Citation (Ashura @ 12/05/2010 à 23:33)

A propos, Copenhague est également le nom d'une très bonne pièce de théâtre (et c'est rare) basée sur l'histoire vraie des physiciens Niels Bohr et Wiener Heisenberg.
La pièce présente trois personnages : Heisenberg, Bohr, et Margrethe, la femme de Bohr. L'emplacement et le temps de l'action sont indéterminés, quoiqu'elle soit postérieure à la mort des protagonistes, suggérant que ce sont leurs esprits ou leur fantômes que l'on voit méditer sur leurs actions et leurs interprétations passées.
Bohr et Heisenberg étaient amis, collaborateurs de recherche, et ont grandement contribué aux fondations de la physique quantique avant la Seconde Guerre mondiale. En 1941, Heisenberg était directeur d'une partie du programme de recherche allemand sur l'énergie nucléaire ; Le Danemark, patrie de Bohr, était occupée par les Nazis, et Bohr lui-même était dans une position délicate du fait que sa mère était juive.
En 1941, Heisenberg et Bohr, jadis très proches, s'étaient perdus de vue. Heisenberg contacte Bohr et, à la faveur d'un dîner privé, l'emmène en promenade pour discuter à l'abri des écoutes de la Gestapo ; au bout d'un bref moment, Bohr rentre, hors de lui. Les deux anciens amis ne devaient jamais plus se rapprocher.
Ce qui s'est dit lors de la discussion historique est le sujet de nombreuses spéculations, d'autant plus que les témoignages des parties impliquées divergent. La version de Bohr dit que Heisenberg tentait de le recruter dans l'effort de guerre nazi, lui promettant de l'avancement académique. La version de Heisenberg dit qu'il tentait de donner à Bohr des informations sur l'état du programme allemand, dans l'espoir qu'il saurait les faire passer aux Alliés par des contacts clandestins. À ce stade, le programme allemand ne progressait pas bien (les Nazis n'avaient pas consenti aux investissements nécessaires à la production d'une arme) ; il est possible qu'Heisenberg ait soupçonné l'avancement du programme allié, et ait espéré les dissuader d'employer l'arme nucléaire sur l'Allemagne en les rassurant sur le danger effectivement représenté par la bombe nazie.
La pièce examine ces possibilités sous plusieurs angles, l'impossibilité de décider donnant sa dynamique à l'intrigue. L'auteur joue aussi sur deux concepts physiques introduits par les protagonistes : la complémentarité de Bohr (selon laquelle les photons ont deux natures complémentaires, ondes et particules), et le principe d'incertitude de Heisenberg (selon lequel il est intrinsèquement impossible de connaître simultanément l'impulsion et la position d'une particule avec une précision infinie). Frayn souligne la « complémentarité » du langage, par laquelle un propos ambigu peut être compris de plusieurs façons, et l'« incertitude » de l'histoire, par laquelle ceux qui peuvent considérer les événements avec du recul sont incapables de les appréhender complètement.
Bohr s'est par la suite évadé du Danemark (la pièce suggère que Heisenberg y aurait joué un rôle et, de ce fait, aurait contribué à sauver la vie de Bohr) et a contribué aux efforts alliés pour produire les premières bombes atomiques à Los Alamos. À la chute du Troisième Reich, en 1945, Heisenberg n'avait qu'à peine réussi à produire une réaction en chaîne auto-entretenue dans un réacteur nucléaire primitif installé dans une grotte, sans équipement de sécurité. Il a rejoint la zone d'occupation alliée et s'est vu confiné à Farm Hall, en Grande-Bretagne, avec d'autres savants allemands, jusqu'aux bombardements de Hiroshima et Nagasaki.
Bohr, Heisenberg..
Paie ton programme de physique de l'année

Citation (Mr_Crowley. @ 12/05/2010 à 23:38)

