Aide - Recherche - Membres - Calendrier
Version complète : Topic Actualités
Forum de Culture PSG > Les forums du Bas : Parce que la communauté ne parle pas que de foot > Forum Général
Pages : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 54, 55, 56, 57, 58, 59, 60, 61, 62, 63, 64, 65, 66, 67, 68, 69, 70, 71, 72, 73, 74, 75, 76, 77, 78, 79, 80, 81, 82, 83, 84, 85, 86, 87, 88, 89, 90, 91, 92, 93, 94, 95, 96, 97, 98, 99, 100, 101, 102, 103, 104, 105, 106, 107, 108, 109, 110, 111, 112, 113, 114, 115, 116, 117, 118, 119, 120, 121, 122, 123, 124, 125, 126, 127, 128, 129, 130, 131, 132, 133, 134, 135, 136, 137, 138, 139, 140, 141, 142, 143, 144, 145, 146, 147, 148, 149, 150, 151, 152, 153, 154, 155, 156, 157, 158, 159, 160, 161, 162, 163, 164, 165, 166, 167, 168, 169, 170, 171, 172, 173, 174, 175, 176, 177, 178, 179, 180, 181, 182, 183, 184, 185, 186, 187, 188, 189, 190, 191, 192, 193, 194, 195, 196, 197, 198, 199, 200, 201, 202, 203, 204, 205, 206, 207, 208, 209, 210, 211, 212, 213, 214, 215, 216, 217, 218, 219, 220, 221, 222, 223, 224, 225, 226, 227, 228, 229, 230, 231, 232, 233, 234, 235, 236, 237, 238, 239, 240, 241, 242, 243, 244, 245, 246, 247, 248, 249, 250, 251, 252, 253, 254, 255, 256, 257, 258, 259, 260, 261, 262, 263, 264, 265, 266, 267, 268, 269, 270, 271, 272, 273, 274, 275, 276, 277, 278, 279, 280, 281, 282, 283, 284, 285, 286, 287, 288, 289, 290, 291, 292, 293, 294, 295, 296, 297, 298, 299, 300, 301, 302, 303, 304, 305, 306, 307, 308, 309, 310, 311, 312, 313, 314, 315, 316, 317, 318, 319, 320, 321, 322, 323, 324, 325, 326, 327, 328, 329, 330, 331, 332, 333, 334, 335, 336, 337, 338, 339, 340, 341, 342, 343, 344, 345, 346, 347, 348, 349, 350, 351, 352, 353, 354, 355, 356, 357, 358, 359, 360, 361, 362, 363, 364, 365, 366, 367, 368, 369, 370, 371, 372, 373, 374, 375, 376, 377, 378, 379, 380, 381, 382, 383, 384, 385, 386, 387, 388, 389, 390, 391, 392, 393, 394, 395, 396, 397, 398, 399, 400, 401, 402, 403, 404, 405, 406, 407, 408, 409, 410, 411, 412, 413, 414, 415, 416, 417, 418, 419, 420, 421, 422, 423, 424, 425, 426, 427, 428, 429, 430, 431, 432, 433, 434, 435, 436, 437, 438, 439, 440, 441, 442, 443, 444, 445, 446, 447, 448, 449, 450, 451, 452, 453, 454, 455, 456, 457, 458, 459, 460, 461, 462, 463, 464, 465, 466, 467, 468, 469, 470, 471, 472, 473, 474, 475, 476, 477, 478, 479, 480, 481, 482, 483, 484, 485, 486, 487, 488, 489, 490, 491, 492, 493, 494, 495, 496, 497, 498, 499, 500, 501, 502, 503, 504, 505, 506, 507, 508, 509, 510, 511, 512, 513, 514, 515, 516, 517, 518, 519, 520, 521, 522, 523, 524, 525, 526, 527, 528, 529, 530, 531, 532, 533, 534, 535, 536, 537, 538, 539, 540, 541, 542, 543, 544, 545, 546, 547, 548, 549, 550, 551, 552, 553, 554, 555, 556, 557, 558, 559, 560, 561, 562, 563, 564, 565, 566, 567, 568, 569, 570, 571, 572, 573, 574, 575, 576, 577, 578, 579, 580, 581, 582, 583, 584, 585, 586, 587, 588, 589
Miles


ph34r.gif
guiclay
Entre Erdogan qui s'imiscie dans le bordel en Lybie après l'avoir mis en Syrie et ce qu'il se passe en Irak, ça commence fort cette année.

Petit résumé en Irak
Putamadre
Comment enlever toute légitimité à la contestation contre le régime iranien en assassinant des symboles nationaux.

Du coup, tout ceux qui combattent pour la démocratie là bas, sont désormais vu comme des collabos, merci Donald !
noa
Grosse prise de confiance des iraniens quand même, les mecs attaquent l'ambassade US (plus grande et chère du monde) et se déplacent à plusieurs dans la même voiture (noobs) comme si de rien n'était.
ikki
Le Monde Diplomatique - Janvier 2020

Citation
BlackRock, la finance au chevet des retraités français

Frustrés par la faible part de l’épargne individuelle dans le système de retraite français, les géants de la finance espèrent que, avec la réforme Macron-Philippe, leur heure arrive enfin.


Au rez-de-chaussée d’un immeuble cossu de New York ouvert au public se trouvent une boutique de design ainsi qu’un bar, duquel s’échappe une harmonieuse mélodie improvisée par un pianiste pour le plus grand bonheur d’une clientèle huppée. Cet édifice appartient à BlackRock. Avec Vanguard et State Street, la société forme le gang des « Big Three » : les trois géants de la gestion d’actifs. Ensemble, ils cumulent environ 15 000 milliards de dollars (13 500 milliards d’euros) de capitalisation, soit l’équivalent du produit intérieur brut (PIB) de la Chine, et contrôlent un bloc majoritaire d’actions dans 90 % des entreprises du S&P 500, le premier indice boursier américain.

Mais les deux acolytes de BlackRock ne sont que des nains à côté de ce Léviathan financier. Avec un chiffre d’affaires supérieur à 12 milliards de dollars et près de quatorze mille « collaborateurs » dans une trentaine de pays, la société de M. Laurence D. Fink gère à elle seule plus de 6 000 milliards de dollars, soit près de deux fois et demie le PIB de la France.

BlackRock collecte ces sommes auprès de ses clients afin de les placer dans les titres d’entreprises du monde entier. Notamment à travers son produit-phare : l’Exchange Trading Fund (fonds négocié en Bourse, ETF). Dès lors qu’il dispose d’un minimum de 600 euros, n’importe quel quidam peut faire appel aux bons services de M. Fink, avec 2 378 modalités d’investissement possibles. Mais si BlackRock s’adresse aux « petits », auxquels l’institution propose des frais de gestion dix fois inférieurs à ceux prélevés pour les placements classiques, il ne néglige pas les gros poissons. Comme le fonds souverain norvégien, le plus important de la planète.

Le succès de la société s’explique par l’expertise sans égale que lui reconnaît le monde de la finance. La source de cette clairvoyance singulière porte un nom évocateur : Aladdin. Dans le conte oriental, Aladdin est un garçon des rues qui accède à une fortune infinie grâce aux prouesses d’un génie enfermé dans une lampe. Pour M. Fink, Aladdin est un acronyme : Asset, Liability, Debt and Derivative Investment Network, ou Réseau d’investissements en actifs, passifs, dettes et dérivés. Il s’agit d’un supercalculateur composé de six mille serveurs à haute performance qui surveillent chaque jour près de 20 000 milliards de dollars. Aladdin fonctionne si bien que, en mars 2019, M. Fink a annoncé qu’il comptait supprimer des centaines d’emplois d’analystes, préférant s’en remettre aux conseils de son bon génie.

Mais si Aladdin est devenu aussi puissant, c’est avant tout parce que certains dirigeants politiques ont décidé de lui faire confiance. Ainsi des gouvernements et banques centrales qui se sont tournés vers lui pour tester la solidité de leurs systèmes financiers à la suite de la crise de 2008. La note s’est par exemple élevée à 8 millions d’euros pour la Banque centrale européenne (BCE) en 2016. À peine un pourboire pour BlackRock, rétorquera-t-on. Certes, mais « les conseils que la société fournit aux banques centrales des Pays-Bas, de l’Espagne, de l’Irlande, de Chypre ou de la Grèce lui rapportent bien plus que de l’argent : de l’information », souligne l’économiste Don Quijones (1). Ainsi nourri des données les plus précieuses de la planète finance, l’algorithme Aladdin, loué à d’autres fonds, est devenu indispensable.

Sur ses conseils, BlackRock investit sur les cinq continents. Il possède une part de 40 % des entreprises américaines les plus importantes. Il vote dans 17 000 conseils d’administration, possède plus d’actions dans Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft que les fondateurs de chacune de ces sociétés. En France, il est propriétaire d’environ 5 % de BNP Paribas, d’Axa, de Renault, de Bouygues, de Total, de Vivendi, de la Société générale…

Cette logique tentaculaire permet à BlackRock de déployer une stratégie dite de common ownership (« propriété commune »). L’objectif : acquérir un poids suffisant dans le capital d’entreprises en concurrence dans un même secteur. Par exemple, dans le domaine de la chimie, le fonds dispose de blocs d’actions non négligeables chez Bayer, BASF, DuPont, Monsanto, Linde, ainsi que chez les français Arkema et Air Liquide. Rien de plus facile pour lui que de faire en sorte que son activisme actionnarial chez l’un serve ses intérêts chez l’autre, et les siens par-dessus tout. BlackRock peut ainsi plaider en faveur d’une fusion ici, d’une hausse des prix favorable aux dividendes là, etc. Trois chercheurs en économie ont publié en 2018 un article sur le common ownership (2). Ils ont établi que, dans le secteur de l’aviation commerciale, les prix des billets ont été maintenus à la hausse par les cinq principales compagnies aériennes américaines dans lesquelles BlackRock est actionnaire.

Pour M. Fink, Aladdin a donc transformé le monde en caverne d’Ali Baba. Et, au beau milieu de la grotte, il semble avoir identifié un joyau de forme hexagonale.

Rendre automatique l’adhésion à un plan d’épargne

En octobre 2017, le président Emmanuel Macron reçoit M. Fink ainsi qu’une poignée d’autres dirigeants du monde de la finance pour une présentation du programme de réformes de son gouvernement, sous la houlette du ministre de l’économie et des finances Bruno Lemaire. La même année, le président de BlackRock France, M. Jean-François Cirelli, un proche de M. Alain Juppé, qui a piloté la privatisation de Gaz de France lorsqu’il en était le président-directeur général, est invité à siéger au Comité action publique 2022 (CAP 22). Créé par M. Macron, ce dernier est censé identifier les « réformes structurelles » prioritaires, ainsi que les « économies significatives et durables » que l’État devra réaliser, quitte à envisager certains « transferts au secteur privé » ou l’« abandon » de certaines de ses missions (3).

Dans un document publié en juin 2019 et intitulé « La loi Pacte : le bon plan retraite » (4), M. Cirelli s’immisce dans le débat politique : « Nous présentons (…) nos recommandations sur les mesures qui contribueront à une réforme réussie », écrit-il, car celle-ci, qui permet de rendre l’« épargne retraite plus attractive », est « importante ». « Nos recommandations s’adressent au gouvernement français (…), aux employeurs et représentants du personnel », et visent à favoriser l’« accès aux ETF ». « L’objectif du gouvernement est de porter l’épargne retraite à 300 milliards d’euros à l’horizon de la fin du quinquennat. » Il suggère à Paris de s’inscrire dans le cadre de la nouvelle réglementation du plan Juncker et de son produit paneuropéen d’épargne retraite individuelle (PEPP) — un projet soutenu par le vice-président de la Commission européenne Valdis Dombrovskis, qui a lui-même désigné BlackRock pour mener les premières expérimentations.

Le document identifie trois axes autour desquels organiser l’action du gouvernement. Tout d’abord, « améliorer par voie de décrets d’application et d’ordonnances » l’accès à la retraite par capitalisation, puis pérenniser les incitations fiscales ; créer « un tableau de bord d’outils digitaux de type agrégateur-simulateur permettant à chaque épargnant d’évaluer ses futurs revenus », en imaginant une forme d’« éducation financière » : « De la même manière que les salariés français disposent d’un budget formation leur permettant de faire évoluer leurs qualifications professionnelles, on pourrait imaginer la création d’un budget formation financière » — qui permettrait de présenter les retraites par répartition et par capitalisation comme « complémentaires ». Enfin, rendre automatique l’adhésion à un plan d’épargne retraite. De façon à s’assurer que les changements de gouvernement ne remettent pas en cause de telles « avancées », il convient de surcroît d’associer à la réforme « une gouvernance de long terme, à travers la mise en place d’un organisme indépendant apte à en évaluer le coût et l’efficacité dans la durée, mais aussi à en garantir la pérennité ».

