PARIS SG 5 - 1 LOKOMOTIV SOFIA
28 septembre 1982
16e de finale Retour de la Coupe des Vainqueurs de Coupe
Parc des Princes - 32000 spectateurs
Composition des équipesParis SGBaratelli - Pilorget - Bathenay - Morin - Lemoult - Zaremba - L.Fernandez - Ardiles - Toko - Kist - Dahleb
RemplacementsParis SGZaremba par Renaut - Dahleb par N'Gom
ButsParis SGToko ( 20e 81e ) - Bathenay ( 66e ) - N'Gom ( 85e ) - Lemoult ( 88e )
Lokomotiv SofiaBogdanov ( 51e )
Compte renduLa saison 82-83 qui débute s'annonce alléchante et festive. Le PSG vient de gagner son premier trophée en remportant la Coupe de France face à St Etienne. L'équipe de France a réalisé une grande Coupe du Monde en Espagne et tous les français ont encore en mémoire le match de Séville et son scénario débridé.
St Etienne, Nantes, Monaco et Bordeaux sont les grands clubs de l'époque, Marseille végète en deuxième division et le PSG veut s'installer parmi les plus grands clubs français. Monaco représentera la France en Coupe des Clubs Champions, St Etienne, Bordeaux et Sochaux participeront eux à la Coupe de l'UEFA et le PSG étrennera ses premiers galons européens en Coupe des Vainqueurs de Coupes.
En cet été chaud et humide, Francis Borelli avait promis qu'il mettrait la main au portefeuille et qu'une grande star allait arriver afin d'atteindre les objectifs qu'il a fixé pour son club, à savoir faire un parcours honorable en Coupe d'Europe, essayer de conserver la Coupe de France et surtout, finir le championnat dans les cinq premiers.
Ivica Surjak a signé à l'Udinese, il ne sera resté qu'un an au club mais y aura laissé un très beau souvenir, finissant meilleur buteur du club avec 11 buts et en ayant distillé son talent tout au long de la saison. Raymond Domenech part à Bordeaux, il ne sera lui aussi resté qu'un an mais n'aura pas laissé un souvenir impérissable.
Dés la fin de saison précédente et après la victoire contre St Etienne, Borelli n'avait qu'une idée en tête, faire signer Safet Susic, international yougoslave et méga star de son club le FK Sarajevo. Charles Talar, vice-président du PSG est allé le voir jouer plusieurs fois et est revenu à chaque fois enthousiasmé par le joueur et réussit à convaincre Borelli, que c'est lui la star qu'il faut au club et que son talent parviendra à attirer la foule au Parc des Princes. Il signe à Paris juste avant la Coupe du Monde mais la loi yougoslave de l'époque interdit aux joueurs de quitter le pays avant l'âge de 28 ans et Susic n'en a que 27. La fédération yougoslave bloque le transfert et Safet n'arrivera à Paris qu'en fin d'année 82, juste avant la trêve hivernale.
Qu'à cela ne tienne, Borelli veut sa star maintenant et Oswaldo Ardiles va arriver en grande pompe. Star du football argentin, champion du monde en 1978, il joue à Tottenham mais la guerre des Malouines qui sévit entre l'Angleteere et l'Argentine fait que sa situation est intenable à Londres et il débarque à Paris le 3 juillet 1982. Avec sa tête de danseur de tango, son poste est milieu relayeur mais officiera en tant que meneur de jeu, poste auquel il n'est pas adapté. Il ne restera que six mois et repartira au mois de décembre et ne fera que croiser Safet Susic.
Pascal Zaremba, défenseur central ou milieu défensif arrive de Valenciennes et Kees Kist international néerlandais, avant centre de AZ Alkmaar, soulier d'or européen en 1979 sont les deux autres recrues de ce PSG ambitieux. L'équipe a fière allure, parallèlement à ces trois renforts, Frank Tanasi formé au club revient d'un prêt à Orléans et Luis Fernandez au club depuis trois saisons signe son premier contrat pro et obtient la nationalité française.
Le début de saison commence cahin-caha et c'est avec un bilan de deux victoires, deux nuls et deux défaites après six journées que le PSG s'envole en Bulgarie pour y disputer son premier match européen contre le Lokomotiv Sofia, troisième club de la capitale bulgare avec le CSKA et le Levski.
Le match n'est pas télévisé, et c'est l'oreille collée au poste de radio que j'écoute le match commenté par Jacques Vendroux sur France Inter, et qui voit l'équipe sofiote l'emporter sur le score de 1 à 0, ce qui préserve les chances du PSG en vue du match retour malgré le fait que de ne pas avoir inscrit le fameux but à l'extérieur, peut s'avérer rédhibitoire.