c'est pas les V2 plutôt??!
"Grand éclair. Feu, beaucoup de morts tout de suite. Avec grandes brûlures. Beaucoup aveugles..." Oleg agonise. Mais avant de mourir de ses brûlures, ce prisonnier de guerre soviétique du camp de concentration nazi d'Ohrdruf, dans le centre de l'Allemagne, se confie à un compatriote en cherchant ses mots.
Il lui explique ce qui vient de se passer. La gigantesque explosion qui l'a aveuglé, avant de tout carboniser autour de lui. Sans le savoir, Oleg est l'une des premières victimes de l'ère atomique.
Comme plusieurs centaines d'autres cobayes, dont certains se sont littéralement volatilisés, il a été exposé à un test nucléaire organisé dans le plus grand secret par les nazis le 3 ou 4 mars 1945. Deux mois avant la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe.
A l'époque, les Allemands se replient de toutes parts. La défaite totale est proche. Reste un espoir pour les nazis: leurs "armes miracles", ces avions, ces fusées ou ces sous-marins qui pourraient changer le cours de la guerre. Mais ce que Hitler attend avec le plus d'impatience, c'est un nouveau type d'explosif. Une bombe si puissante qu'elle "détruirait toute vie humaine dans un rayon de trois à quatre kilomètres du point d'impact", explique le Führer en août 1944 à Ion Antonescu, chef de l'Etat roumain.
Une bombe tactique, d'une puissance moindre qu'à Hiroshima et Nagasaki
Les physiciens allemands y travaillent sans relâche depuis 1942. Depuis que l'état-major de la Wehrmacht et les SS ont libéré de gros budgets pour réaliser la bombe. Sans succès, prétendaient les alliés après la guerre, en ajoutant que les scientifiques nazis étaient très en retard sur leurs collègues américains et britanniques.
Faux, rétorque aujourd'hui Rainer Karlsch. Dans son livre "La bombe de Hitler", l'historien allemand prouve que les nazis ont testé plusieurs bombes nucléaires tactiques entre octobre 1944 et mars 1945. Soit bien avant les attaques américaines qui détruiront les villes japonaises d'Hiroshima et de Nagasaki en août 1945.
Mais, précise d'emblée le chercheur berlinois, le potentiel de destruction de la bombe nazie était bien inférieur à celui des deux bombes atomiques américaines. La raison en est simple: les Allemands n'avaient pas assez de matériaux fissibles, comme l'uranium enrichi par exemple, pour construire des bombes A.
Mais ce n'était qu'une question de temps. Si les nazis avaient pu prolonger la guerre d'une année, ils auraient très certainement disposé d'armes aussi dévastatrices que celles des Américains.
Un éclair très vif, rougeâtre à l'intérieur, jaunâtre à l'extérieur
Mais revenons à cet essai nucléaire dont Staline saura tout dès le 23 mars, grâce aux rapports de ses espions, qui décrivent avec précision l'onde de choc, les hautes températures, les bâtiments soufflés et les prisonniers de guerre anéantis. Cläre Werner, une habitante de la région d'Ohrdruf, raconte qu'elle a vu vers 21h30 un éclair très vif, rougeâtre à l'intérieur, jaunâtre à l'extérieur.
Il a illuminé le paysage de telle sorte qu'elle aurait pu lire le journal sans problème. Un autre témoin parle des habitants des environs qui, les jours suivants, souffrent de migraine et qui crachent du sang. Il décrit aussi les effets dévastateurs de la bombe, notamment sur les 700 ou 800 prisonniers de guerre sacrifiés à cette occasion.
"Plus aucun cheveu, des cloques de brûlure, les chairs nues et à vif"
"Tous ces gens n'avaient plus aucun cheveu. Certains avaient des cloques de brûlure sur la peau, les chairs nues et à vif..." D'autres témoins prétendent que des sentinelles SS ont été tuées lors de l'essai. Preuve que les nazis avaient été dépassés par la force de leur création, qu'ils appelaient "bombe de la désagrégation", comme l'a entendu le correspondant de guerre Luigi Romersa en octobre 1944.
Ce journaliste italien avait été envoyé par Mussolini pour constater de visu les avancées technologiques allemandes. Il se trouvait alors sur un autre site d'essai nucléaire, l'île de Rügen dans la mer Baltique. "Nous avons ressenti un véritable tremblement de terre", témoigne-t-il dans le livre de Rainer Karlsch. "Nous avons vu très clairement un éclair, une lumière incandescente, puis une grande paroi de fumée s'est dressée devant nous."
Une "arme miracle"... que la Wehrmacht a finalement renoncé à utiliser
Alors pourquoi les Allemands n'ont-ils pas utilisé leur "arme miracle"? Selon l'historien allemand, la bombe nucléaire nazie n'était pas prête pour une application militaire. Il lui manquait notamment un vecteur, un avion ou une fusée, pour bombarder les villes ennemies. En outre, les pontes nazis, à la différence de Hitler, ont compris, dès la fin du mois de mars 1945, que les quelques armes atomiques qu'ils pourraient fabriquer n'arrêteraient pas l'avancée des Soviétiques, des Américains et des Britanniques.
Et, surtout, leur utilisation sur le front aurait provoqué la vengeance des alliés, qui auraient eu beau jeu de détruire l'Allemagne sous un tapis de bombes... traditionnelles. La guerre était perdue. Il fallait arrêter les frais et éviter, si possible, le peloton d'exécution pour crime de guerre.
Une longue enquête, qui aboutit grâce à des fonds d'archives inexploités
L'historien Rainer Karlsch reçoit en 2001 une lettre qui l'énerve. Dans ce courrier, le journaliste Heiko Petermann, qui enquête sur d'éventuelles expérimentations de bombes atomiques dans le Reich, lui demande s'il sait de combien de tonnes d'uranium disposaient les nazis durant la guerre.
"J'eus l'impression qu'il se moquait de moi", résume le chercheur allemand qui, comme la majorité des spécialistes de la période, estimait impossible qu'Hitler ait pu développer une arme nucléaire. Et pourtant Petermann présente à Karlsch des témoins certifiant qu'ils ont vu un brillant éclair de lumière et une colonne de fumée en mars 1945.
Dans un premier temps, Karlsch doute de ces informations. Les physiciens allemands n'avaient-ils pas fait tout leur possible pour torpiller le projet de bombe atomique nazie? Ils l'avaient d'ailleurs juré sur l'honneur aux alliés qui les avaient fait prisonniers après la guerre.
Devant le manque de preuves, l'historien doute, mais se prend tout de même au jeu. Avec succès. Après plusieurs années de recherche dans des fonds d'archives inexploités en Allemagne, mais aussi en Russie et en Angleterre, il découvre des documents inédits démontrant que les scientifiques nazis savaient ce qu'était une bombe au plutonium.
Une activité nucléaire détectée sur les sites concernés
Il se rend aussi compte que de nombreuses preuves ont été détruites par ces mêmes scientifiques. Histoire de conserver leur place dans la communauté scientifique internationale. Mais c'est sur le terrain, là où les bombes auraient explosé, que Karlsch trouve la preuve d'une activité nucléaire. Des scientifiques analysent les sols et confirment la présence, entre autres, de césium 137 et de cobalt 60.
La boucle est bouclée, même s'il manque encore la preuve visuelle des essais, regrette l'historien, en ajoutant qu'un film au moins a été tourné lors d'une des explosions et qu'il est tombé dans les mains de Staline en 1945. Mais voilà, il s'est perdu dans les archives russes. Officiellement du moins.