
Le film est divisé en quatre parties, étalées sur une dizaine d'années (1989-1999), dans une ambiance très marquée par l'époque. Il raconte l'histoire de Laurence, un homme, amoureux fou de Fred, une femme. Mais depuis toujours Laurence veut changer de sexe. Il a toujours gardé ce secret enfoui en lui, mais le jour où il décide de tout avouer à sa moitié, le destin du couple va être bouleversé. La séquence d'introduction nous amène directement à la fin du film, élément qui aura toute son importance lors de la dernière séquence. La première moitié du film traite principalement de l'acceptation du choix de Laurence (Melvil Poupaud, à la fois plein de doutes et de conviction) par ses proches. Par sa belle-sœur (Monia Chokri, déjà présente dans Les Amours Imaginaires). Par sa mère (Nathalie Baye, qui va se rapprocher petit à petit de son fils, en essayant de désamorcer la situation avec beaucoup d'humour). Et surtout par Fred (Suzanne Clément, d'une intensité folle, qui mérite amplement son prix d'interprétation à Cannes). Le lien fort qui unit les deux êtres va alors être complètement chamboulé. Dès les premières minutes, on reconnaît tout de suite le style si caractéristique de Dolan. Les envolées pop qui s'intercalent entre les séquences pour marquer l'état d'un personnage, l'image mettant en valeur les couleurs, les longs travellings au ralenti, les discussions filmées en gros plan longue focale, les plans très larges et les personnages enfermés dans un cadre lorsqu'il faut prendre du recul... Les détracteurs dénonceront toujours le côté pompeux, maniériste et prétentieux de la mise en scène, et ils n’auront pas totalement tort. On sent que Dolan a eu beaucoup de mal à trancher dans ses séquences, ce qui nuit énormément au rythme du film, surtout dans la première partie, bien trop longue. Certains passages paraissent inutiles pour faire avancer l’intrigue, et le film tend parfois un peu trop vers la boursoufflure. Malgré tout, le projet est mené avec une véritable sincérité. Dolan veut aller au bout de lui-même et de son cinéma. C’est cette sincérité qui va nous entraîner dans une deuxième moitié absolument déchirante de passion destructrice, portée par une bande originale dantesque, mélangeant musique électro actuelle – l’envolée lyrique de la séquence des habits qui tombent du ciel, sur le « A New Error » de Moderat, va devenir aussi culte que la scène de danse sur le « Pass this on » de The Knife, dans le précédent film de Dolan – et le meilleur de la fin des années 80 et des années 90 (Depeche Mode, Kim Carnes…). Le final, avec ces deux dernières séquences si judicieusement mises côte à côte, conclue un film loin d’être parfait (comme tous les films de Dolan) mais qui émeut grâce à sa sincérité et sa passionnante histoire d’amour : « Laurence Anyways »
A noter pour tous les fans de Mylène Jampanoï (et je sais qu'il doit y'en avoir sur ce forum, des fans de la plus belle eurasienne du monde), elle apparaît 5 minutes dans le film.