construit par-dessus. Ça veut pas dire que ça monte à l'infini non plus. Les 10 meilleures toiles ont peut-être 500 ans mqiq t'as quand même eu des milliers d'années de travail auparavant. Et personne ne va citer lascau comme la meilleure peinture de tous les temps sans que ça lui enlève son statut d'œuvre majeure.
Pour Citizen Kane je veux bien que tu développe. Le but n'est pas de dire que c'est un grand film, mais un film plus grand que les autres.
Je dis ça sans a priori, vraiment. Mais des grands films t'en as une infinité si tu veux, pas quand tu fais un top. Et pour moi l'idée n'est pas la même quand tu sélectionnes les "meilleurs" que quand tu sélectionnes les œuvres les plus importantes, les plus "majeures".
Hitchcock par exemple c'est un des plus grands et personne le niera. Il a inventé la moitié du cinéma, ses trucs ont été repris mille fois. Mais forcément quand tu découvres Psychose à sa sortie ou en 2019 après avoir vue mille copies/réinterprétations, l'effet n'est pas le même.
Je suis pas d'accord avec ton histoire des arts mais j'ai peur qu'on parte pour des gros pavés et j'aime pas ça...
Le cinéma n'est pas un art nouveau qui n'aurait aucun rapport avec les arts dont il est dérivé: tous les arts de représentation comme le dessin ou la peinture justement, le théâtre et la littérature également, et la photographie évidemment.
En 1915 tout ce qui fait le genre "cinéma" comme on le connait existe déjà: la durée de la représentation, le mode de récit, le montage, le mélange du son avec les images, et même la couleur parfois, donc y'a plus besoin d'attendre un développement technique qui changerait la nature du medium et mériterait de noter les œuvres dans le contexte.
C'est vrai que le cinéma souffre d'un effet particulier, c'est que pour la plupart des gens c'est plus un divertissement qu'un art.
Du coup c'est normal que pour pas mal de spectateurs la dernière innovation, le dernier effet spécial qui va donner un nouveau frisson est privilégié comme à la fête foraine (le cinéma a commencé comme art forain) mais ça n'a rien à voir avec la valeur artistique de l'oeuvre on est d'accord.
Pour un cinéphile ça se fait comme pour un littéraire ou un musicien: à force d'ingurgiter des œuvres, d'être éduqué à cet art, tu finis par apprécier même des choses qui paraissent très éloignées au 1er abord.
Pour moi le 1er King Kong réalisé en 1933 en nb avec des effets spéciaux datés reste un chef d'oeuvre et la meilleure version du sujet, même si je déteste pas certaines scènes des nombreux remakes.
Pourquoi? Parce qu'il y a un sens de l'aventure, de l'érotisme qui n'a jamais été aussi parfait que dans cette 1ère mouture, que l'invention des effets spéciaux est telle qu'ils dégagent une poésie bien supérieure aux effets les plus réussis d'aujourd'hui.
Ce film reste toujours dans ma liste des 100 meilleurs films, pas parce qu'un historien du cinéma me l'aurait dit mais parce que je l'ai ressenti comme tel dès sa première vision.
C'est pareil pour beaucoup de monde avec Citizen Kane (même si moi je préfère "La soif du mal" de Welles), l'utilisation de la profondeur de champs dans ce film est tellement belle, puissante dans le lien qu'elle procure entre l'histoire et la manière de la raconter qu'elle peut très bien être pour certains un achèvement cinématographique inégalable.
Les gros plans de la Passion de Jeanne d'Arc, de Dreyer en 1928 sont d'une force plastique et morale qu'ils font du film un chef d'oeuvre qui marquera n'importe quel cinéphile qui le verra même en 2019, y'a aucune avancée technique qui pourrait les dépasser...