En 2019, dans la lettre annuelle que M. Fink adresse aux dirigeants d’entreprises, « dans lesquelles BlackRock investit », il explique : « La société, usée par les grands changements qui ont lieu au sein de l’économie et par l’incapacité des gouvernements à fournir des solutions pérennes, s’attend de plus en plus à ce que les entreprises, publiques comme privées, s’attaquent aux problèmes sociaux et économiques les plus urgents. (…) Une chose, néanmoins, est certaine : le monde a besoin de votre leadership. »

Sylvain Leder
Professeur de sciences économiques et sociales, a participé à la coordination du Manuel d’économie critique du Monde diplomatique, 2016.


------------
(1) Don Quijones, « Why’s the world’s biggest asset manager advising the ECB on the health of EU banks ? », Wolf Street, 15 octobre 2018.

(2) José Azar, Martin C. Schmalz et Isabel Tecu, « Anticompetitive effects of common ownership », The Journal of Finance, vol. 73, n° 4, Berkeley, août 2018 (PDF).

(3) Édouard Philippe, « Programme “Action publique 2022” », cabinet du premier ministre, Paris, 26 septembre 2017 (PDF).

(4) « La loi Pacte : le bon plan retraite », BlackRock France, Paris, juin 2019.
M4URIC3
Vu la tune engloutie dans des fonds de gestion active alors qu'il est globalement prouvé que ces gérants ne battent pas le marché, la généralisation des ETFs me semble être une bonne chose. Ça doit être gigantesque en terme de gain économique d'arrêter de payer un service qui n'en est pas un. J'imagine même pas la somme qui part en "frais de gestion" plutôt que dans la poche des épargnants...

Le seul truc flippant de l'article c'est la concentration des pouvoirs et donc potentiel monopole. D'ailleurs pour ceux qui veulent une boîte française, y a Amundi qui propose les mêmes produits.

J'ai quand même un gros doute sur ces deux affirmations:

Citation
Avec Vanguard et State Street, la société forme le gang des « Big Three » : ... contrôlent un bloc majoritaire d’actions dans 90 % des entreprises du S&P 500


Citation
BlackRock possède une part de 40 % des entreprises américaines les plus importantes


Pour la deuxième, j'ai l'impression qu'ils ont pris les plus grosses capitalisation (mettons les 15 premières) et ajoutés les pourcentages détenus entre eux.
Avec cette méthode, ils auraient pu prendre les 50 premières et balancer que BlackRock possède une part de 120% des plus grosses boîtes américaines mais j'imagine que 40% sonnait mieux. Du grand journalisme cdtro.png

Si on ajoute à ça le peu d'intérêt qu'il y a à comparer un montant d'actifs (qui plus est géré pour le compte de millions de clients) au PIB d'un pays... Y avait moyen de faire plus clair si le but est réellement d'informer.
Parisian
La phrase est super mal écrite, j’imagine qu’ils disent que Blackrock a des actions (ca peut être 0,5%) dans les 40% plus grosses entreprises américaines.

Après je vais faire mon Miam, mais je vois pas ce qui change a un niveau local entre le monopole de l’état et l’éventuel monopole du privé. C’est pas comme si l’état n’était pas deja totalement noyauté par le privé.

Et le fond souverain Norvégien semble plutôt bien se porter.

Bref du moment que j’arrête de payer pour les cheminots the_chairman.gif
M4URIC3
Citation (Parisian @ 03/01/2020 11:58) *
Après je vais faire mon Miam, mais je vois pas ce qui change a un niveau local entre le monopole de l’état et l’éventuel monopole du privé. C’est pas comme si l’état n’était pas deja totalement noyauté par le privé.


C'est l'exemple du secteur aérien américain dans l'article ou t'as soit disant une situation de monopole privé et je pense que Miam ne serait pas ravis si tu lui faisais dire qu'une situation de monopole lui va sous prétexte qu'il est privé. J'espère même qu'au fond, il trouverait ça pire.

Aucune idée si les craintes sont fondées et si l'exemple donné dans l'article est vraiment valide hein.

En attendant j'aimerais autant qu'on (européens) ait des alternatives à Vanguard et BlackRock en la matière. Tant qu'à faire je préfèrerais qu'on file nos droits de votes à des PDGs de boîtes qui sont loin de Washington (et Pékin). J'aurais préféré cet angle pour l'article en question d'ailleurs, surtout de la part du Monde diplo.
witchfinder
Citation (Deloco93 @ 03/01/2020 09:25) *
Je ne sais pas, l'Irak est un pays à majorité chiite plein de proxy iraniens, Soleimani c’était quasiment un héro en Iran, les USA viennent de tuer un symbole, il n'y a rien de mieux pour rassembler la population iranienne contre eux.

Des consulats iraniens ont quand même été attaqués par des irakiens en novembre 2019.
GermainYoupi
Qassem Soleimani mort ça va créer un nouveau cercle de violences partout dans la région avec un nombre jamais vu de gogoles belliqueux. L’Arabie Saoudite va probablement bien manger pour les autres. Les irakiens aussi vont bien payer de s’être soumis aux iraniens, c’est jamais sans conséquence de laisser sa souveraineté à des étrangers, les syriens et les libyens l’ont toujours pas compris ph34r.gif

Mais qu’est ce que c’est bon de voir les iraniens et surtout cette salope de Qassem Soleimani pris à leur propre jeu de provocs kratos77.gif
Alain Miamdelin
Citation (M4URIC3 @ 03/01/2020 12:11) *
C'est l'exemple du secteur aérien américain dans l'article ou t'as soit disant une situation de monopole privé et je pense que Miam ne serait pas ravis si tu lui faisais dire qu'une situation de monopole lui va sous prétexte qu'il est privé. J'espère même qu'au fond, il trouverait ça pire.


Au niveau de l'efficacité, pareil. Pire au niveau de la gouvernance (pas de beaucoup dans un pays comme le notre malheureusement).

Après il faut différencier le monopole parce que les concurrents sont dans l'incapacité d'apparaître (loi, manoeuvres illicites, ...) et monopole à la google où il sont simplement meilleurs que les autres. Mais il y a des lois pour les abus de position dominante, sont-elles suffisamment et correctement appliquées ? On peut en douter.


Mais ce qui me fait un peut rire dans les critiques sur BlackRock (largement fantasmée pour la loi actuelle), c'est qu'on se demande de quoi on a peur ? De perdre le contrôle "collectif" sur les pensions de retraites ? Mais on se rend bien compte qu'on ne l'a pas puisque que 3 technocrates peuvent décider de filer le pognon à qui ils veulent quand ils le veulent. C'est même ce qui est réellement critiqué quand on parle de BlackRock.

On est encore dans le fantasme où l'état veut le bien des citoyens. Mais c'est bien un fantasme. Une boîte privé roule pour sa gueule, c'est établit. C'est la mise en concurrence de ces boîtes (ou d'éventuelles boîtes à créer) qui permet d'éviter toute sorte d'abus. Mais l'état roule aussi pour sa gueule. Et pour éviter ça, il faut des contre pouvoirs, de la concurrence institutionnelle, ce genre de choses. La même chose que pour le privé en fait. Sauf que l'un des deux a le pouvoir législatif entre les mains en plus et peut se permettre d'avoir des clients capitfs ou de prendre la thune de l'école pour la mettre dans les retraites. Charge à chacun de penser qu'il est plus facile de limiter les abus de pouvoirs et les situations de monopoles dans le privé ou dans le public. C'est finalement le seul critère qui va déterminer l'efficacité et la justice du système.

Citation (M4URIC3 @ 03/01/2020 12:11) *
En attendant j'aimerais autant qu'on (européens) ait des alternatives à Vanguard et BlackRock en la matière. Tant qu'à faire je préfèrerais qu'on file nos droits de votes à des PDGs de boîtes qui sont loin de Washington (et Pékin). J'aurais préféré cet angle pour l'article en question d'ailleurs, surtout de la part du Monde diplo.


Dommage aussi de pas évoquer la créations de ce genre de service sous forme de mutuelle ou coopérative.
Dommage aussi de pas mentionner le fait qu'une retraite par capitalisation permet aussi et justement à tout le monde de prendre part dans la gouvernance des grandes sociétés...
Parisian
Citation (GermainYoupi @ 03/01/2020 12:21) *
Qassem Soleimani mort ça va créer un nouveau cercle de violences partout dans la région avec un nombre jamais vu de gogoles belliqueux. L’Arabie Saoudite va probablement bien manger pour les autres. Les irakiens aussi vont bien payer de s’être soumis aux iraniens, c’est jamais sans conséquence de laisser sa souveraineté à des étrangers, les syriens et les libyens l’ont toujours pas compris ph34r.gif

Mais qu’est ce que c’est bon de voir les iraniens et surtout cette salope de Qassem Soleimani pris à leur propre jeu de provocs kratos77.gif


Le retour de Jean-Michel Sunnite neokill@h.gif

Citation (Alain Miamdelin @ 03/01/2020 12:39) *
...



Voilà je disais pas qu’il allait s’en féliciter mais ne pas comprendre pourquoi les gens ont peur d’un monopole privé alors qu’est en plein monopole d’état qui fait ce qu’il veut sans rendre de compte à personne. Les milieux d’affaires ont infiltré le pouvoir donc au final le résultat est le même désormais.
Alain Miamdelin
Citation (Parisian @ 03/01/2020 13:15) *
Le retour de Jean-Michel Sunnite neokill@h.gif




Voilà je disais pas qu’il allait s’en féliciter mais ne pas comprendre pourquoi les gens ont peur d’un monopole privé alors qu’est en plein monopole d’état qui fait ce qu’il veut sans rendre de compte à personne. Les milieux d’affaires ont infiltré le pouvoir donc au final le résultat est le même désormais.



Non, c'est le pire cas. Tu files le pouvoir à des intérêts privés sans qu'ils n'aient à recruter ni conserver des clients. Dans ce cas les mecs roulent pour leur gueule mais n'ont ni contrainte ni compte à rendre. C'est le cas où l'état roule pour sa gueule, mais est corrompu.
Parisian
Citation (Alain Miamdelin @ 03/01/2020 14:29) *
Non, c'est le pire cas. Tu files le pouvoir à des intérêts privés sans qu'ils n'aient à recruter ni conserver des clients. Dans ce cas les mecs roulent pour leur gueule mais n'ont ni contrainte ni compte à rendre. C'est le cas où l'état roule pour sa gueule, mais est corrompu.


Bof, dans tellement de cas le privé prefere gruger le client et le système plutot que de lui rendre service honnêtement (je parle évidemment des grosses boites pas du boulanger en bas de chez moi), pour ca que le résultat est le même. Des corrompus qui se foutent partout conne des métastases.
Alain Miamdelin
Citation (Parisian @ 03/01/2020 13:49) *
Bof, dans tellement de cas le privé prefere gruger le client et le système plutot que de lui rendre service honnêtement (je parle évidemment des grosses boites pas du boulanger en bas de chez moi), pour ca que le résultat est le même. Des corrompus qui se foutent partout conne des métastases.


Non, là c'est pire puisque dans le cas présent t'es dans ce que tu décris sauf que le mec utilise en plus les ressources de l'état pour te niquer encore plus, ou t'empêcher d'éviter de te faire niquer.
Putamadre
Citation (GermainYoupi @ 03/01/2020 12:21) *
c’est jamais sans conséquence de laisser sa souveraineté à des étrangers


C'est pas comme s'ils avaient le choix, c'est pas ou l'Iran ou être libre et indépendant, d'ailleurs leur souveraineté elle est au moins autant laissée aux Etats unis.

D'ailleurs en extrapolant, qui est vraiment souverain à part les usa ?
Même nous on ne fait que se prendre des vexations, et on continue à dire que ce sont nos alliés et à faire carpette.
noa


neokill@h.gif
Putamadre
Citation (noa @ 03/01/2020 14:02) *


neokill@h.gif


laugh.gif
Tonio
Citation (noa @ 03/01/2020 14:02) *


neokill@h.gif

edhelas.gif
Parisian
Citation (Alain Miamdelin @ 03/01/2020 14:59) *
Non, là c'est pire puisque dans le cas présent t'es dans ce que tu décris sauf que le mec utilise en plus les ressources de l'état pour te niquer encore plus, ou t'empêcher d'éviter de te faire niquer.


