Citation
Le fair-play financier revu et corrigé
ETIENNE MOATTI
L'uefa va modifier son système afin de permettre aux ciubs d'investir sans être immédiatement sanctionnés en cas de déficit. une bonne nouvelle pour le paris-sg.
LE PROCHAIN comité exécutif de l'UEFA, qui se tient les 29 et 30 juin à Prague, en République tchèque, devrait être favorable au PSG et à Manchester City, les « nouveaux entrants » sur le marché du football européen qui se sont vu claquer la porte au nez, en fin de saison dernière, au nom du fair-play financier. Il est en effet probable que ce système qui réclame aux clubs un équilibre entre leurs dépenses et leurs recettes soit amendé afin de permettre aux investisseurs crédibles de ne pas être bloqués par un cadre trop rigide. Dans le détail, il est prévu que l'UEFA, par le biais de la chambre d'instruction de l'instance de contrôle financier des clubs (ICFC), puisse accepter un déficit momentané pour peu qu'on lui présente un plan sur trois ou quatre ans avec un prévisionnel sérieux de hausse des recettes. Et que le club concerné ait derrière lui un financier offrant toutes les garanties de solvabilité.
PLATINI:«J'AI TENDANCE À PENSER QUE L'ON VA ALLÉGER »
Sur RTL, Michel Platini, le président de l'UEFA, a évoqué un pas en avant dans le sens d'une plus grande flexibilité. « Je pense qu'on va alléger les choses, a-t-il indiqué. Ce sera le comité exécutif (de la Confédération européenne) qui décidera s'il y a un allégement. Mais vous le saurez au mois de juin. » Joint hier, l'ancien capitaine des Bleus est allé plus loin : « Le fair-play financier a permis une baisse sensible des pertes des clubs européens (passées de 1,7 milliard d'euros en 2011 à 400 millions d'euros en 2014). C'est une grande réussite. Maintenant, il y a peut-être des choses à affiner, car au départ on est partis d'une feuille blanche. Un groupe de travail planche depuis des mois.
Il va faire des propositions qui seront présentées au comité exécutif. C'est lui qui va décider si on allège un peu notre système ou pas. Moi, j'ai plutôt tendance à penser qu'on va alléger. » Après une première phase où le fair-play financier a permis un début d'assainissement comptable du football européen, l'idée est de corriger les effets pervers d'un règlement qui fige trop les positions. Car, s'il est louable d'essayer d'empêcher l'éclatement de la bulle spéculative, une réelle menace depuis des années, il est ridicule d'empêcher les investisseurs de miser sur le football en les obligeant à avoir des recettes immédiates qu'ils ne peuvent pas inventer. Il faut forcément plusieurs années pour se développer quand on ne s'appelle pas le Real Madrid, le Barça, le Bayern Munich, Manchester United ou la Juve : c'est le sens des aménagements qui devraient être entérinés fin juin à Prague.
Autre piste, mais moins aboutie : une prise en compte, du moins partielle, de la fiscalité qui n'est pas homogène en Europe (voir infographie). Le 13 octobre dernier, Nasser al-Khelaiîi et Jean-Claude Blanc, les dirigeants du PSG, étaient à Nyon, au siège suisse de l'UEFA, pour une grande réunion sur le fair-play financier. Toujours affable, le président parisien s'était dit « supporter du fair-play financier », mais avait rappelé que les charges et les impôts qui pèsent sur les clubs français les désavantagent par rapport à leurs concurrents européens. Ce déséquilibre, expliquait-il, « complique » un juste comparatif entre les uns et les autres. Également présent à Nyon, Jean-Michel Aulas, le président de l'OL, était venu en soutien, confirmant les handicaps de notre football. Les arguments des deux clubs français qui vont participer à coup sûr à la prochaine Ligue des champions pourraient porter leurs fruits, même si, du côté de l'UEFA, on assure privilégier « une philosophie globale plus ouverte aux investisseurs ». « Nous voulons des aménagements qui encouragentle développement de l'économie des clubs, pourpeu que les financiers qui investissent dans le football soient à même de prouver qu'ils font les choses comme il faut, poursuit un expert de la Confédération européenne. L'idée est de ne pas juger uniquement la situation comptable immédiate, mais de permettre d'avoir une stratégie sur une durée un peu plus longue. »
Cette « philosophie un peu différente » n'est en tout cas pas dictée par la peur des plaintes déposées contre le fair-play financier (voir par ailleurs). Ni imaginée pour arranger les affaires du PSG. « On fait un règlement pour le football européen, pas pour un seul club, rappelle Michel Platini. En France, il faut arrêter de fantasmer avec le fair-play financier. » II n'empêche que, pour le PSG, -puisque Monaco a choisi une autre voie, plus axée sur les jeunes talents -, cet étau qui se desserre ouvre des perspectives plus enthousiasmantes. Cet été, le club de la capitale ne sera pas inactif sur le front des transferts. Mais il restera bloqué dans ses ambitions par les limites que lui impose l'UEFA. Dans un an, en revanche, il pourra se lancer dans une offensive de plus grande envergure, pour tenter de combler l'écart qui le sépare des meilleurs. Il en a toujours eu les moyens depuis sa prise de contrôle par QSI en 2011. Il en aura bientôt à nouveau la possibilité
ETIENNE MOATTI
L'uefa va modifier son système afin de permettre aux ciubs d'investir sans être immédiatement sanctionnés en cas de déficit. une bonne nouvelle pour le paris-sg.
