Citation (Guilanboy @ 21/06/2017 21:08)

Je me suis toujours demandé, vous vous impliquez émotionnellement dans ce genre de cas ?

Les familles d'accueil n'ont pas vraiment le choix, c'est toute la difficulté de leur job. Elles doivent fournir un cadre affectif tout en évitant l'attachement, l'enfant étant susceptible de repartir n'importe quand. Après c'est très variable suivant les situations.
Pour les travailleurs sociaux ou cadres administratifs, le contact est moins quotidien, c'est donc plus facile de rester à distance ce qui est indispensable pour se préserver et éviter de trop s'impliquer émotionnellement. Cela-dit, ça reste inévitable et même souhaitable pour bien faire son boulot. Tu ne peux pas faire du "bon" social en traitant les situations comme de simples dossiers. Il faut de la compréhension, de la tolérance, de l'empathie et donc, forcément, ça te touche personnellement.
Et comme c'est personnel, ça dépend de chacun. Des situations me laissent de marbre alors que des collègues se sentiront très touchés et inversement. Ce n'est pas une question de gravité d'ailleurs. Perso je gère bien les situations de violences mais dès que ça touche à l'abandon, ça me fragilise beaucoup plus.
Ce qui est passionant c'est que ça vient questionner tes référentiels éducatifs, moraux, culturels.
Par exemple on est en train de relacher un petit rom de 3 ans dans la nature et je dois batailler pour aller dans ce sens tellement ça choque les collègues qu'il puisse retourner dans un squat pouilleux, se retrouver à faire la manche et dans 5 ans à piquer le sac à main de mémé.