Parfois des états finissent par légiférer pour empêcher le privé de faire n’importe quoi afin de protéger la population (souvent de manière trop lente et insuffisante en raison des lobby)

Je regardais un reportage y un certain temps, je sais plus le sucre, la malbouffe ou les additifs, et quelqu’un disait un truc très juste. Les libertariens refusent que l’état vienne s’occuper de leur assiette. Ce qui a première vu s’entend. Mais c’est considérer que le consommateur se bat a armes égales avec l’industrie agroalimentaire, ce qui est faux. Bref comme je dis toujours c’est un peu plus du cas par cas, mais on était clairement mieux quand l’état roulait que pour sa gueule et n’était pas sous l’influence du privé, on va dire qu’il y avait une sorte de balance même si ca pouvait être mauvais des deux côtés. La c’est trop souvent l’union de la peste et du choléra.
ikki
Ce n'est pas l'état qui gère la sécurité sociale. L'opposition État vs privé n'a pas grand sens. C'est le privé qui utilise dorénavant les ressources de l’État. Directement (c'est la nouveauté du gouvernement Macron). Et il les utilise pour sortir d'une gestion de l'argent non pas par l’État mais par les partenaires sociaux.
C'est la richesse produite par les gens qui est en partie cotisée et redistribuée aux mêmes gens, sans passer par la case capitaliste.
L’État est un allié de l'une ou l'autre partie dans le cadre d'un rapport de force. Les gens n'ont plus ce rapport de force en leur faveur depuis 40 ans maintenant. La gestion de leur système de retraite et de toute la sécurité sociale (et sur d'autres sujets comme le fait justement remarquer Parisian), leur échappe peu à peu, non pour des raisons économiques et rationnelles, mais pour des raisons de rapport de force défavorable dans un cadre d’hégémonisation (processus en cours et non linéaire) culturelle néolibérale.

Le Monde Diplomatique - Janvier 2020
Citation
Un statut nommé désir

En dépit de toutes les attaques qu’il a subies depuis trois décennies, le régime de retraite français reste pensé comme un droit au salaire continué. Une logique qui mériterait d’être non seulement préservée, mais étendue.

Un conflit séculaire oppose deux visions de la retraite. La première, née en 1853 dans la fonction publique, envisage la pension comme la poursuite du salaire : les retraités sont des travailleurs libérés du marché de l’emploi. La seconde, mise en œuvre en 1850 avec la caisse nationale de retraites pour la vieillesse, fait de la pension une contrepartie des cotisations.

Aujourd’hui, la première approche est largement majoritaire. Avec la création en 1946 du régime général unifié de la Sécurité sociale géré par les travailleurs (1), le système de retraite de la fonction publique s’est étendu au privé. À un âge donné, la pension remplace un salaire de référence en fonction des trimestres validés, dès lors qu’a été perçu un minimum de rémunération ; on ne tient aucun compte du montant des cotisations versées par l’intéressé. Les retraités du régime général ont droit au salaire dans la limite d’un demi-plafond de la Sécurité sociale, soit 1 688,50 euros en 2019 ; ceux de la fonction publique ou des régimes statutaires, à 75 % de leur meilleur salaire brut pour une carrière complète. Ainsi, les trois quarts des pensions (240 sur 320 milliards d’euros par an) représentent du salaire continué.

Tel n’est pas le cas de la pension complémentaire des salariés du privé, généralisée en 1961 à travers l’Association pour le régime de retraite complémentaire des salariés (Arrco). Cette institution prend comme modèle l’Association générale des institutions de retraite des cadres (Agirc), qui, créée par le patronat en 1947 en réponse au régime général, verse à ses assurés une pension complémentaire calculée sur la base d’un cumul de points. Les retraités ne sont pas des travailleurs, mais des inactifs qui ont droit au différé de leurs cotisations de carrière, consignées dans un compte.

Malgré cet accroc, la retraite fonctionne encore largement comme un droit au salaire lorsque, au début des années 1990, débutent les « réformes ». Le taux de remplacement du dernier salaire net par la première pension nette pour les salariés du privé à carrière complète nés en 1930 s’élève alors en moyenne à 84 %, selon une fourchette allant de 100 % pour une dernière rémunération égale au salaire minimum à 60 % pour un dernier salaire supérieur à 3 000 euros (2). On mesure là l’incontestable réussite de l’affirmation du droit au salaire des retraités, que les conservateurs de droite comme de gauche combattent avec le même acharnement.

En 1991, le premier ministre Michel Rocard préconise de modifier le calcul de la pension en portant la durée d’assurance au-delà de quarante annuités et en prenant en compte les vingt-cinq meilleures années de salaire au lieu des dix meilleures (3). M. Édouard Balladur s’empressera d’imposer ces mesures en 1993, et les gouvernements ultérieurs les durciront au point que le taux de remplacement moyen a baissé depuis lors de dix points. Après trente ans de réforme, le président Emmanuel Macron estime que le fruit est mûr pour en finir avec le droit au salaire des retraités : il s’agit non plus seulement de baisser les pensions, mais de remplacer le droit au salaire continué par un versement différé des cotisations. En somme, d’organiser le régime général, le régime des fonctionnaires et celui des salariés à statut sur le modèle de leur opposé, l’Agirc-Arrco.

Comment sortir de la défaite des trente dernières années ? Certes, la retraite a majoritairement été conquise comme un droit au salaire continué, mais avec deux limites qu’il s’agit aujourd’hui de dépasser. D’une part, la pension ne peut plus progresser. D’autre part, le remplacement du salaire de référence varie en fonction de la durée de carrière, ce qui pénalise fortement les travailleuses. Avec le système actuel, l’écart des rémunérations de vingt-cinq points entre hommes et femmes se transforme en un gouffre de quarante points de leur pension de droit direct — sans les réformes, la différence serait tout de même de trente points, signe qu’il faut en changer la structure (4). En outre, l’idée de conditionner les retraites à une durée d’activité contredit le projet fondamental porté par le droit au salaire : les retraités sont des travailleurs libérés de l’emploi, et leur pension exprime leur contribution présente, et non passée, à la production de valeur (5).

Cinquante ans, le moment adéquat pour libérer les salariés

Assumer sans complexe le droit au salaire lié à la personne supposerait d’en avancer l’âge, à 50 ans par exemple. Ce seuil d’entrée en retraite qui avait été conquis pour une partie des marins, des mineurs ou du personnel de la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) ou de la Régie autonome des transports parisiens (RATP) (6) correspond à un moment de la carrière où le risque de licenciement et la difficulté de retrouver un emploi s’accroissent. C’est aussi un âge où l’on a parfois fait le tour de son métier, où les travaux pénibles et les horaires décalés pèsent sur la santé, où la tournure mortifère que le management impose même aux activités les plus appréciables exaspère ; mais où, le salaire étant lié au poste, on n’a pas d’autre choix que de rester… Ainsi 50 ans apparaît-il le moment adéquat pour libérer les salariés du marché de l’emploi. Sitôt cet âge atteint, chacun percevrait jusqu’à la mort un salaire au moins égal au salaire moyen (2 300 euros net aujourd’hui) et plafonné par exemple à 5 000 euros net par mois. Il serait un droit politique, avec une progression possible jusqu’à la mort par des épreuves de qualification. Nulle référence aux annuités ou aux trimestres n’entrerait plus alors dans le calcul de la pension : la retraite ne marque pas l’entrée dans l’inactivité, mais l’engagement dans une activité libre, rémunérée par un salaire lié non plus à l’emploi mais à la personne, et payé non plus par l’entreprise mais par les caisses de sécurité sociale.

Cette utopie concrète s’attaque, en termes de droit comme de responsabilité, à l’un des piliers du capitalisme : sous ce régime, le travail productif est extérieur aux travailleurs. En effet, ces derniers ne sont pas reconnus comme producteurs en tant que personnes, mais en tant que vendeurs de force laborieuse. Ils n’exercent aucune responsabilité sur le travail productif qu’organise la bourgeoisie capitaliste. Bien entendu, la conquête de cette prérogative suppose celle de la propriété de l’outil de travail. Mais un régime unique de droit au salaire à 50 ans contribuerait à faire sauter le verrou de la séparation entre, d’un côté, les travailleurs et, de l’autre, les fins et les moyens de la production.

La valeur anthropologique du travail ne découle pas seulement de l’utilité des biens et des services produits, mais aussi de la valeur économique que ces derniers engendrent. L’amputer de cette dimension en sonnant la fin du travail productif à la retraite revient à appliquer la même violence sociale — au nom de l’âge — que celle exercée traditionnellement au nom du genre (le travail public comme privé assigné aux femmes et considéré comme « certes utile mais non productif »).

Poser les retraités comme travailleurs, récuser la légitimité d’un temps de vie « après le travail », représente également un pas décisif pour rendre illégitime l’existence d’un temps adulte « avant le travail », ce funeste parcours d’insertion vécu par la majorité des salariés nés depuis le début des années 1970. C’est donc une étape vers le droit politique au salaire dès 18 ans. Sous ce régime esquissé dans l’immédiat après-guerre et qu’il nous incombe aujourd’hui de généraliser, tout adulte reçoit à 18 ans non seulement le droit de vote, mais également les inséparables droits à la propriété de l’outil de travail et au salaire qui le reconnaissent comme producteur de valeur. Être citoyen ne consisterait plus à payer des impôts et à abandonner la création de valeur à la logique prédatrice du capital, mais à exercer sa coresponsabilité dans la production.

Les retraités pourraient devenir l’avant-garde d’une telle conquête. Disposant à 50 ans de leur salaire comme d’un droit politique, ils décideraient de quitter leur entreprise ou d’y demeurer. Dans le premier cas, ils seraient encouragés à intégrer ces entreprises alternatives aujourd’hui très nombreuses dans l’artisanat, l’agriculture et les services (maraîchers bio, coopératives…). L’expérience des jeunes retraités contribuerait à la viabilité économique de ces sociétés, qui n’auraient pas à leur payer de salaires, mais dont les cotisations alimenteraient le dispositif. Au lieu du bénévolat où se trouvent aujourd’hui confinés des millions de retraités tenus pour improductifs, ce modèle dynamiserait un secteur communiste, c’est-à-dire où les travailleurs décident quoi, pourquoi et comment ils produisent.

Les retraités choisissant de poursuivre l’activité au sein de leur entreprise bénéficieraient d’une protection contre le licenciement, analogue à celle des délégués syndicaux aujourd’hui, et exerceraient une responsabilité dans l’organisation du travail concret. Les entreprises alternatives ne peuvent rester les seules porteuses d’une production maîtrisée par les travailleurs eux-mêmes. Dans les grands groupes comme au sein des services publics prisonniers d’un mode de gestion capitaliste, les travailleurs doivent conquérir la responsabilité de l’auto-organisation. Il faut pour cela des salariés d’expérience, protégés par leur salaire à vie et non licenciables. Le syndicalisme trouverait dans ces quinquagénaires retraités les acteurs d’une bataille frontale contre des directions au service des actionnaires et le management déshumanisant.

Qui aurait dit qu’un conflit sur les retraites raviverait tant d’espoir et de désirs ?

Nicolas Castel & Bernard Friot
Sociologues, auteurs respectivement des ouvrages La Retraite des syndicats et Le Travail, enjeu des retraites, La Dispute, Paris, respectivement 2009 et 2019.
-------------
(1) Lire Bernard Friot et Christine Jakse, « Une autre histoire de la Sécurité sociale », Le Monde diplomatique, décembre 2015.

(2) « Retraites : renouveler le contrat social entre les générations », Conseil d’orientation des retraites, La Documentation française, Paris, 2002.

(3) « Livre blanc sur les retraites. Garantir dans l’équité les retraites de demain », Commissariat général du Plan, La Documentation française, 1991.

(4) Cet ordre de grandeur s’appuie sur un article — à actualiser — de Carole Bonnet, Sophie Buffeteau et Pascal Godefroy, « Les effets des réformes des retraites sur les inégalités de genre en France », Population, vol. 61, no 1, Paris, 2006.

(5) Lire Bernard Friot, « Retraites, un trésor impensé », Le Monde diplomatique, septembre 2010.

(6) Les militaires, les danseurs de l’Opéra de Paris et les fonctionnaires parents de trois enfants pouvaient même sous certaines conditions liquider leur retraite avant cet âge.
Averell
Tu crois vraiment à tout ce que tu racontes ?
Parisian
Citation (Averell @ 03/01/2020 15:45) *
Tu crois vraiment à tout ce que tu racontes ?


Je trouvais intéressant de lire un autre point de vue puis je suis arrivé là

Citation
Cinquante ans, le moment adéquat pour libérer les salariés


neokill@h.gif
ikki
M4URIC3
Un article de Bernard Friot maintenant. biggrin.gif

C'est parfois intéressant d'écouter quelqu'un qui pense complètement autrement mais bon... Là on est sur la réforme d'un système à plusieurs dizaines de régimes vers un système unique. C'est de la technique avec un peu d'idéologie derrière. La plupart des discussions que j'y vois associé sont malheureusement surtout des excuses pour servir un agenda politique à tous les révolutionnaires. Sur la réforme elle même, on en apprend finalement bien peu et ça préfère parler idéologie...

Si t'as envie de parler d'alternative au capitalisme, on s'éloigne un peu de cette putain de réforme...

Et franchement, tu voudrais vraiment que toutes les lubies de Friot soient mises en application un jour ? Sur un plateau TV c'est sympa et ça permet parfois de réfléchir autrement mais dans la pratique, pas certain que beaucoup aient vraiment envie de sauter le pas.