LE PROCHAIN comité exécutif de l'UEFA, qui se tient les 29 et 30 juin à Prague, en République tchèque, devrait être favorable au PSG et à Manchester City, les « nouveaux entrants » sur le marché du football européen qui se sont vu claquer la porte au nez, en fin de saison dernière, au nom du fair-play financier. Il est en effet probable que ce système qui réclame aux clubs un équilibre entre leurs dépenses et leurs recettes soit amendé afin de permettre aux investisseurs crédibles de ne pas être bloqués par un cadre trop rigide. Dans le détail, il est prévu que l'UEFA, par le biais de la chambre d'instruction de l'instance de contrôle financier des clubs (ICFC), puisse accepter un déficit momentané pour peu qu'on lui présente un plan sur trois ou quatre ans avec un prévisionnel sérieux de hausse des recettes. Et que le club concerné ait derrière lui un financier offrant toutes les garanties de solvabilité.
PLATINI:«J'AI TENDANCE À PENSER QUE L'ON VA ALLÉGER »
Sur RTL, Michel Platini, le président de l'UEFA, a évoqué un pas en avant dans le sens d'une plus grande flexibilité. « Je pense qu'on va alléger les choses, a-t-il indiqué. Ce sera le comité exécutif (de la Confédération européenne) qui décidera s'il y a un allégement. Mais vous le saurez au mois de juin. » Joint hier, l'ancien capitaine des Bleus est allé plus loin : « Le fair-play financier a permis une baisse sensible des pertes des clubs européens (passées de 1,7 milliard d'euros en 2011 à 400 millions d'euros en 2014). C'est une grande réussite. Maintenant, il y a peut-être des choses à affiner, car au départ on est partis d'une feuille blanche. Un groupe de travail planche depuis des mois.
Il va faire des propositions qui seront présentées au comité exécutif. C'est lui qui va décider si on allège un peu notre système ou pas. Moi, j'ai plutôt tendance à penser qu'on va alléger. » Après une première phase où le fair-play financier a permis un début d'assainissement comptable du football européen, l'idée est de corriger les effets pervers d'un règlement qui fige trop les positions. Car, s'il est louable d'essayer d'empêcher l'éclatement de la bulle spéculative, une réelle menace depuis des années, il est ridicule d'empêcher les investisseurs de miser sur le football en les obligeant à avoir des recettes immédiates qu'ils ne peuvent pas inventer. Il faut forcément plusieurs années pour se développer quand on ne s'appelle pas le Real Madrid, le Barça, le Bayern Munich, Manchester United ou la Juve : c'est le sens des aménagements qui devraient être entérinés fin juin à Prague.