Le mardi 28 septembre 82 est un grand jour, c'est le premier match européen de l'histoire du PSG au Parc des Princes. Depuis le match aller quinze jours auparavant, le PSG a écrasé Mulhouse au Parc 5 à 1 avec trois buts de Kees Kist et a perdu à Bordeaux quatre jours avant ce rendez-vous européen. Je ne suis toujours pas abonné mais je ne rate pas un match au Parc depuis longtemps. Je n'y vais plus tout seul, j'ai entraîné mon frère, six ans plus jeune que moi dans mon délire, et c'est le cœur serré que nous prenons le bus pour nous rendre au Parc deux heures avant le match, nous imprégner de ce parfum enivrant qui est l'Europe en espérant goûter une épopée que St Etienne, Bastia et Lens avaient connue quelques années auparavant.
32 000 spectateurs garnissent les tribunes, je suis en tribune F bleu, cette tribune n'est pas encore réservée aux supporters adverses. De toute façon, aucun supporter bulgare n'a fait le déplacement et ce qui me frappe, c'est que contrairement aux matches de championnat où il y a toujours, nombreuse présence provinciale à Paris oblige, pas mal de spectateurs toujours prompts à encourager l'équipe adverse, cette fois ci, le Parc est entièrement derrière le PSG et c'est la première fois que j'ai ce sentiment.
Le Kop de Boulogne est bien présent, depuis quatre ans, les plus jeunes et plus actifs supporters parisiens ont pris possession de ce virage et se chargent d'y créer une ambiance à base de quelques fumigènes et de chants à la gloire du club. L'ambiance y était bon enfant jusqu'au début de cette saison où quelques skinhead y font leur apparition, pour aller crescendo tout au long de l'année.
Le match commence sous les meilleurs auspices et voit Toko ouvrir le score à la 20è minute. Les deux équipes sont à égalité sur l'ensemble des deux matches et l'arbitre siffle la mi-temps sur cette courte avance parisienne qui me rassure qu'à moitié car on n'est pas à l'abri d'un but bulgare qui nous compliquerait singulièrement la tâche. Le match est télévisé sur TF1. C'est seulement la deuxième fois dans l'histoire du club qu'un de ses matches est retransmis en direct et c'est une belle occasion de se faire connaître et de rentrer dans le cœur des français. Le PSG est populaire à Paris mais ne l'est pas en province où son image « paillettes » et « show bizz » contraste fortement avec des clubs comme St Etienne, Lens ou Nantes plus ancrés dans les traditions.
La deuxième mi-temps débute et un coup de tonnerre survient lorsque Bogdanov égalise à la 51è minute et nous oblige à devoir marquer deux buts pour nous qualifier. Heureusement quinze minutes plus tard, Bathenay d'une frappe limpide des 25 mètres dans la lucarne redonne l'avantage aux parisiens mais la qualification n'est pas encore acquise. On domine, on attaque mais rien ne passe et mon frère et moi commençons à nous ronger les sangs. Ce serait terrible de se faire éliminer à cause du but bulgare marqué à l'extérieur.
Quand survient la 81è minute et un but venu d'ailleurs de Toko. Un retourné acrobatique hallucinant ponctue notre domination et permet au PSG d'être qualifié à ce moment du match. Mais il reste dix minutes et nous ne sommes pas à l'abri d'un but du Lokomotiv qui ruinerait nos espoirs et nous renverrait à nos chères études. Mais, ces dix dernières minutes allaient être sublimes de notre part et deux nouveaux buts inscrits par le regretté N'Gom et Lemoult suffirent à rendre notre succès limpide et sans appel.
Le Parc dans son ensemble rendit hommage aux joueurs et savoura cette victoire qui fut le prémice d'une belle saison européenne qui nous vit atteindre les ¼ de finales, performance très honorable pour une première apparition.
L'après match fut épique avec l'interview de Toko au micro de Georges Dominique qui restera dans les annales, à la question :
« Avez-vous marqué le plus beau but de votre carrière ? »
Toko répondit :
« Vous me connaissez, j'en ai marqué des plus beaux. »
L'essentiel n'était pas là mais bien dans le fait que le PSG avait passé avec brio ce tour de Coupe d'Europe et ce, devant plusieurs millions de téléspectateurs qui avaient sans doute apprécié cette rencontre spectaculaire et pleine de suspense.