Citation (Dagoberto @ 29/09/2015 10:01)

Si quelqu'un a accès à l'article complet :
http://www.lemonde.fr/sport/article/2011/1...02046_3242.html La citation complète de Bernes est donc:
2 juillet 96, Audition de Bernes dans le bureau du juge d'instruction, Eric de Montgolfier:
"J'ai été malhonnête pendant 4 ans, plusieurs matchs ont été arrangé. J'ai vu récemment une émission de TV ou on disait que Monaco c'est fait volé 2 titres et c'est exact. Il y a 45 joueurs qui peuvent être mis en cause mais je ne veux pas dire leur nom"
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Bernès, agent trouble
Dans le bus qui emmène les joueurs de l'équipe de France au stade de Tirana pour affronter l'Albanie, ce vendredi 2 septembre, en match de qualification pour l'Euro 2012, un échange vif éclate entre Franck Ribéry et Florent Malouda. 126 sélections à eux deux, pas spécialement copains et en farouche concurrence pour jouer sur l'aile gauche de l'attaque des Bleus, le joueur du Bayern aurait lancé à celui de Chelsea pour clore la querelle : " De toute façon, Jean-Pierre m'a dit que je jouerai à gauche ! "
La légende du bus de Tirana ne supplantera jamais celle de Knysna, mais dans le petit milieu des agents du foot français, elle tourne en boucle. Car " Jean-Pierre " n'est pas le prénom d'un adjoint de Laurent Blanc, le sélectionneur des Bleus, mais celui de son agent, qui se trouve aussi être celui de Franck Ribéry : Bernès. Comme, à Tirana, Florent Malouda s'est plaint auprès d'un proche d'un traitement de faveur inacceptable et que la presse traînait par-là, de lourdes questions tournent aussi désormais en boucle. Jean-Pierre Bernès influence-t-il les choix de Laurent Blanc ? Profite-t-il de ses liens avec le sélectionneur pour enrôler des joueurs en se présentant comme une porte d'entrée chez les Bleus ?
Pure " jalousie ", a répondu Laurent Blanc dans un entretien à L'Equipe, le 28 octobre : " Il n'est pas interdit d'être agent de joueurs et de sélectionneur. " Et qu'en pense l'agent double ? Pour le savoir, il faut aller jusqu'à Cassis, sa ville. Jean-Pierre Bernès fait tout pour qu'on le croie et qu'on l'aime, au moins un peu. Le poisson du restaurant chic sur le port est cuit juste comme il faut, l'addition escamotée et la vue, splendide. " Dans tous les métiers, il y a un premier et un dernier, assène notre hôte en amuse-gueule. Si j'étais mauvais, on ne serait pas là. "
Et c'est vrai qu'il n'est pas " mauvais ", " Jean-Pierre ". A 54 ans, le n° 1 des agents sportifs est l'un des hommes les plus puissants du foot business à la française, le plus emblématique et donc aussi le plus controversé, vu la " mauvaise " réputation de sa profession. Son écurie multimillionnaire compte aujourd'hui treize internationaux dont six figuraient dans le groupe retenu par Laurent Blanc pour affronter au Stade de France, en amical, les Etats-Unis vendredi 11 novembre, puis la Belgique mardi 15 novembre : Franck Ribéry, Alou Diarra, Adil Rami, Jérémy Menez, Jérémy Mathieu (pour la première fois) et Samir Nasri (forfait pour blessure).
A table, Jean-Pierre Bernès voudrait que son opération séduction fonctionne, malgré ses mises en abyme un peu téléphonées. Car, quinze ans après sa condamnation pour corruption dans l'affaire du match truqué VA-OM, il est accablé par cette nouvelle polémique aux allures de conflit d'intérêts au sommet du foot français. " Des magouilles ? Mais pourquoi ?, s'insurge-t-il. Les jaloux et les pisse-vinaigre font une fixation sur moi. Qu'on m'ait "bastonné" il y a quinze ans, c'est normal. Mais aujourd'hui, c'est tellement injuste de venir me chercher des poux ! "
Mais même après plusieurs shampoings, la polémique est tenace. " Le dossier Bernès est suffisamment grave pour que cela justifie une réaction des autorités, assène Philippe Flavier, le président du syndicat des agents de football. La fédération est au courant qu'il y a une recrudescence des doléances depuis la nomination de Laurent Blanc. Pour l'instant, nous récoltons les lettres de confrères qui ont pu subir des pratiques douteuses de la part de M. Bernès. " Frédéric Guerra est l'agent de l'international marseillais Loïc Rémy : " Un joueur m'a rapporté un jour ce que lui avait dit M. Bernès : "Si tu viens avec moi, tu iras en équipe de France." Je lui ai répondu : "Laurent Blanc est au-dessus de tout soupçon. Mais que M. Bernès se serve du sélectionneur pour racoler, c'est hors la loi". "
Depuis 1999, M. Bernès travaille main dans la main avec Alain Miggliaccio, le sémillant agent de Zinédine Zidane. Le réseau de M. Bernès est devenu une gigantesque toile d'araignée. Dernière prise de taille : Yoann Gourcuff. Trois ans que les deux hommes tournaient autour de l'éternel grand espoir du foot français qui se refusait à eux malgré les recommandations de Laurent Blanc, son entraîneur à Bordeaux. Le duo d'agents a mis le paquet : un avion privé affrété en mars 2009 pour emmener Yoann de Gironde à Lorient, histoire de convaincre son père, Christian, l'assurance d'être impeccablement traité dans la presse et de pouvoir discuter entre " amis " avec Laurent Blanc devenu sélectionneur... On résiste rarement à Jean-Pierre Bernès.