En attendant tu l'as trouvé intéressant cet article sur BlackRock ou t'es d'accord pour dire qu'il est bâclé voir trompeur ?
Alain Miamdelin
Citation (Parisian @ 03/01/2020 14:30) *
Parfois des états finissent par légiférer pour empêcher le privé de faire n’importe quoi afin de protéger la population (souvent de manière trop lente et insuffisante en raison des lobby)


Je parlais pas d'une situation générale, mais une situation ou une entreprise se sert de l'état pour justement légiférer à son avantage (exemple) wink.gif
Enfin c'est ce que j'ai compris de ce que tu disais au moins.

Citation (Parisian @ 03/01/2020 14:30) *
Je regardais un reportage y un certain temps, je sais plus le sucre, la malbouffe ou les additifs, et quelqu’un disait un truc très juste. Les libertariens refusent que l’état vienne s’occuper de leur assiette. Ce qui a première vu s’entend. Mais c’est considérer que le consommateur se bat a armes égales avec l’industrie agroalimentaire, ce qui est faux. Bref comme je dis toujours c’est un peu plus du cas par cas, mais on était clairement mieux quand l’état roulait que pour sa gueule et n’était pas sous l’influence du privé, on va dire qu’il y avait une sorte de balance même si ca pouvait être mauvais des deux côtés. La c’est trop souvent l’union de la peste et du choléra.


Les libertariens se battent aussi pour une transparence totale de ce qu'il y a dans les produits alimentaires (pour ce cas précis), les origines, les intrants, etc.
Tu peux pas analyser une facette sans l'autre. Et même si chacun n'est pas capable de déterminer ce qui est bon ou pas (en imaginant que ce soit faisable de manière absolue), il compte sur la création d'entreprises et d'associations qui pourront fournir se service.

Parce que compter sur l'état pour le faire c'est prendre un certain nombre de paris risqués :
- Qu'il en ait quelque chose à foutre réellement
- Qu'il soit capable de le faire comme pour tous les autres sujets pour lesquels il n'est pas spécialistes (pas autant que les mecs de l'industrie agro en tout cas)
- Qu'il n'y ait pas de corruption/conflit d'intérêt

Tu prends l'exemple de l'alimentation, les conseils des nutritionnistes changent tous les 10 ans et t'as encore du tout au tout en partant du vegan au cétogène. Tout ça sans compter que s'il met plus d'argent que nécessaire ce sera encore ça de gâcher et pas disponible ailleurs.

Bref, comme toujours. Le sujet est compliqué et il n'y a pas de solution immédiate ou simple. Même si la tentation de croire qu'avec l'état ce serait possible est sexy.
Tonio
Aphasie
Citation (GermainYoupi @ 03/01/2020 12:21) *
Qassem Soleimani mort ça va créer un nouveau cercle de violences partout dans la région avec un nombre jamais vu de gogoles belliqueux. L’Arabie Saoudite va probablement bien manger pour les autres. Les irakiens aussi vont bien payer de s’être soumis aux iraniens, c’est jamais sans conséquence de laisser sa souveraineté à des étrangers, les syriens et les libyens l’ont toujours pas compris ph34r.gif

Mais qu’est ce que c’est bon de voir les iraniens et surtout cette salope de Qassem Soleimani pris à leur propre jeu de provocs kratos77.gif


Quel message débile...
Lask
https://www.lemonde.fr/police-justice/artic...tions&embed

Quelqu'un qui a un compte Le monde pourrait mettre en ligne l'article svp?
Ça a l'air assez abominable...
crapule
Citation (Lask @ 03/01/2020 17:26) *
https://www.lemonde.fr/police-justice/artic...tions&embed

Quelqu'un qui a un compte Le monde pourrait mettre en ligne l'article svp?
Ça a l'air assez abominable...


Spoiler :

Au téléphone, le gendarme répète que Joël Le Scouarnec vient d’être arrêté, mais la jeune femme n’arrive pas à l’imaginer en prison, lui « qui était toujours passé entre les mailles du filet ». Elle se trouve projetée trente ans en arrière, petite fille invitée dans le manoir des Le Scouarnec. Comme jadis, il lui semble sentir la main de son oncle Joël venir se poser sur son épaule, « une main lourde », pareille à « une chape de plomb ». Et remontent ses sentiments d’alors : « Contre lui, je ne suis rien. »

Joël Le Scouarnec, 69 ans, ex-chirurgien à Jonzac, en Charente-Maritime, comparaîtra en mars devant la cour d’assises de Charente, à Saintes, accusé d’actes pédophiles sur quatre fillettes, dont deux nièces, une patiente âgée de 4 ans à l’époque des faits, et une voisine. C’est la plainte de celle-ci, âgée de 6 ans, qui a déclenché l’affaire en avril 2017. Mais l’enquête a pris une dimension nouvelle avec l’exploitation du matériel informatique trouvé chez le médecin.

Le « collectionneur »
Apparaissent d’abord des listes, par fichiers entiers. Joël Le Scouarnec se reconnaît « collectionneur », la manie de classer, dit-il. Depuis le collège, il dresse l’inventaire des livres lus, des opéras entendus, des monuments visités, des plus beaux paysages. Certains recensements pourtant obéissent à un autre ordre : 301 544 photos et vidéos pédopornographiques, rangées méthodiquement, par série et par thèmes – zoophilie, scatologie, enfants nus… Les journaux intimes du chirurgien − que des victimes ont aujourd’hui baptisés « les carnets noirs » − aussi sont découverts.

Pendant vingt-huit ans (de 1989 à 2017), jour après jour, Le Scouarnec y détaille des abus et des viols sur des enfants dans la douzaine d’établissements où il a opéré. 349 victimes potentielles auraient déjà été dénombrées, menaçant de submerger l’enquête sous les investigations. « Les superlatifs pour décrire mon client ou qualifier les faits qu’on lui reproche ne manquent pas. Je ne peux que renouveler mon souhait que soient enfin respectée la présomption d’innocence», déclare Thibaut Kurzawa, l’avocat de Le Scouarnec.

Un de ses fils reçoit une lettre de prison : ce père admiré n’y dit mot de l’affaire. Il envoie juste ses instructions pour son dossier de mise à la retraite

Le contenu des carnets et l’envergure de l’affaire ont incité la justice à scinder le dossier en deux : une seconde procédure est diligentée à Lorient, qui pourrait déboucher sur un autre procès spécifiquement consacré aux « carnets noirs ». « Je n’imaginais pas qu’on tomberait un jour dessus », dira le chirurgien, en détention.

Peu après son arrestation, en mai 2017, un de ses fils reçoit une lettre de prison : ce père tant aimé et admiré n’y dit mot de l’affaire. Aucune explication. Il envoie juste ses instructions pour son dossier de mise à la retraite. Le fils a l’impression de ne pas reconnaître cette famille qui l’a pourtant vu naître. A sa demande, un permis de visite lui est accordé. Le fils veut des réponses. Qui savait ? C’est dans un labyrinthe de silences, de secrets légués en héritage, de révélations en forme de poupées russes que l’enquête va s’engager.


« Quels éléments ont marqué votre enfance ? », demande un enquêteur au chirurgien. Et lui, comme on baisserait le rideau de fer : « Aucun. » Son récit se dévide, bref, lisse à en devenir abstrait. Villebon-sur-Yvette (Essonne, dans la vallée de Chevreuse, à une vingtaine de kilomètres de Paris), une famille française des années 1950, parents ouvriers venus de Bretagne qui font construire un pavillon, à force d’économies, au bout d’une paisible impasse. L’ascenseur social n’est pas encore en panne, la sœur cadette devient professeure d’anglais, le petit dernier entre dans une banque. Aujourd’hui à la retraite, tous deux répètent les mêmes mots devant les gendarmes : « respect », « discipline », « résultats scolaires ».


« Joël était l’aîné », dit aujourd’hui son frère Patrick. Puis il se reprend : « Il est encore l’aîné », estampillé l’intellectuel de la famille, très doué, le nez dans les livres. Vocation, dès l’âge de 7 ans : chirurgien. Obsession : la carrière. Elle l’accapare tout entier. Au concours de l’internat, ses deux premiers échecs restent les seuls moments où on le voit vaciller, la peur de ne pas obtenir sa spécialité et de « rester simple médecin, un distributeur de pilules ». Le troisième essai est le bon, reçu à Nantes. La neurochirurgie le tentait. Finalement, ce sera le ventre plutôt que le cerveau. Spécialité : le viscéral.

En 1985, Joël Le Scouarnec fête ses 35 ans et l’accomplissement de ses rêves. Avec deux associés, il opère à la clinique de la Fontaine, à Loches, en Touraine. Manoir, chiens, voitures, équitation, voyages. M. et Mme Le Scouarnec mènent grand train, membres de toutes les associations. Ils aiment recevoir, elle surtout. Lui se plaît à la présenter comme la « première-et-unique-femme-de-sa-vie ». Leur coup de foudre a été « élevé au rang de légende dans leur petit cercle », raconte un proche : une histoire de parapluie prêté lorsqu’il était en stage dans un hôpital parisien et elle aide-soignante.

Dans la famille, Joël Le Scouarnec est le grand homme, l’élite, dit son père. Le décor paraît en place pour le couronnement

Il fait partie de la chorale, prend des cours de piano pour accompagner ses fils. Ils en ont deux, bientôt trois. Elle ne travaille plus, lui n’arrête pas. Personne ne l’a jamais entendu élever la voix, « toujours dans le contrôle », continue un proche. On vante son humour glacé, son intelligence brillante, sa culture éclectique, qui saute de l’opéra à la science-fiction. Dans la famille, il est le grand homme, l’élite, dit son père. Le décor paraît en place pour le couronnement. « C’est là où tout a commencé », dira le chirurgien pendant l’instruction.

Que s’est-il passé ? Joël Le Scouarnec renvoie la question à ceux qui la lui posent. « C’est à vous de me répondre ». Face aux experts ou aux magistrats, il a gardé ce ton de conversation courtoise qu’on lui connaissait dans le salon de musique. Maître de lui, maître du jeu. Il commence par déplorer les manquements médicaux à la prison de Saintes, comme s’il discutait entre collègues. « Pourquoi je suis devenu ce que je suis ? J’ai cherché des réponses auprès du psychologue en détention, mais rien. » Pas davantage auprès du psychiatre, dit-il. « Si c’est pour raconter ma vie, il y a une petite saturation. »

« Le pli était pris »
Il consent à évoquer un « élément déclencheur » au milieu des années 1980, selon lui : une nièce qui vient s’asseoir sur ses genoux. « La fille que j’aurais voulu avoir… Elle me séduisait, inconsciemment bien évidemment. » Le médecin explique passer « des câlins au stade sexuel, ça s’est fait naturellement ». La nièce avait 8 ans. « Le pli était pris. »

Tout au début de l’enquête, Le Scouarnec commence d’ailleurs par reconnaître spontanément des attouchements sur cinq petites filles, d’amis ou de la famille, dont il livre les noms (les faits se révéleront prescrits pour trois d’entre d’elles). Des patientes aussi auraient été abusées, « trois, peut-être quatre », selon lui, pas plus. A l’époque, le chirurgien croit ses données informatiques à l’abri. Il possédait, en effet, deux ordinateurs, l’un connecté à Internet, dont il savait le risque d’être repéré. L’autre, en revanche, ne l’était pas, précaution qu’il croyait naïvement susceptible de le protéger. Son matériel pédophile y transitait, stocké ensuite sur des disques durs, qu’il s’est dépêché de cacher sous son matelas en voyant des gyrophares à sa porte. Il n’a pas fallu longtemps aux gendarmes pour mettre la main dessus. Dans son testament figurait la consigne : « tout détruire sans lire ». L’exploration des profondeurs informatiques commence.

« Il faut savoir être patient et compter sur sa chance », déclare son journal intime. L’une après l’autre, il pousse les portes des chambres de la clinique. Aucune hésitation ne transparaît

Se plonger dans les milliers de pages des « carnets noirs », c’est basculer dans un autre monde. On y suit le docteur Le Scouarnec à la clinique, remontant les couloirs, aux aguets. « Il faut savoir être patient et compter sur sa chance », déclare son journal intime. L’une après l’autre, il pousse les portes des chambres. Aucune hésitation ne transparaît. « 14 mai, 10 h 20. Quand je suis entré dans celle de N., j’ai eu l’agréable surprise de la trouver seule (…) J’y suis donc retourné pour en profiter. J’ai découvert son bas-ventre, prétextant de savoir si elle avait toujours des brûlures en faisant pipi. » Ne pas laisser passer une opportunité, même pour quelques secondes. Afin de détourner l’attention, il étourdit les enfants de considérations médicales, évite les passages répétés chez les mêmes malades.

