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Le jour où le Qatar a racheté l’OM
Les Qataris rachètent l’OM, retour du Pape aux affaires, Anigo et Deschamps se serrent la pince et le mercato s’emballe. Un article complètement mythomane qui inquiète mon médecin.
En ce lundi 2 juillet, je me lève fermement convaincu que celui qui a pondu « l’argent ne fait pas le bonheur » ne devait pas être Qatari. Ou alors il avait bu du pétrole et avait vu son cerveau fondre aussi vite qu’un bucket KFC posté à découvert dans le salon d’André Pierre Gignac. C’est fort de cette philosophie de vie que j’assiste au débarquement d’investisseurs tout droit venus de l’Émirat du Moyen-Orient par le premier Fly Emirates du matin à Marseille. Du bonheur en petites coupures plein les valises et des ambitions démesurées plein le cerveau. Les objectifs de ces amateurs de nappes normandes nouées autour du crâne sont en effet nombreux. Primo, gagner plus qu’une coupe de la figue par an. Secundo, concurrencer le PSG du cheikh Tamim Bin Hamad Al Thani, l’homme qui ne peut prononcer « Loulou Nicollin » sans que cela ne lui provoque une vilaine crise d’urticaire. Tertio, booster la compétitivité de la L1 pour les saisons à venir. Frédéric Thiriez s’en frisotte les bacantes avec une excitation enfiévrée qui n’a rien à envier à l’emballement précoce du binôme Xavier Gravelaine – Fabien Lévêque devant une action rondement menée par Julien Toudic lors d’un Lens – evian Thonon-Gaillard de coupe.
Pape Diouf, plus fort que Benoît XVI
Je zappe illico sur LCI pour faire remonter leur taux d’audience et par effet de ricochet, faire plaisir à Jean-Claude Dassier même si je lui en veux d’avoir osé quémander 1,7 million d’euros alors que le club était sur la paille. Mais ça, c’était avant ! Toutes les caméras des chaînes d’information en continu sont braquées sur le retour de Pape Diouf à le tête de l’OM. Pour sceller son intronisation, le Pape a réconcilié Anigo et Deschamps. Plus fort que Benoît XVI, il accomplit des miracles. Habemus Papam. Bien qu’ayant formellement démenti son rôle d’intermédiaire en juin, l’ancien journaliste est le grand artisan de ce rachat. Exit donc Labrune et la blonde. Les frileux du portefeuille se sont fait coiffer au poteau par des hommes au carnet de cheikh (…) aussi facile qu’une prostituée ukrainienne un soir de finale de l’Euro. J’imagine alors JCD, mâtant la même chaîne que moi, grommeler des termes difficilement audibles : « président… libanaise…africaine… primes… quatre titres… enfoirés. »
Un mercato en mode open-bar
C’est donc une nouvelle ère qui s’ouvre à Marseille. Celle de l’opulence économique, de l’hubris, comme diraient nos amis grecs même si l’OM est désormais plus riche que le pays des philosophes. Fini les rumeurs que je qualifierais de « Sedanesque ». Sus aux montées d’angoisse suscitées par des rumeurs annonçant l’arrivée imminente de Renaud Cohade qui a emmagasiné un maximum d’expérience européenne à Valenciennes. Celle de Sigaramy Diarra autant vu en L1 cette année que quatre Jamaïcains en bobsleigh aux JO d’hivers (Rasta Rockett ne comptant évidemment pas). Voire Timothée Kolodzieczak qui ne doit pas s’attendre à ce qu’un stade français scande un jour son nom… Place à un vrai mercato. C’est open bar ! Je vois déjà les gros titres : « Marseille sur Cavani et Hamsik » (prends ça Lavezzi ! Tu m’as crevé le cœur en rejoignant Paris !) « Drogba, retour imminent en attendant Philipp Lahm ? » « Assou-Ekotto pas insensible aux sirènes olympiennes » « L’OM refuse Tevez » (caprice de nouveaux riches). En temps qu’éternel supporter, sauf lorsque l’on enchaîne 13 matchs sans victoire et que j’entame un mouvement de grève seul chez moi sur mon canapé, je rêve de coupe d’Europe aux anses décorées de petits rubans bleus et blancs d’ici deux ans. Je vois Deschamps s’élançant de son banc les bras en l’air, tel le Goethals de Munich, vers ses joueurs vainqueurs d’une Champion’s League un an après avoir décroché l’Europa League. J’imagine Jean-Michel Aulas passant ses nerfs sur Al Kamali, l’international émirati, vociférant qu’il l’a recruté pour rien puisqu’aucun investisseur des Émirats Arabes Unis n’a daigné pointer le bout de son tapis volant à Lyon.
Des shows de Clara Morgane au Vélodrome
Mais très vite je déchante lorsqu’un responsable du service marketing fait son apparition sur ma lucarne qu’il cadre avec un maillot rose et blanc dans les mains. Une immondice ressemblant vaguement à une glace vanille-fraise périmée dont pas même Emmaüs ne voudrait. « Sur demande des nouveaux propriétaires de l’OM, voici la nouvelle tenue third, annonce l’illuminé, le rose est la couleur de l’amour et de l’avenir, c’est un hommage à Clara Morgane, native de Marseille et grande amatrice de football qui fera des shows dénudés au Vélodrome. De plus, en 1921, l’OM devait jouer un ¼ de finale du tournoi de la Méditerranée en rose contre Endoume. C’est donc une couleur historique du club. » J’entame un nouveau mouvement de grève pour protester contre ce choix hautement provocateur et me surprends à devenir nostalgique de l’orange… Pour manifester mon mécontentement, 10 jours sans Foot-Mercato, Mercato 365 ou Maxi-Foot. Une cure drastique, mais mon mal est profond. Je souffrirai de mercatodrôme aigu. Mon cas risquerait fort de s’amplifier avec l’arrivée des Qataris. Comme quoi, l’argent ne fait peut être pas le bonheur, mais il rend complètement malade ! La preuve, j’en viendrais presque à prendre mes rêves pour des réalités.