Autre piste, mais moins aboutie : une prise en compte, du moins partielle, de la fiscalité qui n'est pas homogène en Europe (voir infographie). Le 13 octobre dernier, Nasser al-Khelaiîi et Jean-Claude Blanc, les dirigeants du PSG, étaient à Nyon, au siège suisse de l'UEFA, pour une grande réunion sur le fair-play financier. Toujours affable, le président parisien s'était dit « supporter du fair-play financier », mais avait rappelé que les charges et les impôts qui pèsent sur les clubs français les désavantagent par rapport à leurs concurrents européens. Ce déséquilibre, expliquait-il, « complique » un juste comparatif entre les uns et les autres. Également présent à Nyon, Jean-Michel Aulas, le président de l'OL, était venu en soutien, confirmant les handicaps de notre football. Les arguments des deux clubs français qui vont participer à coup sûr à la prochaine Ligue des champions pourraient porter leurs fruits, même si, du côté de l'UEFA, on assure privilégier « une philosophie globale plus ouverte aux investisseurs ». « Nous voulons des aménagements qui encouragentle développement de l'économie des clubs, pourpeu que les financiers qui investissent dans le football soient à même de prouver qu'ils font les choses comme il faut, poursuit un expert de la Confédération européenne. L'idée est de ne pas juger uniquement la situation comptable immédiate, mais de permettre d'avoir une stratégie sur une durée un peu plus longue. »
Cette « philosophie un peu différente » n'est en tout cas pas dictée par la peur des plaintes déposées contre le fair-play financier (voir par ailleurs). Ni imaginée pour arranger les affaires du PSG. « On fait un règlement pour le football européen, pas pour un seul club, rappelle Michel Platini. En France, il faut arrêter de fantasmer avec le fair-play financier. » II n'empêche que, pour le PSG, -puisque Monaco a choisi une autre voie, plus axée sur les jeunes talents -, cet étau qui se desserre ouvre des perspectives plus enthousiasmantes. Cet été, le club de la capitale ne sera pas inactif sur le front des transferts. Mais il restera bloqué dans ses ambitions par les limites que lui impose l'UEFA. Dans un an, en revanche, il pourra se lancer dans une offensive de plus grande envergure, pour tenter de combler l'écart qui le sépare des meilleurs. Il en a toujours eu les moyens depuis sa prise de contrôle par QSI en 2011. Il en aura bientôt à nouveau la possibilité
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L'horizon se dégage à Paris
DAMIEN DECORRE
Cet été, le psg aura toujours une marge de manoeuvre contrainte. en revanche, dès 2016, sa puissance financière retrouvera de son éclat dans le mercato.
SI L'AMÉNAGEMENT des principes du fair-play financier qui devrait être entériné fin juin, à Prague, est favorable aux intérêts parisiens, ces modifications ne devraient néanmoins rien changer, dans l'immédiat, aux règles qui s'imposent au club de la capitale pour le prochain mercato. Encore une fois, une dernière, le PSG devra équilibrer ses achats et ses ventes, lorsque l'enveloppe autorisée de 55 M€ aura été dépensée (sur un ou plusieurs joueurs). Mais Paris devrait profiter d'une latitude plus grande à partir de 2016, lorsque l'assouplissement du fairplay financier sera véritablement effectif.
Jusqu'ici, les sanctions prises par l'UEFA ont davantage figé les positions au sommet de l'Europe qu'elles ne se sont distinguées par leur côté « fair-play ». L'été dernier, les dirigeants parisiens n'avaient pas pu recruter Angel Di Maria parce qu'ils avaient déjà acheté David Luiz (49,5 M€) et le PSG n'a pu étoffer son effectif dans les proportions qu'il envisageait. Et, cet hiver, ils ont été confrontés aux mêmes écueils, lorsqu'ils se sont intéressés à la piste Kevin De Bruyne. Wolfsburg n'aurait jamais vendu son milieu belge à moins de 40 M€, une somme que Paris avait les moyens mais pas le droit d'aligner. L'encadrement de la masse salariale fut également un sérieux frein à l'élan parisien. libre en juin, Daniel Alves a longtemps été un dossier suivi, mais l'international brésilien du Barça (32 ans) souhaitait un contrat de trois ans et une rémunération annuelle de 10 M€. Dans l'absolu, cela ne poserait aucun problème pour Paris. Mais les sanctions étant ce qu'elles sont, le PSG n'avait pas l'intention d'éclater son plafond salarial pour un latéral droit, si performant soit-il.
LES PRÊTS AVEC OPTION D'ACHAT OBLIGATOIRE, LA TENDANCE ESTIVALE ?
À cause du fair-play financier, le Paris-Saint-Germain a donc été obligé de revisiter ses ambitions sur le marché des transferts. Les noms de Léo Messi, Cristiano Ronaldo ou encore Wayne Rooney, qui avaient si souvent alimenté la chronique lors des deux saisons qui ont suivi le rachat du club par Qatar Sports Investments (en 2011), ont disparu des cibles potentielles. Les trois derniers transferts réalisés par Paris se nomment Yohan Cabaye, David Luiz et Serge Aurier, trois internationaux peut-être, mais qui n'ont pas la même dimension galactique que la « Puce » argentine, CR 7 ou l'attaquant anglais de Manchester United.