« L’avantage des petites filles de cet âge [entre 3 et 10 ans], c’est qu’on peut les toucher sans qu’elles se posent trop de questions. » Quant aux plus grands, après 12 ans, les actes décrits se passent plutôt au bloc opératoire et en salle de réveil, quand « ils sont endormis ou sous anesthésie », relève un rapport des gendarmes. Selon eux, la stratégie du médecin n’a pas varié en trente ans : « Faire passer des attouchements pour un geste professionnel » et cibler « des patients très jeunes » ayant peu de risque d’en garder la mémoire, vu leur âge.

« Le mis en examen paraît pourtant ne pas vouloir franchir les limites qu’il semble s’être fixées, à savoir la pénétration dans le sexe d’un enfant avec son propre sexe, même s’il décrit réaliser des pénétrations digitales. » Ces dernières, le chirurgien prend garde de ne jamais les commettre sur un malade éveillé. Des viols sans traces de sperme ou d’ADN ; des agressions sans lésion ni menace ; des victimes sans souvenirs conscients : le crime parfait, en quelque sorte.

A la date du 3 décembre 1996, son anniversaire se célèbre en caractères énormes. « J’ai 46 ans et je suis pédophile »

C’est dans son cercle intime que les secousses débutent. En avril 1996, dix ans après ses premiers abus, le journal du médecin annonce : « Le cataclysme est venu s’abattre sur moi et sur mon attirance pour les petites filles et les petits garçons. ELLE sait que je suis pédophile ». ELLE, quatre lettres qu’il tape parfois en majuscules, désigne « la-première-et-unique-femme », la sienne. ELLE serait tombée sur « des documents ostensiblement déposés dans la poubelle ». Il dit qu’ELLE lui aurait alors lancé : « Tu aimes les petites filles. » A la maison, ELLE aurait remarqué cette grande armoire cadenassée, dont lui seul possède la clé. « Je ne veux pas savoir ce que c’est. Vide tout, fais-toi soigner. »

Quatre mois plus tard, il écrit : « Mercredi 1er mai 1996, minuit, dans le salon de musique. Je me suis placé devant la caméra vidéo et je me suis déshabillé. Nu, je me suis tripoté (…) pour fêter la reprise de mes activités pédophiles. » A la date du 3 décembre, son anniversaire se célèbre en caractères énormes. « J’ai 46 ans et je suis pédophile. » La grande armoire a été vidée, son contenu transféré à la clinique, informatique comprise.

Premiers grands procès de pédophiles
Ces années 1990 sont celles où les abus sexuels sur mineurs donnent lieu aux premiers procès spectaculaires. Les victimes se mettent à porter plainte, de plus en plus nombreuses. L’opinion s’alerte. Le Scouarnec ne rate aucun article sur le sujet. Régulièrement, il s’indigne de cette « persécution ». « 4 mars 1998, 0 h 30. Je me suis masturbé en pensant à mon ami pédophile [un inconnu dont la télévision a annoncé la condamnation] et maudissant les petites salopes qui l’ont dénoncé. » Ou encore, à Vannes, au restaurant : « Voir toutes ces gamines autour de moi sans pouvoir les toucher m’a profondément déprimé. Pourquoi cet acharnement à l’encontre des pédophiles ? »

En octobre 2000, une nièce refuse de participer à une réunion de famille, à cause de l’oncle Joël et de ce qu’il lui a fait dans le grand salon ou la chambre d’ami. Il est médecin, il lui a dit que c’était normal. Elle a 10 ans et en parle d’abord à sa sœur, évitant les détails. La honte, le sentiment de culpabilité face à celui que la famille a hissé « sur un piédestal ». La grande sœur aussi a été abusée. Ensemble, elles osent en parler à leur mère, qui reste « abasourdie ». Elle s’arrange pour se retrouver seule avec son frère en voiture. Le chirurgien ne nie pas, fumant cigarette sur cigarette, effondré, assurant « ne pas avoir eu l’impression de commettre des violences ». Elle aussi lui fait jurer de se soigner. Rien n’est dit à Patrick, le petit frère, « pour le protéger ».

Et les enfants continuent de peupler les « carnets noirs », toujours plus, une addiction, effrayante sarabande de noms, d’adresses, ou juste une initiale, une silhouette, un fantasme, comme cette gamine qu’il n’a pas « réussi à coincer dans les toilettes » pendant une réception, cette petite invitée qu’il observe par le trou de la serrure au moment du coucher ou une gosse à la clinique dont la mère au bord du lit l’a empêché d’agir. Les odeurs corporelles, les sécrétions, les excréments − les siens comme ceux des autres − ont peu à peu envahi les pages. Il s’en délecte.

« 22 novembre 2004. J’ai appris que la petite Y. Z. s’est fait violer à l’âge de 8 ans. J’avoue avoir été jaloux »

La façade sociale, elle, tient bon, encore intacte. Sorties, culture, voyages au Pays de Galles ou week-end au Futuroscope. Le docteur Le Scouarnec a quitté la clinique de Loches en 1995, pour celle du Sacré-Cœur à Vannes. En 2004, il passe dans le secteur public. Il a 54 ans et aucun mal à décrocher des remplacements dans la région. Son CV déborde de références : « sérieux », « compétent », « très bonnes relations tant avec le personnel que les familles ». Jamais un problème, ni une plainte. Sur son journal, il note : « Le 10 avril, 8 h 15, dans les toilettes, à l’hôpital de Lorient. Tout en fumant ma cigarette du matin, j’ai réfléchi au fait que je suis un grand pervers. Je suis à la fois exhibitionniste, voyeur, sadique, masochiste, scatologique, fétichiste, pédophile. Et j’en suis très heureux. » Finalement, il postule à Quimperlé, où il est titularisé. « 22 novembre 2004. J’ai appris que la petite Y. Z. s’est fait violer à l’âge de 8 ans. J’avoue avoir été jaloux. »

Trois semaines plus tard, le 9 décembre 2004 à 9 h 30 du matin, deux estafettes de gendarmerie se garent devant la grande maison blanche au toit d’ardoises que les Le Scouarnec ont achetée près de Vannes. La carte bancaire du chirurgien a laissé sa trace sur un site russe pédopornographique basé aux Etats-Unis, et son nom a été transmis par le FBI, parmi ceux de 2 400 Français. Entendu à la petite brigade de Grandchamps, le chirurgien prend les devants : il reconnaît trois connexions et quelques téléchargements. Mais rien depuis un an, soutient-il. « Tout ça ne m’intéresse plus. » Sa garde à vue est expédiée en cinq questions et vingt-cinq minutes, montre en main. Personne d’autre n’est auditionné. Les gendarmes sont repartis avec l’ordinateur de la famille, mais rien d’illégal n’y est découvert. Le chirurgien stocke désormais tout à l’hôpital, dans son bureau. L’enquête n’a pas poussé jusque-là.

Les bouches se ferment
« Sous le coup de la colère », ELLE est partie s’acheter un nouvel ordinateur à Vannes. Quand elle rentre vers 14 heures, son mari est déjà de retour. Il paraît à l’aise, « comme s’il revenait d’un bon restaurant », dit-elle aujourd’hui. Un de leurs fils, étudiant, a assisté à la perquisition. A nouveau, les bouches se ferment comme les portes de la grande armoire. Rien n’est dit, même aux deux autres frères, « pour ne pas les encombrer avec ça ».

Dans l’enquête de 2017, ELLE sera longuement entendue. « Ne pensez-vous pas que vous avez dissimulé cela sous la forme d’un secret de famille dont l’image aurait pu être grandement ébranlée, sans compter la perte pécuniaire ?, demande un enquêteur.

– Absolument pas.

– Ne pensez-vous pas, au regard du métier qu’il exerçait et qui le mettait en contact avec des mineurs, qu’il représentait un danger pour la société ?

– Je n’ai pas su à quoi il était condamné. Et en plus, qu’est-ce que j’aurais pu faire ? »

Aucune précaution n’est prise non plus pour les enfants qui leur rendaient alors visite, ni plus tard, quand un de leurs fils, ignorant toujours l’affaire du site russe, deviendra père à son tour. « Je n’ai pas percuté », dit-elle. Aujourd’hui, ELLE dit n’avoir rien vu « à la manière d’une femme trahie, qui est la dernière à avoir su. »

« Quand pourrai-je reprendre ? »
Le soir même de la première arrestation, le chirurgien écrit : « 9 décembre 2004. Ce qui devait arriver est arrivé. Je vais être fiché comme pédophile. Je suis donc contraint de cesser mes activités sur Internet. Quand pourrai-je reprendre ? » Puis, le lendemain, à l’hôpital de Quimperlé : « 18 h 30, J’ai trouvé le petit A. tout seul et je n’ai pas hésité à baisser son slip. » II ne peut voir un enfant sans l’imaginer nu, les filles surtout, même dans un reportage à la télé. « Je vivais dans ma bulle. Je me sentais fort. »

Deux ans plus tard, en 2006, un médecin de Quimperlé appelle le conseil départemental de l’ordre des médecins du Finistère : le docteur Le Scouarnec aurait trempé dans une affaire de pédophilie. L’hôpital est d’ailleurs au courant. Il faut plusieurs relances et quatre mois d’attente pour que le parquet de Vannes envoie l’extrait de son casier judiciaire au conseil. L’affaire du site russe s’est en effet terminée par une condamnation à quatre mois avec sursis pour téléchargement d’images pédopornographiques, sans obligation de soin ni restriction.

Etonnamment, c’est Le Scouarnec qui paraît le plus sévère sur son propre cas, quand le conseil de l’ordre le convoque : il demande la présence d’un tiers à ses côtés « pour le protéger », selon les notes prises à l’époque par le président. La Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS) est prévenue, l’hôpital de Quimperlé aussi. « Ça ressemble à un appel à l’aide, mais il n’est suivi d’aucun effet, y compris la disposition qu’il réclame lui-même », dit aujourd’hui Francesca Satta, avocate de plusieurs victimes. En fonction des investigations, elle envisage de mettre en cause la responsabilité des institutions médicales. Oui, mais lesquelles ?

Un cas de figure inédit
Qui aurait dû sévir ? L’hôpital ? Le conseil de l’ordre ? Le ministère ? Le cas de figure est inédit. Pour Jean-Marcel Mourgues, vice-président du conseil de l’ordre national, « c’est l’hôpital qui était compétent pour les restrictions professionnelles, et la DDASS pour les sanctions disciplinaires à l’époque ».

Désormais, Le Scouarnec devance les questions, tout en « minimisant les choses », reconnaît-il. A Jonzac, en Charente-Maritime, où il arrive en 2008, il avoue « de la consultation Internet chez lui (…) par détresse personnelle suite à la séparation avec sa femme », selon la directrice de l’époque, dans un procès-verbal. Elle se souvient avoir eu l’impression qu’il avait quitté le Morbihan pour se refaire « une virginité », mais des mesures ne lui paraissent pas nécessaires, aucune agression physique n’étant signalée. « Au moment du recrutement, faisiez-vous une demande de casier judiciaire ? », lui demandent les enquêteurs. « Pour les agents, c’est sûr. Pour les médecins, je ne me rappelle plus trop. » A Jonzac comme ailleurs, l’hôpital manque cruellement de praticiens.

Joël Le Scouarnec habite seul désormais, une maison vétuste. ELLE a préféré rester dans leur villa blanche, près de Vannes, 400 km plus haut. Leurs fils sont grands, chacun mène sa barque. Lui ne voyage plus, sort à peine. Peu à peu, son téléphone s’est arrêté de sonner. « Je ne veux aucune femme, aucune bête, aucune plante. Etre libre », lance le chirurgien à Patrick, son frère, qui s’inquiète.

Il achète des poupées, il les appelle « mes petites filles ». Toutes portent un prénom, reçoivent des cadeaux, une jupette rose à bretelles ou une robe de princesse

A l’hôpital de Jonzac, le chirurgien ambitieux et fou de travail s’est mué en médecin effacé, courant derrière les vacations pour faire sortir du rouge le compte commun qu’il a gardé avec sa femme. « Il était un peu le sage de l’équipe, présent mais pas intégré », raconte un collègue. Le midi, Joël Le Scouarnec ne déjeune pas au self de l’établissement. Il préfère rentrer chez lui. Là, il se met nu, sa nouvelle façon d’être. Avale une boîte de conserve, penché au-dessus de l’évier. Puis télécharge des images pédopornographiques, une addiction, ses nuits y passent aussi, tant pis pour le retard à ses consultations. Ou alors, il se photographie, inlassablement, en tutu, avec une perruque à frange ou une culotte d’enfant volée au gré des occasions. Des mois durant, il ne se lave pas et s’en réjouit. Le whisky l’empêche parfois de tenir sur ses jambes.

