Citation (tout 38 @ 05/07/2009 19:14)

Bonjour à tous. Comme promis hier, je viens parler ici de mon expérience ô combien enrichissantes de professeur qui a entre autre bonheur, celui de côtoyer régulièrement l'exquise jeunesse de nos banlieues. Aujourd'hui, j'ai décidé de vous relater certaine situations vécues sans y ajouter de commentaires personnels. Libre à vous ensuite de dire ce que vous en avez pensé...
Pour commencer, quelques mots sur "Johnny", élève de sixième dans un collège de banlieue il y a une dizaine d'années. Pour situer l'ambiance délicieuse qui régnait dans ledit établissement, la traversée des couloirs se révélait des plus périlleuses car de charmants saluaient le passage des profs de gros crachats et il fallait avoir de bons réflexes pour ne pas être touché Quand j'ai été envoyé là bas en mars 1997, quatre remplaçants m'avaient précédé:tous avaient jeté l'éponge pour cause de dépression:ph34r: . Tandis que la prof titulaire du poste avait pour caractéristique de ne pas enseigner plus d'une quinzaine de jours par an. En revanche, elle était une excellente cliente pour les maisons de repos.
Revenons-en à ce cher Johnny. Cet élève de sixième était d'abord un athlète du redoublement, 15 ans en sixième c'est quand même du très haut niveau. Malgré son âge, il était pourtant minuscule et pourtant, cela ne l'empêchait nullement de terroriser toute la population du collège, professeurs, administration et même les grands de troisième. Il est vrai qu'outre ses santiags, son poing américain et sa puanteur, il dégageait quelque chose de très négatif: d'ailleurs il avait une vraie tête de démon et un rire sardonique à vous glacer le sang...
Ses arrivées en classe ne passaient jamais inaperçues: le plus souvent il donnait grand coup de pied pour ouvrir la porte et si on s'aventurait à lui faire la moindre remarque les insultes fusaient aussitôt. Pour avoir traité une collègue de "grosse pain au chocolat" en début d'année scolaire, il avait d'ailleurs écopé d'un jour de renvoi. Sanction d'une rare sévérité
Ensuite, toujours avant mon arrivée, l'ami Johnny s'était battu pendant une récréation. Rien d'esseptionnel, sauf qu'il avait fallu appeler les secours pour s'occuper de son malheureux adversaire: il lui avait piétiné le visage à coup de santiag. Ce qui lui avait valu, trois nouveaux jours de renvoi. Abusif non
En tous les cas, cela ne l'avait point calmé. Un mois plus tard, ce délicieux élève faillit éborgner un camarade avec un révolver à billes. Quand il fut convoqué par la direction, il prétexta qu'il s'ennuyait durant les récréations et avait seulement voulu s'amuser avec son jouet et n'avait nullement cherché à blesser quiconque. Il s'en tira avec une nouvelle exclusion, huit jours cette fois
Enfin, il n' a pas ménagé le jeune enseignant que j'étais alors. Ce n'était pas le genre à chahuter, mais il "manageait" les trublions de la classe et saluait chacun de leurs exploits de ses affreux ricanements et d'un geste du pouce si le copain en question s'était vraiment surpassé.
Las de le supporter, je l'ai exclu de cours un mois environ après mon arrivée. Une décision dont je ne mesurais pas la portée... Il a refusé de quitter les lieux. J'ai alors essayé sans trop le brusquer, de le déloger de sa place. Mais il m'a violemment repoussé. J'ai alors mis à contribution mon mètre quantre vingt dix pour l'obliger à se lever, ce qui m'a valu quelques bonnes bourrades et une bordée d'injures ("espèce de malhonnête, gros porc je vais te crever..."). Au bout de cinq intermibales minutes et alors qu'il régnait un silence de cathédrale dans une classe d'ordinaire très bruyante, j'ai finalement réussi à le faire sortir et je croyais en avoir terminé avec lui. Mais il a faussé compagnie au délégué chargé de l'accompagner au bureau du CPE et il a cherché à rentrer de force en classe. Mes cents kilos m'ont permis de bloquer la porte. Ce qui l'a rendu encore plus furieux. Il s'est mis à hurler les pires menaces et insultes contre mois et à donner de violents coups de pied dans les cloisons.
Une telle prestation pensais-je, lui vaudrait certainement un renvoi définitif. Je rêvais. Le principal par intérim, (la directrice en titre avait fait un infarctus après avoir coursé une autre racaille qui semait la guerre des clones dans les couloirs) un psychologue scolaire de formation estima que huit jours de renvoi était une punition largement suffisante.
Mais accepta devant mes protestations de me dispenser de sa présence durant les deux mois de cours restants.
Malheureusement, au terme de sa semaine de repos, Johnny voulut se venger. Comme je ne l'avais plus en cours, il décida de m'attendre à la sortie avec deux camarades. Les trois garnements m'ont alors foncé dessus avec leurs vélos pour me me renverser. Mais ils m'ont manqué de peu. Les deux acolytes de Johnny sont partis après que je les ai menacés d'aller voir la police. Mais Johnny promit de me régler mon compte lors de notre prochaine rencontre: "je vais te tuer sale tapéte...".
Après ce délicieux moment, je suis allé voir les flics qui ont refusé d'enregistrer une plainte en bonne et due forme et ont estimé que mon affaire relevait d'une simple main courante: je me souviens de l'inspecteur qui me reçut en chemise tahitienne, un café et un croissant à la main et l'air plus que blasé
Quant au psychologue/principal du collège, il s'est lui aussi surpassé. Quand je suis allé aller le voir pour lui expliquer ce qui s'était passé, l'autre caillera de Johnny se trouvait dans la cour devant la fénêtre de son bureau et il s'est mis à hurler des insultes contre moi. Ce que j'ai fait remarqué aussitôt à mon chef d'établissement qui prétendit n'avoir rien entendu. D'où les cris de plus en plus sonores de la petite frappe, mais le principal continua à jouer au sourd et il refusa en sus de convoquer un conseil de discipline, au motif qu'il avait promis à l'éducateur du chenapan de tout faire pour le garder jusqu'à la find e l'année scolaire
Je suis alors parti en claquant la porte, puis suis allé voir un docteur qui m'a octroyé un congés de maladie...
Volià un passage de ma vie de prof. Heureusement, j'ai aussi fréquenté des établissements scolaires plus agréables. Mais peu d'enseignants osent révéler ce qui se passent vraiment dans l'Education Nationale et c'est bien dommage...
Si cette histoire vous a intéressé, je vous raconterai d'autres épisodes sympathiques de mon vécu enseignant
... Bonne journée à tous.
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Citation (Roufi @ 05/07/2009 à 14:32)
Tout 38, quand tu parles de "banlieue", tu parle de quelle banlieue ? Parce que à Grenoble à part Echirolles (et encore tu les mets en face de banlieusards parisiens...) je vois aucune banlieue de caïds
Non, il ne s'agit pas d'Echirolles, mais d'un quartier de Grenoble, mais je ne peux te dire lequel. Car sinon, on aurait vite on aurait vite fait d'identifier le collège en question et l'Education Nationale n'aime pas les bavards
Sinon, Grenoble une ville calme, si tu le dis. Il y a deux ans, il y a quand même eut une sacrée série de réglements de compte du côté de Fontaine. D'ailleurs, j'ai le frère d'une de mes élèves qui s'est fait descendre durant un remplacement que j'effectuais là bas
Enfin, je te rappelle que Grenoble est une des villes françaises les plus infiltrées par la mafia avec Marseille
Doonc, non ce n'est pas le havre de paix que certains imaginent...
Il est devenu quoi Johnny ?