Citation (Le Monde.fr)
Le nouveau stade Vélodrome coûtera 380 952 euros par match à l'OM
L’OM va devoir passer à la caisse. Le conseil municipal de Marseille votera lundi 30 juin une délibération fixant le loyer du club de football pour l’utilisation du tout nouveau stade Vélodrome. Selon le rapport 318, qui a été transmis aux élus et dont Le Monde a pris connaissance, l’Olympique de Marseille sera facturée 380 952 euros hors taxe par match dès le début de la saison 2014-2015, le 16 août. Une «part fixe», dit la délibération, qui sera agrémentée d’une «part variable en fonction du chiffre d’affaires du club».
Pour un total de 19 matches de championnat à domicile, cela fixe la redevance annuelle du club marseillais à une somme plancher de 7,23 millions d’euros. Sans tenir compte des éventuelles rencontres de Coupes – de France, de la Ligue ou d'Europe – disputées au Vélodrome. Une somme très éloignée de celle que l’OM souhaite payer.
«DÉTRUIRE LE CLUB».
Interrogé mardi 24 juin, le club marseillais n’a pas souhaité réagir, notant seulement que le «chiffre du loyer n’est pas encore officiel». Début juin, dans le journal La Provence, le président olympien Vincent Labrune estimait toutefois déjà qu’un loyer tournant autour de 8 millions d’euros par an «allait détruire le club».
Le stade rénové, agrandi à 67 000 places et entièrement couvert, doit être livré pour la reprise du championnat, contre Montpellier. La polémique entre l’OM et la municipalité de Jean-Claude Gaudin (UMP) au sujet du loyer du Vélodrome dure depuis de longs mois. Le club marseillais estime que les recettes additionnelles du nouveau stade – en terme de places VIP notamment – sont «insuffisantes pour justifier une hausse importante de sa participation». Le club a également chiffré à «28 millions d’euros» son manque à gagner pendant les trois saisons de travaux, qui ont amputé le stade de nombreuses places et rendu son accès particulièrement compliqué. Durant cette période, la mairie s’est toutefois montrée très conciliante avec l’OM, accordant un loyer symbolique de 50 000 euros par an. Cette convention, signée en 2011 et qui prend fin le 30 juin 2014, a valu à Jean-Claude Gaudin, le sénateur-maire UMP, les critiques de la Chambre régionale des comptes dans un récent rapport.
«AU PATRIMOINE DE LA VILLE»
Couvert et mis aux normes pour permettre à Marseille d’accueillir l’Euro 2016 de football, le stade Vélodrome a été concédé pour 35 ans au groupe Arema, filiale du groupe Bouygues, dans le cadre d’un partenariat public-privé. Pendant 33 ans, la ville de Marseille doit s’acquitter d’une redevance au constructeur, de près de 12 millions d’euros annuels. Une facture que la municipalité de Jean-Claude Gaudin entend régler en grande partie grâce au loyer demandé à l’OM.
S’il fixe des conditions de loyer drastiques et applicables dès le mois d’août, le rapport 318, qui sera voté lundi prochain au conseil municipal, ménage toutefois une voie de négociation aux deux parties en conflit. La ville de Marseille y rappelle qu’elle a «saisi l’institution publique France Domaine afin d’expertiser le dossier pour préparer une nouvelle convention avec l’OM». Une convention qui, selon la délibération, «devrait être proposée dans le courant de l’été».
Durant la campagne municipale, la question du stade Vélodrome a été au cœur d’une polémique. Le candidat socialiste Patrick Mennucci avait ainsi intégré dans son programme la vente de l’enceinte au privé, jugeant le coût total des travaux – estimé à plus de 300 millions d’euros – «insupportable pour la collectivité». M. Gaudin, lui, a toujours soutenu que le Vélodrome devait rester «au patrimoine de la ville». A l’époque, il avait reçu sur ce point le soutien de la direction de l’OM et de certains groupes de supporters.
Par Gilles Rof