Pour Pierre Frelot, ancien directeur financier du PSG reconverti agent, " on ne peut pas être agent de joueurs et d'entraîneurs. Cela crée un climat suspect. Imaginez que, dans un supermarché, le responsable des achats soit également le fournisseur. C'est interdit ! " A sa décharge, l'agent Bernès y est autorisé par la loi. " Je n'ai pas touché de commissions de la FFF quand Laurent Blanc a signé son contrat, il n'y a aucun conflit d'intérêts, jure-t-il. Comment imaginer que Laurent Blanc m'appelle pour me demander qui sélectionner ? Restons sérieux ! "
" S'il y a des preuves, on étudiera une action disciplinaire ", concède Jean Lapeyre, directeur juridique de la FFF. Si le président de la Fédération, Noël Le Graët, croit en " l'honnêteté intellectuelle de Laurent Blanc ", le dossier est remonté jusqu'au ministère des sports, sous la mandature de Chantal Jouanno. " On préparait une loi éthique sur le sport qui s'intéressait, notamment, aux conflits d'intérêts ou au cumul de fonctions, témoigne Christophe Merlin, l'ancien chef de cabinet de la ministre. Sur le cas des agents, on devait légiférer sur l'incompatibilité entre agents de joueurs et d'entraîneurs. Concernant M. Bernès, son cas est devenu médiatique au moment où Mme Jouanno a quitté le ministère. Mais il aurait mérité qu'on s'y appesantisse... " Le nouveau ministre, David Douillet, estimant que ce dossier n'est " pas une priorité ", M. Bernès ne risque pas d'être inquiété par ce mélange des genres. " Jean-Pierre ne prendra plus le risque de mettre la main dans le pot de confiture ", estime son ami Bernard Caïazzo, le président de Saint-Etienne, qui lui a proposé, en 2010, un poste de directeur sportif.
" On m'a donné une deuxième chance, j'ai le devoir d'être exemplaire, assure l'intéressé en trifouillant ses lunettes. Aujourd'hui, je pense être respectable, même si j'ai fait des erreurs. " Sa plus grosse " erreur " ? Avoir été l'un des acteurs du plus gros scandale du foot français, l'affaire VA-OM, en 1993. Jean-Pierre Bernès était alors le directeur général de l'OM, l'un des plus grands clubs d'Europe, la créature de Bernard Tapie. " J'ai été malhonnête pendant quatre ans, déclarera l'accusé Bernès, le 2 juillet 1996, devant le juge d'instruction. Il y a eu plusieurs matches arrangés. J'ai vu récemment une émission de TV où on disait que Monaco s'était fait voler deux titres et c'est exact. Il y a 45 joueurs qui peuvent être en cause. Je ne veux pas dire leurs noms. " Il est condamné à dix-huit mois de prison avec sursis. Sa deuxième " erreur ", il l'a payée en 1998, avec une condamnation à deux ans avec sursis dans le procès dit des comptes de l'OM où il était accusé de malversations financières lors de transferts de joueurs. Il passe quinze jours en prison.
