La violence a toujours existé mais à titre personnel, ce que je constate sur mes 10 ans de carrière aujourd'hui, c'est que les dérapages se font de plus en plus jeunes à l'image de la société en effet.
Les responsabilités sont multiples et varient selon les endroits mais déjà, pour moi, le premier gros point noir c'est la formation qui n'en est pas une. A l'exception des profs d'EPS qui ont une réelle formation péda, dans les autres disciplines, c'est que du pipeau. J'ai été animateur BAFA, directeur de Centre de Vacances dès mes 21 ans et j'ai appris bien plus à travers ce parcours dans la gestion des jeunes que dans mon année de formation en IUFM.
Tu peux être la plus grande de stars dans ta discipline, si tu ne sais pas appréhender un ado, tu ne feras rien. Le côté relationnel, humain est hyper important et il y a aussi pour moi un charisme que tu as ou pas. Après, faut déjà commencer par ne pas avoir peur des jeunes… j'étais en formation à Brest en ZEP, j'ai volontairement demandé la Région Parisienne et toutes disciplines confondues, on était autour de 150 et on était que deux à vouloir y aller. Tous les autres ou presque y sont allés aussi mais ils l'ont subi complètement et tu n’appréhendes pas les choses de la même manière d'autant que tu te retrouves loin de ta famille, de tes potes etc. C'est pour ça que dès le début de carrière, il y a plein d'enseignants qui sont déjà déstabilisés.
En 10 ans j'ai été "agressé" une fois, ma première année en RP (Hautes Noues Villiers/Champigny sur Marne) par un élève de 3è plus grand que moi (1.83m/90kgs pour moi je vous laisse imaginer le gabarit du gosse ) qui a explosé en cours et qui m'a menacé, je me suis collé à sa tronche, je lui ai vociféré "Ok. Attention à toi, si je te croise en dehors du bahut, je serai pas Monsieur Untel et je vais te défoncer, tu vas bouffer de la purée pendant des semaines", toute la classe a explosé de rire, il s'est barré en claquant la porte et il est revenu s'excuser une heure après la queue entre les jambes. Heureusement, car il m'aurait mis la misère, je bluffais grave
. Tout ça pour dire que dans ces moments là, faut toujours se dire qu'on est face à des gosses de 12/13/14/15 piges et qu'il est hors de question de les laisser prendre le dessus mais pour ça, faut pas flipper et c'est plus simple pour moi et mon gabarit et ma grosse voix que la petite collègue qui fait 1.60m et 50kgs. Les gamins en abusent grave et ils saisissent la moindre faille. On a tous été élève et on l'a tous plus ou moins fait ou tout du moins constaté. Tu as des profs qui savent pas gérer donc tu en profites.
Après, il y a eu énormément de laxisme dans les sanctions. A partir du moment où un élève menace, agresse ou qu'il y a un fait de violence, il doit y avoir une grosse sanction mais le souci, pour ceux qui ne connaissent pas, c'est que si un conseil de discipline décide d'exclure un élève (sous réserve d’avoir un chef couillu qui s’en tape de voir son bahut stigmatisé parce qu’il exclut facilement les élèves), tu vas en récupérer un autre exclu d’un autre bahut du district et tu seras pas forcément « gagnant » pour faire simple. Tu fais que te refiler la patate chaude sans jamais réfléchir et travailler sur ce qui ne va pas car il n’y a pas de moyens. Faut pas se leurrer, un gamin qui dysfonctionne, il y a toujours une raison.
En 6è, aujourd’hui, on a environ 20% des gamins qui arrivent et ne maitrisent pas la lecture et le français correctement. Certains gosses, ils passent leur journée à passer de cours en cours sans rien piger. Ils ont des notes de merde, sont parfois stigmatisés par certains collègues qui construisent leur autorité sur l’humiliation etc… forcément ils explosent. Moi on me met une journée dans un contexte où je comprends que dalle à ce qui se passe autour de moi, je finis par péter un câble aussi. Je leur cherche pas d’excuses à outrance car malheureusement, chaque année, je vois des mômes, tu sens que ça va être chaud pour en tirer quelque chose mais c’est une petite minorité. La plupart, tu les mets en réussite, tu les valorises, tu créés un petit lien autre que l’école avec eux et tu arrives à les faire bosser et à te faire respecter sans problème. Seulement, comme je le disais au départ, ça, on l’apprend pas en formation.
Pour moi, il faudrait absolument tout repenser de A à Z pour que les choses évoluent. Il faut investir sur du très long terme et arrêter de mettre des pauvres rustines par ci par là. La politique éducative, c’est devenu de la communication mais la coquille se vide de plus en plus. Dès les petites classes, faut des effectifs réduits partout pour permettre aux enseignants d’accompagner chaque élève et pas qu’en ZEP, des difficultés, il y en a partout. Je suis loin d’être majoritaire à penser ça mais je persiste à dire qu’il y a aussi beaucoup trop de vacances et des journées beaucoup trop longues pour les gamins, il faudrait tout reventiler différemment… Cela demanderait pas forcément plus d’argent, juste de mieux l’investir et d’arrêter d’en gaspiller à tour de bras dans des conneries.