Seul, plus besoin de verrouiller la grande armoire. Des poupées s’en sont échappées, qu’il achète au rayon jouets depuis des années. Il les appelle « mes petites filles ». Toutes portent un prénom, reçoivent des cadeaux, une jupette rose à bretelles ou une robe de princesse. Maintenant, elles trônent en permanence sur le canapé, il leur fait la conversation. Certaines mesurent un mètre, la taille d’une enfant, comme Véronique, sa préférée. La nuit, il la couche dans son lit. Il a des relations sexuelles avec elle depuis qu’il lui a fabriqué un faux sexe. Une photo dans le salon, encadrée à la manière d’un souvenir de famille, les montre nus, Véronique et lui. Il est fier de poser en érection, la soixantaine passée. Parfois, certaines « petites filles » se cassent, à force de manipulation. Alors, il les déclare mortes, les « démembre et jette les morceaux dans des poubelles ».

Murmures entre ceux qui savent
« 10 avril 2016, 16 heures. Je filme ma pièce de vie, mes 3 petites filles, ma table avec mon verre plein de whisky, ma plaquette de Nicorette, mes deux miroirs qui reflètent si bien mes attributs virils et mon corps de vieux superbement bronzé, mes DVD d’opéra et de ballet, mon piano, ma télé, mon ordinateur qui me permettent de voir tant de films, ma couverture bien crade et coussins raidis par la crasse, mon bloc à spirale où je note tout ce que je fais, ma vie, toute ma vie de vieux pédophile résumée en une seule pièce. Je suis bien. »

Dans l’entourage, des signaux s’allument, ça craque de partout. Murmures entre ceux qui savent. A demi-mot, Patrick, le frère, a fini par l’apprendre, un des fils aussi. La belle-sœur revoit une scène où elle a surpris Le Scouarnec embrassant les fesses de sa fille. Les deux sœurs en parlent. ELLE pleure. Et leurs souvenirs de gosses dégringolent à leur tour, quand elles aussi avaient été victimes d’un oncle, l’une et l’autre.

« Ça ne semblait pas traumatiser les enfants, elles ne pleuraient pas »

Il y a eu ce mariage aussi où un couple a refusé de venir si les Le Scouarnec étaient présents. Pressé par la mère de la mariée, le couple s’épanche sur leur fils, agressé par le chirurgien des années plus tôt. La mère sanglote. « On lui aurait donné le bon Dieu sans confession, à cet homme-là. » Elle le répète à sa fille, la mariée, qui s’effondre à son tour. Elle aussi en a été victime dans les années 1980. Quand on avertit Joël Le Scouarnec de ne pas venir à la cérémonie, il n’en revient pas : la jeune femme ne lui a jamais rien dit, il se croyait pardonné. « Ça ne semblait pas traumatiser les enfants, elles ne pleuraient pas. »

Certaines ne s’autoriseront à parler qu’une fois leur nom donné par le chirurgien, après son arrestation. « Mes parents viennent d’un milieu ouvrier, eux sont aisés. Je pensais que personne ne me croirait, d’autant qu’ils rendaient service en me gardant parfois. Chez eux, je faisais de la musique, du cheval, comme leurs propres enfants », témoignera une victime. Une autre a appelé un numéro vert, précisant que son agresseur travaillait avec des enfants. Pas de réaction au bout du fil. Une troisième, encore : « Je me disais: “il faut que ça s’arrête, l’un d’entre eux finira bien par parler un jour”. »

Dans les « cahiers noirs », la peur s’est insinuée. « Samedi 14 janvier, 17 heures. Dans le couloir du service. Croisé une enfant brune avec une queue-de-cheval. Je ne l’ai même pas touchée comme je le faisais il y a vingt ans, quand une fillette impubère passait à ma portée. » Ou le 17 décembre 2016, 10 h 30. « A l’hôpital. Je pense à l’heureuse époque où je l’aurais trouvée seule dans sa chambre… hélas, ce n’est pas possible depuis bien des années. » Les enquêteurs ont évalué le nombre de victimes supposées du chirurgien pour chaque année, au sens pénal du terme et à en croire ses journaux intimes. Il tournerait autour de 30 en moyenne, entre 1990 et 2005. Après l’affaire du site russe, le chiffre tombe de moitié, pour décroître à 3 ou 4. Aucune victime n’est repérée à partir de 2015. Les poupées semblent alors occuper toute la place.

Failles familiales
A Jonzac, par sa fenêtre, le chirurgien observe ses voisins. Leur fille surtout. Elle a 6 ans et l’obsède depuis des mois. Des canisses séparent leurs deux jardins, mais Le Scouarnec remarque une brèche ouverte par la tempête, un après-midi d’avril 2017. Il s’approche. L’enfant est là, sur un fauteuil. « Ce sont les circonstances qui m’ont poussé. Une partie de la palissade ne me protégeait plus d’elle, ou plutôt ne la protégeait plus de moi. » Une fillette bien réelle à portée de main, comme au temps de la clinique : il lui aurait parlé médecine, à l’époque, pour tenter d’effacer les autres souvenirs. Cette fois, il lui demande de chanter avec lui. Quand le chirurgien finit par s’éloigner, il ne pense qu’à une chose : quand recommencer. C’est cette petite enfant qui va mettre fin à trente ans de silence.

Villebon-sur-Yvette, le pavillon au bout de l’impasse tranquille. Le Scouarnec père vient d’apprendre par sa fille l’arrestation de Joël. « Ma famille est détruite, mais il n’y a pas mort d’homme. » Puis : « Je ne comprends pas que quelqu’un d’intelligent puisse faire cela. » Alors la fille explose. Elle répond que ce n’est pas une question d’intelligence. La preuve, jette-t-elle, lui-même a abusé de son petit-fils, un des garçons de Joël. Devant les experts ou les enquêteurs, le chirurgien avait brossé une enfance heureuse, une éducation sans faille. Savait-il que son propre fils avait été victime du grand-père ?, lui demande la juge d’instruction de Saintes, en l’apprenant elle-même. « Mon épouse me l’avait dit, je ne sais pas quand. Il me semble qu’elle m’a dit qu’il s’agissait de mon père, mais je n’en suis pas sûr. Moi, je n’ai pas cherché à en savoir plus. Vous me demandez pourquoi ? C’est parce que j’ai vécu sous l’emprise de la prédation sexuelle à l’égard des enfants. Mon fils ne m’a jamais posé plus de questions alors qu’il savait ce qu’il en était de ma pédophilie, pour avoir assisté à la perquisition. Je ne voulais rien savoir. »

Pour le reste, non, soutient-il, il n’a pas été abusé par son père. Non, lui-même n’a pas touché ses fils. Non, il ne voit aucun lien entre son père et sa pédophilie.

Dans le pavillon de Villebon, il y avait des poupées, aussi. « Une présence tout à fait banale, comme on en voit chez les uns et les autres », dit Le Scouarnec. Il a repris le ton affable qui faisait son charme, au temps du manoir.
Tonio

Le singe c'est vraiment très moyen chiracsad.gif
noa
Vite identifiés comme des employés du Slip Français. Le cm a dû vouloir les tuer neokill@h.gif
Tonio
Citation (noa @ 03/01/2020 19:22) *
Vite identifiés comme des employés du Slip Français. Le cm a dû vouloir les tuer neokill@h.gif

C'est le mec qui singe le gorille qui est du slip français, la meuf taf chez ds techeetah hanouna.gif Ecurie de Formule E d'Éric Vergne notamment.

psycraft
Comment vous faites pour vous intéresser et relayer toutes ces merdes insignifiantes venues de twitter? wacko.gif
Tonio
Si tu kiffes pas renoi t'écoutes pas et puis c'est tout.
Lask
Citation (crapule @ 03/01/2020 17:43) *
Spoiler :

Au téléphone, le gendarme répète que Joël Le Scouarnec vient d’être arrêté, mais la jeune femme n’arrive pas à l’imaginer en prison, lui « qui était toujours passé entre les mailles du filet ». Elle se trouve projetée trente ans en arrière, petite fille invitée dans le manoir des Le Scouarnec. Comme jadis, il lui semble sentir la main de son oncle Joël venir se poser sur son épaule, « une main lourde », pareille à « une chape de plomb ». Et remontent ses sentiments d’alors : « Contre lui, je ne suis rien. »

Joël Le Scouarnec, 69 ans, ex-chirurgien à Jonzac, en Charente-Maritime, comparaîtra en mars devant la cour d’assises de Charente, à Saintes, accusé d’actes pédophiles sur quatre fillettes, dont deux nièces, une patiente âgée de 4 ans à l’époque des faits, et une voisine. C’est la plainte de celle-ci, âgée de 6 ans, qui a déclenché l’affaire en avril 2017. Mais l’enquête a pris une dimension nouvelle avec l’exploitation du matériel informatique trouvé chez le médecin.

Le « collectionneur »
Apparaissent d’abord des listes, par fichiers entiers. Joël Le Scouarnec se reconnaît « collectionneur », la manie de classer, dit-il. Depuis le collège, il dresse l’inventaire des livres lus, des opéras entendus, des monuments visités, des plus beaux paysages. Certains recensements pourtant obéissent à un autre ordre : 301 544 photos et vidéos pédopornographiques, rangées méthodiquement, par série et par thèmes – zoophilie, scatologie, enfants nus… Les journaux intimes du chirurgien − que des victimes ont aujourd’hui baptisés « les carnets noirs » − aussi sont découverts.

Pendant vingt-huit ans (de 1989 à 2017), jour après jour, Le Scouarnec y détaille des abus et des viols sur des enfants dans la douzaine d’établissements où il a opéré. 349 victimes potentielles auraient déjà été dénombrées, menaçant de submerger l’enquête sous les investigations. « Les superlatifs pour décrire mon client ou qualifier les faits qu’on lui reproche ne manquent pas. Je ne peux que renouveler mon souhait que soient enfin respectée la présomption d’innocence», déclare Thibaut Kurzawa, l’avocat de Le Scouarnec.

Un de ses fils reçoit une lettre de prison : ce père admiré n’y dit mot de l’affaire. Il envoie juste ses instructions pour son dossier de mise à la retraite

Le contenu des carnets et l’envergure de l’affaire ont incité la justice à scinder le dossier en deux : une seconde procédure est diligentée à Lorient, qui pourrait déboucher sur un autre procès spécifiquement consacré aux « carnets noirs ». « Je n’imaginais pas qu’on tomberait un jour dessus », dira le chirurgien, en détention.

Peu après son arrestation, en mai 2017, un de ses fils reçoit une lettre de prison : ce père tant aimé et admiré n’y dit mot de l’affaire. Aucune explication. Il envoie juste ses instructions pour son dossier de mise à la retraite. Le fils a l’impression de ne pas reconnaître cette famille qui l’a pourtant vu naître. A sa demande, un permis de visite lui est accordé. Le fils veut des réponses. Qui savait ? C’est dans un labyrinthe de silences, de secrets légués en héritage, de révélations en forme de poupées russes que l’enquête va s’engager.


« Quels éléments ont marqué votre enfance ? », demande un enquêteur au chirurgien. Et lui, comme on baisserait le rideau de fer : « Aucun. » Son récit se dévide, bref, lisse à en devenir abstrait. Villebon-sur-Yvette (Essonne, dans la vallée de Chevreuse, à une vingtaine de kilomètres de Paris), une famille française des années 1950, parents ouvriers venus de Bretagne qui font construire un pavillon, à force d’économies, au bout d’une paisible impasse. L’ascenseur social n’est pas encore en panne, la sœur cadette devient professeure d’anglais, le petit dernier entre dans une banque. Aujourd’hui à la retraite, tous deux répètent les mêmes mots devant les gendarmes : « respect », « discipline », « résultats scolaires ».


« Joël était l’aîné », dit aujourd’hui son frère Patrick. Puis il se reprend : « Il est encore l’aîné », estampillé l’intellectuel de la famille, très doué, le nez dans les livres. Vocation, dès l’âge de 7 ans : chirurgien. Obsession : la carrière. Elle l’accapare tout entier. Au concours de l’internat, ses deux premiers échecs restent les seuls moments où on le voit vaciller, la peur de ne pas obtenir sa spécialité et de « rester simple médecin, un distributeur de pilules ». Le troisième essai est le bon, reçu à Nantes. La neurochirurgie le tentait. Finalement, ce sera le ventre plutôt que le cerveau. Spécialité : le viscéral.

En 1985, Joël Le Scouarnec fête ses 35 ans et l’accomplissement de ses rêves. Avec deux associés, il opère à la clinique de la Fontaine, à Loches, en Touraine. Manoir, chiens, voitures, équitation, voyages. M. et Mme Le Scouarnec mènent grand train, membres de toutes les associations. Ils aiment recevoir, elle surtout. Lui se plaît à la présenter comme la « première-et-unique-femme-de-sa-vie ». Leur coup de foudre a été « élevé au rang de légende dans leur petit cercle », raconte un proche : une histoire de parapluie prêté lorsqu’il était en stage dans un hôpital parisien et elle aide-soignante.

