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Le président de l'OM, en garde à vue depuis mardi, expliquait à La Provence, ce que son staff a mis en place pour faire le "ménage"
C'était le 22 février 2013. Plus d'un mois après les perquisitions menées à La Commanderie, l'OM était ciblé par de nouvelles fuites d'écoutes téléphoniques. En fin de journée, Vincent Labrune nous avait passé un coup de fil pour répondre à nos questions. Non pas pour s'exprimer officiellement au nom du club olympien, mais pour donner son point de vue sur la situation. "La justice est là pour nous aider. Une enquête est en cours, l'OM se constituera partie civile. On a confiance dans la justice, et on collabore. De deux choses l'une : soit il y a quelque chose, soit il n'y a rien. Mais, dans les deux, on est victimes !", tempêtait le président olympien.
Avant de se lancer dans un monologue : "On ne va pas découvrir aujourd'hui, ni vous ni moi ni personne, que Marseille est une ville de voyous. On est d'accord ? On ne va pas découvrir aujourd'hui, ni vous ni moi ni personne, que l'OM est un club qui a un problème avec le banditisme et le grand banditisme depuis 15 ou 20 ans. On est d'accord ? On ne va pas non plus découvrir que le milieu des agents est un milieu pourri", égrenait-il, le ton ferme.
"À l'OM et à Marseille, le ménage ne se fait pas en deux jours"
"Une fois que j'ai dit ça, on a payé le prix qu'il fallait payer. Je parle bien évidemment pour la famille Louis-Dreyfus car on s'est retrouvé au tribunal, puis condamné dans l'affaire des comptes de l'OM en 2005, je vous le rappelle, et ce n'est pas neutre. Ce qu'on a essayé de mettre en place avec Robert (Louis-Dreyfus, ndlr), en 2008, Xavier Boucobza, son conseiller juridique, et moi-même, au conseil de surveillance, c'était de faire en sorte de 'nettoyer' pour que ça ne se reproduise plus jamais. Sur la base de ce constat, on a mis en place des règles de fonctionnement différentes.
"Dans une ville comme Marseille et un club comme l'OM, tu ne peux pas faire le ménage en deux jours. Surtout quand il y a des habitudes qui sont ancrées. On a pris des positions dures dans le cadre de l'encadrement des opérations de transferts : 100 % des opérations de transferts du club sont légales, encadrées par la commission juridique et validées par les commissaires au compte. Ce n'est pas rien.
"Depuis 2008, on essaie de faire de l'OM une entreprise 'normale'. Cela n'a pas plu à certaines personnes et cela a conduit, un an plus tard, à la révocation de la direction en place (Diouf/Fournier) qui ne voulait pas se plier au fonctionnement qu'on souhaitait, puis à la révocation de la direction suivante (Dassier/Veyrat) qui considérait qu'elle était chez elle et que le conseil de surveillance ne comptait pas. Il y avait une erreur dans nos statuts car le conseil de surveillance n'intervenait qu'a posteriori dans les opérations de transfert.
"Avec l'actionnaire, ces deux décisions successives nous ont conduits à enlever le conseil de surveillance et le directoire pour mettre en place un conseil d'administration. Ce qui nous permet aujourd'hui d'avoir la main en amont sur les opérations de transfert. Que se passe-t-il depuis l'été 2011 ? Aussi bien sur les flux financiers (salaires, achat de joueurs) que sur le cadre juridique, on ne peut pas dire qu'on n'est pas au courant. On est dedans ! Paradoxalement, même si ce n'est pas agréable en termes d'image, ça valide nos choix et ça m'arrange", assurait le président de l'OM, à l'époque.
La provence
Sinon ca vient de tomber GAV prolongé pour Diouf , fournier et Labrune ce matin

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Un magistrat, saisi depuis le 4 mai 2011 d'une information judiciaire pour "blanchiment, abus de biens sociaux, association de malfaiteurs, extorsion de fonds en bande organisée et recel" s'intéresse au rôle éventuel qu'auraient pu jouer ces dirigeants
La justice se répète parfois. À moins qu'elle ne bégaie ? Dans l'affaire Bettencourt à Bordeaux, quand le juge Jean-Michel Gentil avait convoqué, en novembre 2012, l'ex-chef de l'État Nicolas Sarkozy pour l'entendre, le procureur local avait déploré de ne pas avoir été alerté de cette audition fort médiatique. Quelques heures plus tard, le magistrat du parquet avait lancé au juge d'instruction, sur le mode agacé : "C'est la dernière fois que vous me faites le coup !"
Le même scénario s'est répété hier à Marseille. Le procureur de la République de Marseille Brice Robin a regretté que le juge Christophe Perruaux ne l'informe pas, "au moins par courtoisie", de la série de gardes à vue qui se dessinaient sous le ciel phocéen. Ainsi va la justice. Elle aime à cultiver le secret. Et l'on sait que le juge Perruaux goûte peu les "fuites".