Radié à vie du foot mondial en 1994, comment a-t-il pu refaire son trou dans le milieu ? Comme dans un film d'espionnage, l'agent Bernès a négocié son retour en divulguant à la FIFA des informations sur le " système Tapie " à l'OM. La Fédération internationale lève sa suspension dès 1996. La FFF le remet dans le jeu en 1999. Cette indulgence interpelle Bruno Satin, le vice-président du syndicat des agents. Il se souvient d'avoir appelé Jean Lapeyre cette année-là : " Comment un homme qui a commis ce qu'il y a de pire dans le football, et qui en a été chassé pour ça, peut-il revenir ? Qu'il ouvre un bar-tabac ! "Vous êtes le seul à vous plaindre", m'a rétorqué M. Lapeyre. "
Plus tout à fait seul. En 2007, l'agent Bruno Heidersheid a déposé plainte contre Jean-Pierre Bernès pour exercice illégal de la profession d'agent après s'être fait chiper son meilleur joueur, Franck Ribéry. " Il est surréaliste que M. Bernès ait récupéré sa licence alors qu'il a été condamné au pénal au cours d'un procès dans lequel la FFF était partie civile, tempête son avocat, Thibault de Montbrial. On peut parler d'un coup d'éponge magique. " Pour Marc Fratani, ancien attaché parlementaire de Bernard Tapie et auteur, en 2009, du livre Le mot d'ordre était : liquidons Tapie ! (éd. Hugo et Cie), son spectaculaire retour en grâce ne doit rien au hasard : " Il a négocié avec les dirigeants du football français. D'ailleurs, à la sortie du tribunal, en 1995, M. Bernès déclare qu'il va contacter Noël Le Graët - alors président de la Ligue - et Jean Fournet-Fayard - patron de la FFF - pour discuter de son avenir dans le football. Pour les rappeler à leurs promesses... " La licence d'agent en poche, c'est Alain Miggliaccio qui lui tend la main. Les deux hommes se connaissent depuis longtemps. En 1992, ils se sont associés dans un restaurant d'altitude, Les Deux Mazots, au Sauze (Alpes-de-Haute-Provence). A l'époque, M. Bernès est directeur général de l'OM et M. Miggliaccio déjà agent de joueurs. Un dirigeant de club associé avec un agent de joueurs : déjà un conflit d'intérêts ? M. Miggliaccio a aussi été condamné dans l'affaire des comptes de l'OM.
Il n'empêche. A partir de la réhabilitation de M. Bernès par la fédération, le tandem pédale à pleine vitesse. Et quand un joueur ne succombe pas spontanément à leurs charmes, le duo loue les services d'une sirène au chant irrésistible. " En plein Mondial 2006, Franck me dit que Zidane lui a posé des questions sur moi, qu'il lui a vanté les mérites de Bernès et Miggliaccio, raconte Bruno Heidersheid, l'ancien agent de Ribéry. J'apprends que les deux hommes le harcèlent au téléphone. A tel point que, le jour de la finale, Franck change de numéro de portable. " " La saison suivante, des membres de l'Olympique de Marseille m'alertent sur le fait que Ribéry déjeune souvent avec Bernès, poursuit l'agent. Le 27 avril 2007, Franck me dit : "Bruno, j'ai un problème. Ma femme ne veut plus que je travaille avec toi. Soit je divorce, soit tu n'es plus mon agent." Deux jours plus tard, Bernès et Miggliaccio devenaient ses agents. "
Depuis, Jean-Pierre Bernès est devenu trois fois champion de France à travers les entraîneurs dont il gère la carrière : en 2008 avec Alain Perrin à Lyon, en 2009 avec Laurent Blanc à Bordeaux et en 2010 avec Didier Deschamps à Marseille. L'OM, c'est sa matrice, la grande histoire de sa vie. Et, pourquoi pas, son destin final. Il a intégré le secteur administratif à 24 ans, en est devenu le numéro 2 sous l'ère Tapie, et l'a quitté dans le chaos de l'affaire VA-OM. En 2009, l'ancien président, Jean-Claude Dassier, lui propose un vague poste de conseiller. Mais Jean-Pierre Bernès n'a pas besoin ni envie que son nom apparaisse sur une ligne intermédiaire d'un organigramme.
Ce qui bruisse, aujourd'hui, dans les couloirs de l'Olympique de Marseille, c'est que, via Didier Deschamps, l'influence de l'agent Bernès est à la fois diffuse et considérable. Jusqu'à fomenter les luttes intestines qui parasitent actuellement la tête du club : " Quand il y a un antagonisme aussi fort entre d'un côté le directeur sportif, José Anigo, qui représente la mémoire du club, et, de l'autre, l'entraîneur appuyé par son agent, c'est difficile de gérer et ce n'est pas bon pour le club ", analyse Jean-Claude Dassier.
Bernès veut-il reconquérir l'OM ? L'ex-président du club phocéen répond par une ellipse : " La veille de ma nomination à la présidence du club, en juin 2009, je dîne à Paris avec Vincent Labrune, le président du conseil de surveillance, ainsi que MM. Deschamps et Bernès. Deschamps évoque son départ du club. C'est tendu. Alors, pour tenter d'arranger les choses, je lance à la cantonade : "Jean-Pierre, pourquoi ne me filerais-tu pas un coup de main ?" Le lendemain, L'Equipe titre : "Bernès de retour à l'OM ?" Je me retrouve au coeur d'une tempête médiatique, mais ce n'est pas moi qui ai téléphoné au journal... " Il suffit de suivre son regard pour comprendre que l'agent Bernès se rêve un nouveau destin à l'OM.