Bref, désolé pour ce pavé un peu décousu et non exhaustif mais mon taff c’est vraiment une passion et ça me fout les boules de pas pouvoir le faire comme j’en ai envie.
Les responsabilités sont multiples et varient selon les endroits mais déjà, pour moi, le premier gros point noir c'est la formation qui n'en est pas une. A l'exception des profs d'EPS qui ont une réelle formation péda, dans les autres disciplines, c'est que du pipeau. J'ai été animateur BAFA, directeur de Centre de Vacances dès mes 21 ans et j'ai appris bien plus à travers ce parcours dans la gestion des jeunes que dans mon année de formation en IUFM.
Tu peux être la plus grande de stars dans ta discipline, si tu ne sais pas appréhender un ado, tu ne feras rien. Le côté relationnel, humain est hyper important et il y a aussi pour moi un charisme que tu as ou pas. Après, faut déjà commencer par ne pas avoir peur des jeunes… j'étais en formation à Brest en ZEP, j'ai volontairement demandé la Région Parisienne et toutes disciplines confondues, on était autour de 150 et on était que deux à vouloir y aller. Tous les autres ou presque y sont allés aussi mais ils l'ont subi complètement et tu n’appréhendes pas les choses de la même manière d'autant que tu te retrouves loin de ta famille, de tes potes etc. C'est pour ça que dès le début de carrière, il y a plein d'enseignants qui sont déjà déstabilisés.
En 10 ans j'ai été "agressé" une fois, ma première année en RP (Hautes Noues Villiers/Champigny sur Marne) par un élève de 3è plus grand que moi (1.83m/90kgs pour moi je vous laisse imaginer le gabarit du gosse ) qui a explosé en cours et qui m'a menacé, je me suis collé à sa tronche, je lui ai vociféré "Ok. Attention à toi, si je te croise en dehors du bahut, je serai pas Monsieur Untel et je vais te défoncer, tu vas bouffer de la purée pendant des semaines", toute la classe a explosé de rire, il s'est barré en claquant la porte et il est revenu s'excuser une heure après la queue entre les jambes. Heureusement, car il m'aurait mis la misère, je bluffais grave



Après, il y a eu énormément de laxisme dans les sanctions. A partir du moment où un élève menace, agresse ou qu'il y a un fait de violence, il doit y avoir une grosse sanction mais le souci, pour ceux qui ne connaissent pas, c'est que si un conseil de discipline décide d'exclure un élève (sous réserve d’avoir un chef couillu qui s’en tape de voir son bahut stigmatisé parce qu’il exclut facilement les élèves), tu vas en récupérer un autre exclu d’un autre bahut du district et tu seras pas forcément « gagnant » pour faire simple. Tu fais que te refiler la patate chaude sans jamais réfléchir et travailler sur ce qui ne va pas car il n’y a pas de moyens. Faut pas se leurrer, un gamin qui dysfonctionne, il y a toujours une raison.
En 6è, aujourd’hui, on a environ 20% des gamins qui arrivent et ne maitrisent pas la lecture et le français correctement. Certains gosses, ils passent leur journée à passer de cours en cours sans rien piger. Ils ont des notes de merde, sont parfois stigmatisés par certains collègues qui construisent leur autorité sur l’humiliation etc… forcément ils explosent. Moi on me met une journée dans un contexte où je comprends que dalle à ce qui se passe autour de moi, je finis par péter un câble aussi. Je leur cherche pas d’excuses à outrance car malheureusement, chaque année, je vois des mômes, tu sens que ça va être chaud pour en tirer quelque chose mais c’est une petite minorité. La plupart, tu les mets en réussite, tu les valorises, tu créés un petit lien autre que l’école avec eux et tu arrives à les faire bosser et à te faire respecter sans problème. Seulement, comme je le disais au départ, ça, on l’apprend pas en formation.
Pour moi, il faudrait absolument tout repenser de A à Z pour que les choses évoluent. Il faut investir sur du très long terme et arrêter de mettre des pauvres rustines par ci par là. La politique éducative, c’est devenu de la communication mais la coquille se vide de plus en plus. Dès les petites classes, faut des effectifs réduits partout pour permettre aux enseignants d’accompagner chaque élève et pas qu’en ZEP, des difficultés, il y en a partout. Je suis loin d’être majoritaire à penser ça mais je persiste à dire qu’il y a aussi beaucoup trop de vacances et des journées beaucoup trop longues pour les gamins, il faudrait tout reventiler différemment… Cela demanderait pas forcément plus d’argent, juste de mieux l’investir et d’arrêter d’en gaspiller à tour de bras dans des conneries.
Bref, désolé pour ce pavé un peu décousu et non exhaustif mais mon taff c’est vraiment une passion et ça me fout les boules de pas pouvoir le faire comme j’en ai envie.
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