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Il a donc agi dans la plus grande discrétion hier, en faisant placer en garde à vue l'actuel président de l'OM Vincent Labrune, mais aussi ses deux prédécesseurs Jean-Claude Dassier (2009-2011) et Pape Diouf (2005-2009), ainsi que l'actuel directeur général du club Philippe Perez. Le magistrat, saisi depuis le 4 mai 2011 d'une information judiciaire pour "blanchiment, abus de biens sociaux, association de malfaiteurs, extorsion de fonds en bande organisée et recel" s'intéresse au rôle éventuel qu'auraient pu jouer des instances dirigeantes de l'OM.
Trois transferts dans le collimateur
Au tout début, ce dossier n'est pourtant qu'une incidence de l'enquête sur l'assassinat à Calenzana (Haute Corse) de Jacques Buttafoghi, proche du "clan Federici", le 19 novembre 2009. La mise en place d'écoutes téléphoniques va orienter les enquêteurs sur la piste de nouvelles infractions présumées, aux allures de malversations financières dans le monde du foot, avec des agents de joueurs qui n'en seraient pas tout à fait, des noms du banditisme local qui sont évoqués, d'éventuelles pressions sur des joueurs et des commissions occultes. Trois transferts de joueurs, celui de Samir Nasri de l'OM à Arsenal en 2008, celui de Souleymane Diawara de Bordeaux à l'OM en 2009 et celui d'André-Pierre Gignac de Toulouse à l'OM à l'été 2010 sont dans le collimateur.
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Les écoutes téléphoniques font état de "manèges" divers et variés pour essayer de "s'approprier" tel ou tel joueur afin d'en tirer profit lors de ces transactions. Chacun sait que l'OM attire depuis longtemps convoitises et esprits malins. Les noms de quelques personnages influents du "milieu" sont cités. Une rencontre est même organisée manu militari dans un fast-food de la Valentine entre un entraîneur et une figure présumée du banditisme qui croit bon d'exiger séance tenante des explications. Du coup, le soupçon a gagné le quatrième étage du palais de justice et les deux juges initialement désignés Thierry Azéma et Christophe Perruaux se mettent à la tâche.
Des dirigeants de l'OM ont pu savoir
Aujourd'hui, le juge Azéma a changé d'affectation. Il a été nommé à la Cour de cassation. Le juge Perruaux, seul aux commandes, a donc décidé hier de passer à la vitesse supérieure. Il semble que l'évolution du dossier lui laisse penser que des dirigeants de l'OM ont pu savoir ou "habiller" discrètement ces transferts. De l'argent a-t-il indûment quitté les caisses du club ? Et pour aller dans les poches de qui ? "Ce n'est que le premier étage de la fusée", confiait hier soir une de nos sources, en évoquant la prochaine vague d'auditions qui pourrait cette fois cibler des agents de joueurs, ceux qui avaient qualité pour intervenir, mais aussi des faux, ceux qui ont pu "se servir" au passage dans cet univers peu balisé.
C'est ce que peut laisser penser une écoute sibylline qui évoque un paiement de 6 millions d'euros lors du transfert de Samir Nasri. Déjà, la première phase de l'enquête évoquait le rôle obscur d'un intermédiaire rémunéré, qui exerçait deux professions : "celle de gérant de boîte de nuit et celle, officieuse, d'agent de joueurs". Les prochaines heures seront décisives.
L'autre dossier qui est resté secret
Depuis deux ans maintenant, le juge Christophe Perruaux est saisi d'une incidente du premier dossier. Il s'agit d'une information judiciaire ouverte pour "violation du secret de l'enquête, violation du secret de l'instruction et recel" à la suite d'une plainte de José Anigo, l'ex-directeur sportif de l'OM.
Le juge a exigé de ses supérieurs hiérarchiques de pouvoir récupérer aussi la maîtrise de ces investigations, au prétexte que les deux dossiers seraient liés, ce qui se fait peu habituellement.
Depuis le début, en effet, le magistrat marseillais est persuadé que des "fuites" ont eu lieu au départ de l'hôtel de police de Marseille, et notamment depuis la Division économique et financière de la PJ. Une "taupe" renseignerait-elle les journalistes ? Le magistrat a même, pour le savoir, fait perquisitionner, le 22 octobre 2013, les locaux de la police judiciaire, ce qui a été diversement apprécié par les pensionnaires habituels de la grande Maison Police. Une clé USB un rien baladeuse aurait été retrouvée, selon nos informations, où elle n'aurait pas dû être.
Un ancien journaliste devenu agent de joueurs a été dûment interrogé sur le sujet.
L'ex-directeur de cabinet du préfet de région Christophe Merlin a même été entendu à Paris dans le cadre de cette procédure. Il a ensuite quitté discrètement ses fonctions. La préfecture a fait l'objet d'une visite des enquêteurs le 3 juillet 2013. Et en septembre dernier, ce sont deux journalistes qui ont été entendus à leur tour par la PJ de Nanterre dans le cadre de cette enquête, l'un comme témoin, l'autre sous le régime de la garde à vue. Ils ont été interrogés sur les écoutes troublantes qui font partie du dossier. Mais ce que veut savoir avant toute chose le juge, c'est si un policier est sorti de son rôle.
Le 3 juillet 2012, c'est La Provence qui, la première, avait révélé l'ouverture par l'ancien procureur de la République de Marseille Jacques Dallest de l'enquête principale, aujourd'hui plus brûlante que jamais.
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