Dans la famille, Joël Le Scouarnec est le grand homme, l’élite, dit son père. Le décor paraît en place pour le couronnement

Il fait partie de la chorale, prend des cours de piano pour accompagner ses fils. Ils en ont deux, bientôt trois. Elle ne travaille plus, lui n’arrête pas. Personne ne l’a jamais entendu élever la voix, « toujours dans le contrôle », continue un proche. On vante son humour glacé, son intelligence brillante, sa culture éclectique, qui saute de l’opéra à la science-fiction. Dans la famille, il est le grand homme, l’élite, dit son père. Le décor paraît en place pour le couronnement. « C’est là où tout a commencé », dira le chirurgien pendant l’instruction.

Que s’est-il passé ? Joël Le Scouarnec renvoie la question à ceux qui la lui posent. « C’est à vous de me répondre ». Face aux experts ou aux magistrats, il a gardé ce ton de conversation courtoise qu’on lui connaissait dans le salon de musique. Maître de lui, maître du jeu. Il commence par déplorer les manquements médicaux à la prison de Saintes, comme s’il discutait entre collègues. « Pourquoi je suis devenu ce que je suis ? J’ai cherché des réponses auprès du psychologue en détention, mais rien. » Pas davantage auprès du psychiatre, dit-il. « Si c’est pour raconter ma vie, il y a une petite saturation. »

« Le pli était pris »
Il consent à évoquer un « élément déclencheur » au milieu des années 1980, selon lui : une nièce qui vient s’asseoir sur ses genoux. « La fille que j’aurais voulu avoir… Elle me séduisait, inconsciemment bien évidemment. » Le médecin explique passer « des câlins au stade sexuel, ça s’est fait naturellement ». La nièce avait 8 ans. « Le pli était pris. »

Tout au début de l’enquête, Le Scouarnec commence d’ailleurs par reconnaître spontanément des attouchements sur cinq petites filles, d’amis ou de la famille, dont il livre les noms (les faits se révéleront prescrits pour trois d’entre d’elles). Des patientes aussi auraient été abusées, « trois, peut-être quatre », selon lui, pas plus. A l’époque, le chirurgien croit ses données informatiques à l’abri. Il possédait, en effet, deux ordinateurs, l’un connecté à Internet, dont il savait le risque d’être repéré. L’autre, en revanche, ne l’était pas, précaution qu’il croyait naïvement susceptible de le protéger. Son matériel pédophile y transitait, stocké ensuite sur des disques durs, qu’il s’est dépêché de cacher sous son matelas en voyant des gyrophares à sa porte. Il n’a pas fallu longtemps aux gendarmes pour mettre la main dessus. Dans son testament figurait la consigne : « tout détruire sans lire ». L’exploration des profondeurs informatiques commence.

« Il faut savoir être patient et compter sur sa chance », déclare son journal intime. L’une après l’autre, il pousse les portes des chambres de la clinique. Aucune hésitation ne transparaît

Se plonger dans les milliers de pages des « carnets noirs », c’est basculer dans un autre monde. On y suit le docteur Le Scouarnec à la clinique, remontant les couloirs, aux aguets. « Il faut savoir être patient et compter sur sa chance », déclare son journal intime. L’une après l’autre, il pousse les portes des chambres. Aucune hésitation ne transparaît. « 14 mai, 10 h 20. Quand je suis entré dans celle de N., j’ai eu l’agréable surprise de la trouver seule (…) J’y suis donc retourné pour en profiter. J’ai découvert son bas-ventre, prétextant de savoir si elle avait toujours des brûlures en faisant pipi. » Ne pas laisser passer une opportunité, même pour quelques secondes. Afin de détourner l’attention, il étourdit les enfants de considérations médicales, évite les passages répétés chez les mêmes malades.

« L’avantage des petites filles de cet âge [entre 3 et 10 ans], c’est qu’on peut les toucher sans qu’elles se posent trop de questions. » Quant aux plus grands, après 12 ans, les actes décrits se passent plutôt au bloc opératoire et en salle de réveil, quand « ils sont endormis ou sous anesthésie », relève un rapport des gendarmes. Selon eux, la stratégie du médecin n’a pas varié en trente ans : « Faire passer des attouchements pour un geste professionnel » et cibler « des patients très jeunes » ayant peu de risque d’en garder la mémoire, vu leur âge.

« Le mis en examen paraît pourtant ne pas vouloir franchir les limites qu’il semble s’être fixées, à savoir la pénétration dans le sexe d’un enfant avec son propre sexe, même s’il décrit réaliser des pénétrations digitales. » Ces dernières, le chirurgien prend garde de ne jamais les commettre sur un malade éveillé. Des viols sans traces de sperme ou d’ADN ; des agressions sans lésion ni menace ; des victimes sans souvenirs conscients : le crime parfait, en quelque sorte.

A la date du 3 décembre 1996, son anniversaire se célèbre en caractères énormes. « J’ai 46 ans et je suis pédophile »

C’est dans son cercle intime que les secousses débutent. En avril 1996, dix ans après ses premiers abus, le journal du médecin annonce : « Le cataclysme est venu s’abattre sur moi et sur mon attirance pour les petites filles et les petits garçons. ELLE sait que je suis pédophile ». ELLE, quatre lettres qu’il tape parfois en majuscules, désigne « la-première-et-unique-femme », la sienne. ELLE serait tombée sur « des documents ostensiblement déposés dans la poubelle ». Il dit qu’ELLE lui aurait alors lancé : « Tu aimes les petites filles. » A la maison, ELLE aurait remarqué cette grande armoire cadenassée, dont lui seul possède la clé. « Je ne veux pas savoir ce que c’est. Vide tout, fais-toi soigner. »

Quatre mois plus tard, il écrit : « Mercredi 1er mai 1996, minuit, dans le salon de musique. Je me suis placé devant la caméra vidéo et je me suis déshabillé. Nu, je me suis tripoté (…) pour fêter la reprise de mes activités pédophiles. » A la date du 3 décembre, son anniversaire se célèbre en caractères énormes. « J’ai 46 ans et je suis pédophile. » La grande armoire a été vidée, son contenu transféré à la clinique, informatique comprise.

Premiers grands procès de pédophiles
Ces années 1990 sont celles où les abus sexuels sur mineurs donnent lieu aux premiers procès spectaculaires. Les victimes se mettent à porter plainte, de plus en plus nombreuses. L’opinion s’alerte. Le Scouarnec ne rate aucun article sur le sujet. Régulièrement, il s’indigne de cette « persécution ». « 4 mars 1998, 0 h 30. Je me suis masturbé en pensant à mon ami pédophile [un inconnu dont la télévision a annoncé la condamnation] et maudissant les petites salopes qui l’ont dénoncé. » Ou encore, à Vannes, au restaurant : « Voir toutes ces gamines autour de moi sans pouvoir les toucher m’a profondément déprimé. Pourquoi cet acharnement à l’encontre des pédophiles ? »

En octobre 2000, une nièce refuse de participer à une réunion de famille, à cause de l’oncle Joël et de ce qu’il lui a fait dans le grand salon ou la chambre d’ami. Il est médecin, il lui a dit que c’était normal. Elle a 10 ans et en parle d’abord à sa sœur, évitant les détails. La honte, le sentiment de culpabilité face à celui que la famille a hissé « sur un piédestal ». La grande sœur aussi a été abusée. Ensemble, elles osent en parler à leur mère, qui reste « abasourdie ». Elle s’arrange pour se retrouver seule avec son frère en voiture. Le chirurgien ne nie pas, fumant cigarette sur cigarette, effondré, assurant « ne pas avoir eu l’impression de commettre des violences ». Elle aussi lui fait jurer de se soigner. Rien n’est dit à Patrick, le petit frère, « pour le protéger ».

Et les enfants continuent de peupler les « carnets noirs », toujours plus, une addiction, effrayante sarabande de noms, d’adresses, ou juste une initiale, une silhouette, un fantasme, comme cette gamine qu’il n’a pas « réussi à coincer dans les toilettes » pendant une réception, cette petite invitée qu’il observe par le trou de la serrure au moment du coucher ou une gosse à la clinique dont la mère au bord du lit l’a empêché d’agir. Les odeurs corporelles, les sécrétions, les excréments − les siens comme ceux des autres − ont peu à peu envahi les pages. Il s’en délecte.

« 22 novembre 2004. J’ai appris que la petite Y. Z. s’est fait violer à l’âge de 8 ans. J’avoue avoir été jaloux »

La façade sociale, elle, tient bon, encore intacte. Sorties, culture, voyages au Pays de Galles ou week-end au Futuroscope. Le docteur Le Scouarnec a quitté la clinique de Loches en 1995, pour celle du Sacré-Cœur à Vannes. En 2004, il passe dans le secteur public. Il a 54 ans et aucun mal à décrocher des remplacements dans la région. Son CV déborde de références : « sérieux », « compétent », « très bonnes relations tant avec le personnel que les familles ». Jamais un problème, ni une plainte. Sur son journal, il note : « Le 10 avril, 8 h 15, dans les toilettes, à l’hôpital de Lorient. Tout en fumant ma cigarette du matin, j’ai réfléchi au fait que je suis un grand pervers. Je suis à la fois exhibitionniste, voyeur, sadique, masochiste, scatologique, fétichiste, pédophile. Et j’en suis très heureux. » Finalement, il postule à Quimperlé, où il est titularisé. « 22 novembre 2004. J’ai appris que la petite Y. Z. s’est fait violer à l’âge de 8 ans. J’avoue avoir été jaloux. »

Trois semaines plus tard, le 9 décembre 2004 à 9 h 30 du matin, deux estafettes de gendarmerie se garent devant la grande maison blanche au toit d’ardoises que les Le Scouarnec ont achetée près de Vannes. La carte bancaire du chirurgien a laissé sa trace sur un site russe pédopornographique basé aux Etats-Unis, et son nom a été transmis par le FBI, parmi ceux de 2 400 Français. Entendu à la petite brigade de Grandchamps, le chirurgien prend les devants : il reconnaît trois connexions et quelques téléchargements. Mais rien depuis un an, soutient-il. « Tout ça ne m’intéresse plus. » Sa garde à vue est expédiée en cinq questions et vingt-cinq minutes, montre en main. Personne d’autre n’est auditionné. Les gendarmes sont repartis avec l’ordinateur de la famille, mais rien d’illégal n’y est découvert. Le chirurgien stocke désormais tout à l’hôpital, dans son bureau. L’enquête n’a pas poussé jusque-là.

Les bouches se ferment
« Sous le coup de la colère », ELLE est partie s’acheter un nouvel ordinateur à Vannes. Quand elle rentre vers 14 heures, son mari est déjà de retour. Il paraît à l’aise, « comme s’il revenait d’un bon restaurant », dit-elle aujourd’hui. Un de leurs fils, étudiant, a assisté à la perquisition. A nouveau, les bouches se ferment comme les portes de la grande armoire. Rien n’est dit, même aux deux autres frères, « pour ne pas les encombrer avec ça ».

Dans l’enquête de 2017, ELLE sera longuement entendue. « Ne pensez-vous pas que vous avez dissimulé cela sous la forme d’un secret de famille dont l’image aurait pu être grandement ébranlée, sans compter la perte pécuniaire ?, demande un enquêteur.

– Absolument pas.

– Ne pensez-vous pas, au regard du métier qu’il exerçait et qui le mettait en contact avec des mineurs, qu’il représentait un danger pour la société ?

– Je n’ai pas su à quoi il était condamné. Et en plus, qu’est-ce que j’aurais pu faire ? »

Aucune précaution n’est prise non plus pour les enfants qui leur rendaient alors visite, ni plus tard, quand un de leurs fils, ignorant toujours l’affaire du site russe, deviendra père à son tour. « Je n’ai pas percuté », dit-elle. Aujourd’hui, ELLE dit n’avoir rien vu « à la manière d’une femme trahie, qui est la dernière à avoir su. »

« Quand pourrai-je reprendre ? »
Le soir même de la première arrestation, le chirurgien écrit : « 9 décembre 2004. Ce qui devait arriver est arrivé. Je vais être fiché comme pédophile. Je suis donc contraint de cesser mes activités sur Internet. Quand pourrai-je reprendre ? » Puis, le lendemain, à l’hôpital de Quimperlé : « 18 h 30, J’ai trouvé le petit A. tout seul et je n’ai pas hésité à baisser son slip. » II ne peut voir un enfant sans l’imaginer nu, les filles surtout, même dans un reportage à la télé. « Je vivais dans ma bulle. Je me sentais fort. »

Deux ans plus tard, en 2006, un médecin de Quimperlé appelle le conseil départemental de l’ordre des médecins du Finistère : le docteur Le Scouarnec aurait trempé dans une affaire de pédophilie. L’hôpital est d’ailleurs au courant. Il faut plusieurs relances et quatre mois d’attente pour que le parquet de Vannes envoie l’extrait de son casier judiciaire au conseil. L’affaire du site russe s’est en effet terminée par une condamnation à quatre mois avec sursis pour téléchargement d’images pédopornographiques, sans obligation de soin ni restriction.