Avec l'assouplissement des critères, le projet parisien devrait donc reprendre un nouvel élan. Cet été, les champions de France n'auront pas encore les moyens de multiplier les prises de choix mais ils pourront déjà réaliser un peu plus de transactions que les deux de l'été dernier en utilisant, par exemple, des prêts avec option d'achat obligatoire l'année suivante, sur le modèle d'Aurier avec Toulouse. Paris entrevoit de nouveau la lumière, même si, pour l'heure, ce n'est qu'un léger filet. Il n'est peut-être pas encore suffisant pour imaginer une multitude de grands noms dans les prochaines semaines, mais il permet déjà aux dirigeants d'anticiper la future succession de Zlatan Ibrahimovic avec un peu plus de latitude et de sérénité. Rêver plus grand redevient de l'ordre du possible à Paris.
DAMIEN DECORRE
Cet été, le psg aura toujours une marge de manoeuvre contrainte. en revanche, dès 2016, sa puissance financière retrouvera de son éclat dans le mercato.
SI L'AMÉNAGEMENT des principes du fair-play financier qui devrait être entériné fin juin, à Prague, est favorable aux intérêts parisiens, ces modifications ne devraient néanmoins rien changer, dans l'immédiat, aux règles qui s'imposent au club de la capitale pour le prochain mercato. Encore une fois, une dernière, le PSG devra équilibrer ses achats et ses ventes, lorsque l'enveloppe autorisée de 55 M€ aura été dépensée (sur un ou plusieurs joueurs). Mais Paris devrait profiter d'une latitude plus grande à partir de 2016, lorsque l'assouplissement du fairplay financier sera véritablement effectif.
Jusqu'ici, les sanctions prises par l'UEFA ont davantage figé les positions au sommet de l'Europe qu'elles ne se sont distinguées par leur côté « fair-play ». L'été dernier, les dirigeants parisiens n'avaient pas pu recruter Angel Di Maria parce qu'ils avaient déjà acheté David Luiz (49,5 M€) et le PSG n'a pu étoffer son effectif dans les proportions qu'il envisageait. Et, cet hiver, ils ont été confrontés aux mêmes écueils, lorsqu'ils se sont intéressés à la piste Kevin De Bruyne. Wolfsburg n'aurait jamais vendu son milieu belge à moins de 40 M€, une somme que Paris avait les moyens mais pas le droit d'aligner. L'encadrement de la masse salariale fut également un sérieux frein à l'élan parisien. libre en juin, Daniel Alves a longtemps été un dossier suivi, mais l'international brésilien du Barça (32 ans) souhaitait un contrat de trois ans et une rémunération annuelle de 10 M€. Dans l'absolu, cela ne poserait aucun problème pour Paris. Mais les sanctions étant ce qu'elles sont, le PSG n'avait pas l'intention d'éclater son plafond salarial pour un latéral droit, si performant soit-il.
LES PRÊTS AVEC OPTION D'ACHAT OBLIGATOIRE, LA TENDANCE ESTIVALE ?
À cause du fair-play financier, le Paris-Saint-Germain a donc été obligé de revisiter ses ambitions sur le marché des transferts. Les noms de Léo Messi, Cristiano Ronaldo ou encore Wayne Rooney, qui avaient si souvent alimenté la chronique lors des deux saisons qui ont suivi le rachat du club par Qatar Sports Investments (en 2011), ont disparu des cibles potentielles. Les trois derniers transferts réalisés par Paris se nomment Yohan Cabaye, David Luiz et Serge Aurier, trois internationaux peut-être, mais qui n'ont pas la même dimension galactique que la « Puce » argentine, CR 7 ou l'attaquant anglais de Manchester United.
Avec l'assouplissement des critères, le projet parisien devrait donc reprendre un nouvel élan. Cet été, les champions de France n'auront pas encore les moyens de multiplier les prises de choix mais ils pourront déjà réaliser un peu plus de transactions que les deux de l'été dernier en utilisant, par exemple, des prêts avec option d'achat obligatoire l'année suivante, sur le modèle d'Aurier avec Toulouse. Paris entrevoit de nouveau la lumière, même si, pour l'heure, ce n'est qu'un léger filet. Il n'est peut-être pas encore suffisant pour imaginer une multitude de grands noms dans les prochaines semaines, mais il permet déjà aux dirigeants d'anticiper la future succession de Zlatan Ibrahimovic avec un peu plus de latitude et de sérénité. Rêver plus grand redevient de l'ordre du possible à Paris.