Etonnamment, c’est Le Scouarnec qui paraît le plus sévère sur son propre cas, quand le conseil de l’ordre le convoque : il demande la présence d’un tiers à ses côtés « pour le protéger », selon les notes prises à l’époque par le président. La Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS) est prévenue, l’hôpital de Quimperlé aussi. « Ça ressemble à un appel à l’aide, mais il n’est suivi d’aucun effet, y compris la disposition qu’il réclame lui-même », dit aujourd’hui Francesca Satta, avocate de plusieurs victimes. En fonction des investigations, elle envisage de mettre en cause la responsabilité des institutions médicales. Oui, mais lesquelles ?

Un cas de figure inédit
Qui aurait dû sévir ? L’hôpital ? Le conseil de l’ordre ? Le ministère ? Le cas de figure est inédit. Pour Jean-Marcel Mourgues, vice-président du conseil de l’ordre national, « c’est l’hôpital qui était compétent pour les restrictions professionnelles, et la DDASS pour les sanctions disciplinaires à l’époque ».

Désormais, Le Scouarnec devance les questions, tout en « minimisant les choses », reconnaît-il. A Jonzac, en Charente-Maritime, où il arrive en 2008, il avoue « de la consultation Internet chez lui (…) par détresse personnelle suite à la séparation avec sa femme », selon la directrice de l’époque, dans un procès-verbal. Elle se souvient avoir eu l’impression qu’il avait quitté le Morbihan pour se refaire « une virginité », mais des mesures ne lui paraissent pas nécessaires, aucune agression physique n’étant signalée. « Au moment du recrutement, faisiez-vous une demande de casier judiciaire ? », lui demandent les enquêteurs. « Pour les agents, c’est sûr. Pour les médecins, je ne me rappelle plus trop. » A Jonzac comme ailleurs, l’hôpital manque cruellement de praticiens.

Joël Le Scouarnec habite seul désormais, une maison vétuste. ELLE a préféré rester dans leur villa blanche, près de Vannes, 400 km plus haut. Leurs fils sont grands, chacun mène sa barque. Lui ne voyage plus, sort à peine. Peu à peu, son téléphone s’est arrêté de sonner. « Je ne veux aucune femme, aucune bête, aucune plante. Etre libre », lance le chirurgien à Patrick, son frère, qui s’inquiète.

Il achète des poupées, il les appelle « mes petites filles ». Toutes portent un prénom, reçoivent des cadeaux, une jupette rose à bretelles ou une robe de princesse

A l’hôpital de Jonzac, le chirurgien ambitieux et fou de travail s’est mué en médecin effacé, courant derrière les vacations pour faire sortir du rouge le compte commun qu’il a gardé avec sa femme. « Il était un peu le sage de l’équipe, présent mais pas intégré », raconte un collègue. Le midi, Joël Le Scouarnec ne déjeune pas au self de l’établissement. Il préfère rentrer chez lui. Là, il se met nu, sa nouvelle façon d’être. Avale une boîte de conserve, penché au-dessus de l’évier. Puis télécharge des images pédopornographiques, une addiction, ses nuits y passent aussi, tant pis pour le retard à ses consultations. Ou alors, il se photographie, inlassablement, en tutu, avec une perruque à frange ou une culotte d’enfant volée au gré des occasions. Des mois durant, il ne se lave pas et s’en réjouit. Le whisky l’empêche parfois de tenir sur ses jambes.

Seul, plus besoin de verrouiller la grande armoire. Des poupées s’en sont échappées, qu’il achète au rayon jouets depuis des années. Il les appelle « mes petites filles ». Toutes portent un prénom, reçoivent des cadeaux, une jupette rose à bretelles ou une robe de princesse. Maintenant, elles trônent en permanence sur le canapé, il leur fait la conversation. Certaines mesurent un mètre, la taille d’une enfant, comme Véronique, sa préférée. La nuit, il la couche dans son lit. Il a des relations sexuelles avec elle depuis qu’il lui a fabriqué un faux sexe. Une photo dans le salon, encadrée à la manière d’un souvenir de famille, les montre nus, Véronique et lui. Il est fier de poser en érection, la soixantaine passée. Parfois, certaines « petites filles » se cassent, à force de manipulation. Alors, il les déclare mortes, les « démembre et jette les morceaux dans des poubelles ».

Murmures entre ceux qui savent
« 10 avril 2016, 16 heures. Je filme ma pièce de vie, mes 3 petites filles, ma table avec mon verre plein de whisky, ma plaquette de Nicorette, mes deux miroirs qui reflètent si bien mes attributs virils et mon corps de vieux superbement bronzé, mes DVD d’opéra et de ballet, mon piano, ma télé, mon ordinateur qui me permettent de voir tant de films, ma couverture bien crade et coussins raidis par la crasse, mon bloc à spirale où je note tout ce que je fais, ma vie, toute ma vie de vieux pédophile résumée en une seule pièce. Je suis bien. »

Dans l’entourage, des signaux s’allument, ça craque de partout. Murmures entre ceux qui savent. A demi-mot, Patrick, le frère, a fini par l’apprendre, un des fils aussi. La belle-sœur revoit une scène où elle a surpris Le Scouarnec embrassant les fesses de sa fille. Les deux sœurs en parlent. ELLE pleure. Et leurs souvenirs de gosses dégringolent à leur tour, quand elles aussi avaient été victimes d’un oncle, l’une et l’autre.

« Ça ne semblait pas traumatiser les enfants, elles ne pleuraient pas »

Il y a eu ce mariage aussi où un couple a refusé de venir si les Le Scouarnec étaient présents. Pressé par la mère de la mariée, le couple s’épanche sur leur fils, agressé par le chirurgien des années plus tôt. La mère sanglote. « On lui aurait donné le bon Dieu sans confession, à cet homme-là. » Elle le répète à sa fille, la mariée, qui s’effondre à son tour. Elle aussi en a été victime dans les années 1980. Quand on avertit Joël Le Scouarnec de ne pas venir à la cérémonie, il n’en revient pas : la jeune femme ne lui a jamais rien dit, il se croyait pardonné. « Ça ne semblait pas traumatiser les enfants, elles ne pleuraient pas. »

Certaines ne s’autoriseront à parler qu’une fois leur nom donné par le chirurgien, après son arrestation. « Mes parents viennent d’un milieu ouvrier, eux sont aisés. Je pensais que personne ne me croirait, d’autant qu’ils rendaient service en me gardant parfois. Chez eux, je faisais de la musique, du cheval, comme leurs propres enfants », témoignera une victime. Une autre a appelé un numéro vert, précisant que son agresseur travaillait avec des enfants. Pas de réaction au bout du fil. Une troisième, encore : « Je me disais: “il faut que ça s’arrête, l’un d’entre eux finira bien par parler un jour”. »

Dans les « cahiers noirs », la peur s’est insinuée. « Samedi 14 janvier, 17 heures. Dans le couloir du service. Croisé une enfant brune avec une queue-de-cheval. Je ne l’ai même pas touchée comme je le faisais il y a vingt ans, quand une fillette impubère passait à ma portée. » Ou le 17 décembre 2016, 10 h 30. « A l’hôpital. Je pense à l’heureuse époque où je l’aurais trouvée seule dans sa chambre… hélas, ce n’est pas possible depuis bien des années. » Les enquêteurs ont évalué le nombre de victimes supposées du chirurgien pour chaque année, au sens pénal du terme et à en croire ses journaux intimes. Il tournerait autour de 30 en moyenne, entre 1990 et 2005. Après l’affaire du site russe, le chiffre tombe de moitié, pour décroître à 3 ou 4. Aucune victime n’est repérée à partir de 2015. Les poupées semblent alors occuper toute la place.

Failles familiales
A Jonzac, par sa fenêtre, le chirurgien observe ses voisins. Leur fille surtout. Elle a 6 ans et l’obsède depuis des mois. Des canisses séparent leurs deux jardins, mais Le Scouarnec remarque une brèche ouverte par la tempête, un après-midi d’avril 2017. Il s’approche. L’enfant est là, sur un fauteuil. « Ce sont les circonstances qui m’ont poussé. Une partie de la palissade ne me protégeait plus d’elle, ou plutôt ne la protégeait plus de moi. » Une fillette bien réelle à portée de main, comme au temps de la clinique : il lui aurait parlé médecine, à l’époque, pour tenter d’effacer les autres souvenirs. Cette fois, il lui demande de chanter avec lui. Quand le chirurgien finit par s’éloigner, il ne pense qu’à une chose : quand recommencer. C’est cette petite enfant qui va mettre fin à trente ans de silence.

Villebon-sur-Yvette, le pavillon au bout de l’impasse tranquille. Le Scouarnec père vient d’apprendre par sa fille l’arrestation de Joël. « Ma famille est détruite, mais il n’y a pas mort d’homme. » Puis : « Je ne comprends pas que quelqu’un d’intelligent puisse faire cela. » Alors la fille explose. Elle répond que ce n’est pas une question d’intelligence. La preuve, jette-t-elle, lui-même a abusé de son petit-fils, un des garçons de Joël. Devant les experts ou les enquêteurs, le chirurgien avait brossé une enfance heureuse, une éducation sans faille. Savait-il que son propre fils avait été victime du grand-père ?, lui demande la juge d’instruction de Saintes, en l’apprenant elle-même. « Mon épouse me l’avait dit, je ne sais pas quand. Il me semble qu’elle m’a dit qu’il s’agissait de mon père, mais je n’en suis pas sûr. Moi, je n’ai pas cherché à en savoir plus. Vous me demandez pourquoi ? C’est parce que j’ai vécu sous l’emprise de la prédation sexuelle à l’égard des enfants. Mon fils ne m’a jamais posé plus de questions alors qu’il savait ce qu’il en était de ma pédophilie, pour avoir assisté à la perquisition. Je ne voulais rien savoir. »

Pour le reste, non, soutient-il, il n’a pas été abusé par son père. Non, lui-même n’a pas touché ses fils. Non, il ne voit aucun lien entre son père et sa pédophilie.

Dans le pavillon de Villebon, il y avait des poupées, aussi. « Une présence tout à fait banale, comme on en voit chez les uns et les autres », dit Le Scouarnec. Il a repris le ton affable qui faisait son charme, au temps du manoir.

Merci
Rjay
Pédophiles de père en fils...Pas compris qui est l'oncle aussi qui a abusé des sœurs (la femme du chirurgien et sa sœur).

Terrible folie.
Malédiction
Citation (psycraft @ 03/01/2020 19:57) *
Comment vous faites pour vous intéresser et relayer toutes ces merdes insignifiantes venues de twitter? wacko.gif


+1

Alors qu'une jolie petite 2ème (ou 3ème?) guerre du Golfe se prépare.


psgmat92i
wil
Citation (psycraft @ 03/01/2020 19:57) *
Comment vous faites pour vous intéresser et relayer toutes ces merdes insignifiantes venues de twitter? wacko.gif


C'est pire que Vichy Twitter, les mecs balances l'adresse de la fille, début 2020 va être hard pour elle ph34r.gif

Quelle connerie d'avoir fait cela, de l'avoir filmé et de l'avoir diffusé....
Averell
QUOTE (Lask @ 03/01/2020 20:22) *
Merci

Le mec est stupéfiant mellow.gif
Aphasie
Citation (Tonio @ 03/01/2020 18:02) *

Le singe c'est vraiment très moyen chiracsad.gif


Je comprends pas ceux qui s'amusent encore à filmer et à diffuser ce genre de trucs à l'heure actuelle. Après perso je deviens un phobique des téléphones en soirée, limite je veux péter les appareils de ceux qui cassent les burnes à vouloir prendre photo et vidéo. L'impression d'être en Corée du Nord avec des matons jusque dans les chiottes, juste qu'ils sont ici en mode kawaii.
Miles
Airstrikes targeting Iraqi militia reported north of Baghdad – live

https://www.theguardian.com/world/live/2020...on-live-updates
guiclay

Il fallait l'oser celle là.


Toujours sympa pour les alliés.
Crocop
Citation (Tonio @ 03/01/2020 18:02) *

Le singe c'est vraiment très moyen chiracsad.gif


Moi ce qui me choque c'est qu'elle part chercher sa pote à la gare en laissant le four allumé.
Putamadre
Citation (guiclay @ 04/01/2020 09:29) *

Il fallait l'oser celle là.


Toujours sympa pour les alliés.


Ses alliés c'est modi, bolsonaro, Orban, netanyahu etc ...
Pas Macron et Merkel.
Deloco93
Citation (Putamadre @ 04/01/2020 12:19) *
Ses alliés c'est modi, bolsonaro, Orban, netanyahu etc ...
Pas Macron et Merkel.


Merkel et l'Allemagne c'est son paillasson.
GI JOE
Tonio
Citation (GI JOE @ 04/01/2020 18:32) *





Team Iran, les américains méritent trop.
Miles
Je venais le poster ph34r.gif

Ceci est une version "bas débit" de notre forum. Pour voir la version complète avec plus d'informations, la mise en page et les images, veuillez cliquer ici.
Invision Power Board © 2001-2025 Invision Power Services, Inc.